Publié le 9 Sep 2016 - 10:41

Portrait-robot de ‘’l’homme du 25 mars 2012’’ 

 

Traumatisés par une fin de règne calamiteuse du président Abdoulaye Wade, pris entre deux feux constitués par une contestation populaire interne et par une conspiration internationale, les Sénégalais étaient résolus et déterminés à renvoyer dans l’opposition le premier régime libéral post-parti socialiste. Peu importe celui qui devrait lui succéder. Plébiscité à hauteur de 65% des suffrages des électeurs au soir du 25 mars 2012, Macky Sall cristallisait alors un faisceau d’espoirs qui n’avait d’égale que l’ampleur des attentes de lendemains meilleurs.

Mais, une fois l’euphorie de la victoire retombée aussi vite qu’elle était montée, le rideau de fumée s’effaçait pour laisser la place à la dure réalité. Et les Sénégalais de découvrir, au grand jour et sous sa véritable identité, l’homme qui les avait tant fait rêver et qui leur avait promis monts et merveilles pendant la campagne électorale. Les Sénégalais, connaissaient-ils réellement cet homme au point de lui confier les destinées du pays pour les cinq années auxquelles il s’était engagé urbi et orbi en lieu et place des sept années constitutionnelles ? Rien n’est moins sûr. L’auraient-ils mieux connu auparavant que les Sénégalais n’auraient jamais porté leur choix sur Macky Sall au regard des espoirs déçus et des constats amers faits aujourd’hui. L’on pensait qu’avec Macky Sall ce serait mieux qu’Abdoulaye Wade, le résultat est catastrophique. Du « Tout sauf Wade » on est passé au « Pire que Wade ».

De Charybde à Scylla

 Les Sénégalais sont passés de Charybde à Scylla. De fait, le président Macky Sall colporte des traits de la personnalité qui ne s’accommodent pas du statut et de la stature d’un homme d’Etat et président de la république de surcroît. Manifestement, le chef de l’Etat se doit d’incarner des valeurs et postures qui font de lui une référence et un modèle voire un guide respecté qui doit toutes ces marques de distinction à son mérite personnel.

Or, le président Macky Sall fait apparemment tout pour s’aliéner la sympathie populaire à cause des actes malheureux qu’il pose tous les jours et qui le réduisent au rang de simple « président par défaut » ou, tout simplement, d’«accident de l’histoire ». Dresser un portrait-robot, a posteriori, de « l’homme du 25 mars 2O12 » nous permet de nous faire une idée plus exacte de celui qui nous gouverne aujourd’hui d’une main de fer dans un gant de velours et qui a toujours caché son petit jeu de peur d’être dévisagé au grand jour et appréhendé comme il est réellement.

Déjà, voilà un président dont la parole ne vaut pas un kopeck. Aussi, l’histoire récente du Sénégal est-elle riche d’exemples de promesses faites ou d’engagements pris par Macky Sall mais qui n’ont jamais été suivis d’effets. En campagne électorale pour la présidentielle de 2012, le candidat Macky Sall s’était engagé, une fois élu, de former un gouvernement de 25 membres tout au plus.

Autant en a emporté le vent. En effet, on s’est retrouvé peu après avec un attelage gouvernemental pléthorique composé d’intermittents du spectacle qui brillent par leur incompétence notoire, comme le président Macky Sall l’avait du reste signifié un jour à Mimi Touré alors premier ministre et chef du gouvernement. La promesse du candidat Macky Sall de créer au moins 500 000 emplois par an est sans commune mesure avec le chômage endémique des jeunes, les pertes d’emplois à une échelle industrielle et le niveau de précarité du travail rémunéré actuellement au Sénégal. Son « Je ne protégerai personne » a été mis à nu par les suites réservées au rapport 2015 de l’OFNAC qui a épinglé des proches du régime comme les DG du COUD Cheikh Oumar Hanne ou celui de la POSTE Papa Ciré Dia.

Tous les deux loubards, et d’autres encore, sous l’aile protectrice du président Macky Sall, continuent de se la couler douce. De même, le directeur des transports routiers de Louga, El Hadji Seck Ndiaye Wade, coffré pour des faits de corruption, a été extrait de sa cellule pour être bombardé PCA du Fonds d’entretien routier autonome (FERA). Par contre, la présidente de l’OFNAC, Nafi Ngom Keïta, est limogée sans ménagement. Les syndicats de l’enseignement ou de la santé sont en perpétuel conflit avec le gouvernement du Sénégal qui a du mal à respecter les accords librement signés avec ces derniers. C’est à croire que le président Macky Sall a inoculé à ses collaborateurs le virus de l’irrespect des engagements souscrits avec ses vis-à-vis.

‘’Avis-décision’’  du Conseil Constitutionnel

Mais, rien d’étonnant dans tout cela si l’on sait que le président Macky Sall a eu à avouer auparavant qu’il avait mis le coude sur des dossiers compromettants, et en avoir remis d’autres à la justice. Tout le monde sait, pour s’en désoler, ce qu’il en est advenu de l’engagement du candidat puis du président Macky Sall à réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans et de se l’appliquer à lui-même. L’alibi « avis-décision » du Conseil Constitutionnel est passé par là pour accorder un sursis de deux ans à un Macky Sall qui allait au-devant d’une déconvenue à l’élection présidentielle de 2017, eu égard à un bilan pas terrible.

Par ailleurs, que sont devenus aujourd’hui les slogans creux et vaseux dont le régime de Macky Sall se gargarise à longueur de journée ? Après nous avoir beaucoup rebattus les oreilles avec un discours pompeux sur « la rupture » et la lutte contre la gabegie, le président Macky Sall a augmenté de façon exponentielle le train de vie de l’Etat. Coup sur coup, des institutions aussi inutiles que budgétivores ont été créées de toutes pièces, la plupart taillées sur mesure pour caser une clientèle politique non-encore servie avec le gâteau du pouvoir : le Conseil économique, social et environnemental, la Commission nationale du dialogue des territoires et, plus récemment, le Haut-Conseil des collectivités territoriales.

De l’autre côté, rien n’est fait pour dégraisser le mammouth qu’est la présidence de la république, balèze des agences qui lui sont rattachées et de son personnel politique pléthorique composé pour l’essentiel de ministres d’Etat, ministres-conseillers, conseillers spéciaux, conseillers techniques, chargés de missions, etc. C’est même ridicule de parler de « rupture » quand les pratiques décriées dans les régimes précédents sont plus que jamais d’actualité ou se trouvent amplifiées. Le slogan dit de « la gouvernance sobre et vertueuse » est mis à mal tous les jours, mais a été surtout chahuté à l’occasion du 5ème anniversaire de l’APR lorsque le député Moustapha Cissé Lô a eu l’indécence, l’impudeur et la désinvolture de jeter par terre des billets de banque devant et sous les yeux du président Macky Sall himself. De même, on voit à quel point la primauté de parti au pouvoir, l’APR, est prégnante aujourd’hui, ce qui relègue le slogan de « la patrie avant le parti » au rang de simple vanité.

Sans doute rendu groggy par la pluie de pierres qui s’est abattue sur lui à l'occasion de sa lapidation le 31 juillet 2015 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le président Macky Sall avait annoncé dans la foulée la tenue du procès sur le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye pour le mois d’octobre de la même année. On connaît la suite. Que dire aussi de la déclaration du président Macky Sall selon laquelle « La CREI c’est pour eux, l’OFNAC c’est pour nous » ? C’est maintenant un secret de Polichinelle que la CREI n’a été réactivée que pour se payer Karim Wade.

Quant à l’OFNAC, dès lors que son ex-présidente a eu l’outrecuidance de fouiner le nez là où il ne fallait pas le faire et d’enquiquiner le tout-puissant Aliou Sall, frangin du chef de l’Etat, la bonne dame venait de signer arrêt de mort. Le président Macky Sall l’a alors envoyée promener sans autre forme de procès. Résultat des courses, les pontes du régime actuel qui étaient dans la ligne de mire de l’OFNAC s’en sont tirées à bons comptes. Acharnement contre les dignitaires de l’ancien régime versus impunité pour ceux du régime en place, voilà la situation qui se présente aujourd’hui aux Sénégalais. Et va pour un Sénégal émergent. Maintenant, l’on ne peut manquer de frissonner pour notre bien-aimé président de la république car, en prenant aussi à la légère ses engagements, Macky Sall semble faire fi du Saint Coran qui dispose: « Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements ». S 17. V 34

Le lion qui dort

En dehors des problèmes qu’il a avec sa parole donnée, le président Macky Sall étonne et détonne pour son discours et ses allures de démocrate mais démentis par les faits. Seulement, cela n’est point étonnant si l’on sait qu’en 2002 à Fatick, Macky Sall avait cassé une urne, rudoyé un représentant de parti dans le bureau de vote et voté par la force sans présenter sa pièce d’identité, malgré le refus du représentant de la CENA. Bis-repetita en 2007, quand le même Macky Sall a osé faire sortir des observateurs d’élection pour faire voter ses partisans au-delà de l’heure légale, jusqu’à figurer dans un rapport de l’Observatoire National des Elections (ONEL).

Sur l’homme tout court, Macky Sall, l’on a pu déceler en lui des postures qui jurent avec les valeurs de reconnaissance et de gratitude, très fortes dans la société sénégalaise. Quand Macky Sall adoube Abdou Diouf, ancien président de la république, pour humilier Abdoulaye Wade, cela dépasse l’entendement humain. En effet, en dehors du Bon Dieu et de ses parents, Macky Sall est redevable de tout ce qu’il a eu dans sa vie à Me Abdoulaye Wade. Que maintenant des contingences politiques poussent Macky Sall à idéaliser un Abdou Diouf qui a fait vivre le martyre à son ex-mentor Abdoulaye Wade en le jetant souventes fois en prison, après l’avoir traité de tous les noms d’oiseaux comme « brigand » ou « bandit de grand chemin », cela a un nom (…).

Pourtant, l’une des dernières volontés de la mère de Macky Sall, sur son lit de mort a été de demander à son fils de bien prendre soin de son bienfaiteur d’Abdoulaye Wade. Ce même manque de reconnaissance peut être évoqué pour caractériser l’attitude de Macky Sall a l’endroit d’une Aïda Ndiongue qui a eu la générosité d’offrir son premier véhicule à celui qui deviendra le quatrième président de la république du Sénégal, mais qui, aujourd’hui, après l’avoir jetée en prison et avant de l’y faire retourner sous peu, a dépouillé « la lionne du Walo» de tous ses biens.

Pourtant lui, « le lion qui dort », ne payait pas de mine en l’an 2000 quand il était encore un modeste locataire à Derklé, avant de s’asseoir sur une fortune estimée au bas mot à 8 milliards de francs CFA, compte non tenu de son impressionnant patrimoine immobilier, son parc automobile, etc. Cette fulgurante métamorphose est d’autant plus étonnante que, pauvre comme un rat d’église en 2000, Macky Sall se retrouve riche comme Crésus au bout de 8 années seulement dans les plus hautes sphères du pouvoir. Il y a comme anguille sous roche dans la mesure où le bonhomme est issu d’un milieu très modeste et n’a pas hérité d’une fortune. Il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Il n’a pas joué et gagné au loto en décrochant le jackpot, cette cagnotte très balèze qui peut peser des milliards et qui peut changer instantanément le destin et le cours d’une vie. Il n’a pas non plus les dons d’un magicien-multiplicateur de billets de banque.

Opportuniste à souhait, le candidat Macky Sall a signé, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2012, la Charte de la gouvernance démocratique des « Assises nationales » par pur opportunisme et dans le seul dessein d’aspirer les voix des « Assisards ». Une fois confortablement assis sur son trône, il les a snobés royalement en prétextant qu’il a signé le document en question avec des réserves (…)

Quel dommage que le grand peuple sénégalais ait le malheur d’être dirigé par un chef d’Etat qui se prend pour un lutteur qui nous bassine avec son « bakk » de « O fagning fagne fagne ta wathiathia ».  (…)

Haro sur un chef d’Etat qui ruse tout le temps et joue de malice avec l’opposition de son pays, pour le prendre par surprise comme cela a été le cas lors du référendum du 20 mars 2016. Alors qu’il avait déjà bien calé la date de cette consultation populaire dans son agenda personnel et instruit dans le secret le plus total ses plus proches collaborateurs de se préparer à ce rendez-vous, le président Macky Sall a fait diversion dans le camp du NON pour une plus grande efficacité de l’effet surprise (…)

Pape SAMB

Ndlr: Certaines parties du texte ont été coupées

 

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