Publié le 25 Apr 2014 - 12:08
PAIX ET STABILITÉ INTÉRIEURES

Les capacités de nuisance soupesées à Benno Bokk Yaakaar

 

Malgré un pouvoir perdu en 2012, un parti affaibli par des départs et des renoncements, Abdoulaye Wade reste un élément incontrôlable et déroutant, surtout avec un fils en prison pour délit présumé d'enrichissement illicite et corruption. 

 

Sauf nouveau report, l'ex-président de la République, Abdoulaye Wade sera aujourd'hui à Dakar cet après-midi, après le faux rendez-vous de mercredi dernier. Un retour au bercail diversement apprécié dans les sphères de la mouvance présidentielle où l'on semble se  préparer à tous les scénarios. 

Selon le porte-parole du Parti de l'indépendance et du travail (PIT), «même si Abdoulaye Wade ne constitue pas un obstacle pour Macky Sall, il ne faut pas négliger la donne (politique) qu'il représente'' dans notre pays. À en croire Samba Sy, ''il ne faut pas perdre de vue que son parti, le Pds, a engrangé beaucoup de moyens durant les douze ans de règne du régime de l'alternance''. 
 
«Wade s'est affaibli, le Pds s'est disloqué»
 
Mais pour Mamadou Ndoye, secrétaire général de la Ligue démocratique (LD), en tant que «parti politique rejeté par les Sénégalais», le Pds n'a plus aucune capacité de nuisance pour le régime et la mouvance présidentielle. C'est un parti qui «s'est beaucoup affaibli, d'abord en tant que parti qui n'a plus le pouvoir et donc qui n'a plus les capacités de rémunérer une clientèle politique. En outre, il s'est un peu disloqué en ce sens que des partis tels Bokk Gis Gis, Elan, Rewmi, et les mouvements créés par Abdou Fall et Aliou Sow sont nés sur ses flancs», analyse le leader de la Ld. 
 
Au Parti socialiste, c'est un son de cloche différent qui est en vigueur. «Abdoulaye Wade est plus dangereux qu'il ne l'a jamais été dans le passé», indique Abdoulaye Wilane, le chargé de communication du Ps. «Même si c'est un démagogue populiste qui sait envoûter plus d'un, dans un pays où le fanatisme politique et/ou religieux est une réalité, nous avons affaire à un (homme) qui a déstructuré le pays et déréglé le système des valeurs», ajoute le maire de Kaffrine. 
 
«Je ne crois pas que Wade dispose toujours des mêmes capacités de nuisance et de mobilisation qu'il avait auparavant en ce sens que c'est facile de semer la confusion et de mobiliser quand on a de l'argent'', tempère Madièye Mbodj, porte-parole de Yoonu askan wi (YAW). En outre, renchérit Mamadou Ndoye, «si on s'en tient à la lutte politique démocratique avec l'utilisation de tous les moyens que donne la démocratie y compris les manifestations, on n'a pas de raison de craindre quoi que ce soit du Pds».
 
«Wade est capable de financer une guerre»
 
Attention, semble avertir le responsable du Parti socialiste. «Abdoulaye Wade a été au pouvoir et il a eu la possibilité, avec certains de ses collaborateurs, de pénétrer le système pour en connaître les limites, les failles et les réalités internes'', insiste Wilane qui soulève un autre paramètre, extérieur celui-là. «Au plan diplomatique, (Wade a pu développer) des relations intéressantes avec certains régimes qui ne sont pas forcément des régimes dirigés par des hommes ou des femmes vertueux», dit-il.
 
Abdoulaye Wade sait «ce qu'aucun autre Sénégalais, à part les chefs d'État ou leurs collaborateurs intimes, peut savoir de ce que peut l'État et de ce que ne peut pas l'État.» Autant d'éléments qui peuvent lui donner «(...) l'occasion aujourd'hui de pouvoir faire des coups tordus sans en avoir l'air. C'est pourquoi il est potentiellement dangereux et déroutant». 
 
Le retour de Me Wade est-il en mesure de troubler la paix publique ? «Le Sénégal ne peut envisager sa quiétude, sa paix intérieure et sa survie démocratique et républicaine qu'en tenant compte de ce qui peut se passer au niveau de nos frontières avec le Mali, la Mauritanie, sans oublier, au-delà du conflit casamançais et de la fragilité de la situation en Guinée Bissau, la réalité qui couve en Gambie», explique Abdoulaye Wilane.
 
«Wade et sa camarilla, au-delà de leurs capacités d'agitation (…) et de mobilisation sur la base d'espèces sonnantes, sont en mesure non pas de financer simplement une campagne électorale, un coup d'État ou une rébellion, mais une guerre», lâche, martial, le porte-parole du Parti socialiste. 
 
ASSANE MBAYE

 

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