Publié le 22 Nov 2022 - 13:28
PROFIL - JACOBUS JAN KOOTSTRA

Un cœur hollandais qui bat pour le Sénégal

 

Passionné de football, Jacobus Jan Kootstra a vécu le match Sénégal – Pays-Bas de manière assez particulière. Hollandais, il est tombé sous le charme du Sénégal depuis les années 80-90. À quelques heures du match, Jan, comme on l’appelle affectueusement à Sendou, ne savait pas pour quelle équipe allait se pencher son cœur.

 

Il fait partie des Hollandais les plus sénégalais. Depuis le tirage au sort de la Coupe du monde Qatar-2022, son cœur ballote sans cesse entre les deux pays. Tantôt il est orange, tantôt vert-jaune-rouge. Quand ‘’EnQuête’’ lui demande de se déterminer, à quelques heures du match, voici la réponse diplomatique de Jan Kootstra : ‘’Ce sera très difficile. Je pense que tout dépendra de la physionomie du match, de deux critères principalement. D’abord, comme je suis amoureux du beau jeu, je pense que je vais supporter l’équipe qui jouera le mieux au football. Ensuite, c’est le comportement des uns et des autres qui va peut-être m’aider à choisir. Il ne faut surtout pas de comportements antisportifs. Pour le reste, que le meilleur gagne. De toute façon, je ne risque pas de perdre.’’

De son vrai nom Jacobus Jan Kootstra, le quinquagénaire est tombé sous le charme du Sénégal, il y a environ 40 ans. Il venait fraichement de débarquer dans le pays qui l’a très vite adopté, lui le Néerlandais qui espérait découvrir l’Afrique noire à travers les pays anglophones. Le hasard a fait qu’il a atterri pour la première fois au Sénégal. Sur place, il découvre la ‘’teranga’’ au véritable sens du terme, selon son propos.

‘’À chaque étape de mon périple au Sénégal, raconte-t-il, j’avais une adresse où je pouvais loger ; je me faisais ainsi pas mal d’amis. C’était vraiment la ‘teranga’. Ce qui a fait qu’à chaque fois, j’avais aussi envie de revenir pour rencontrer à nouveau mes amis. Je pense que c’était vraiment ça la particularité du Sénégal. C’est un pays où l’on rencontre des gens ; c’est cette chaleur humaine qui m’a le plus séduit. Et une autre année, quand je suis allé au Mali, je tombe encore par hasard sur un Sénégalais qui m’a logé. C’était là un signe’’.

Depuis, il se passe rarement une année où M. Kootstra ne vient pas passer ses vacances au Sénégal, où il a construit une maison au bord de la plage, à Sendou. Tout en souhaitant que le match se joue dans un esprit de fair-play, il soutient être presque certain d’avoir plus de chance pour cette Coupe du monde dans laquelle il compte deux équipes, deux nations qui ont des chances de sortir de la phase de poules, analyse le passionné de foot. ‘’Je pense que les deux vont sortir et pourront même se rencontrer à nouveau en finale. C’est mon vœu le plus cher en tout cas. J’espère de tout cœur qu’il va se matérialiser’’, confie-t-il non sans rappeler les mises en garde de quelques amis sénégalais. ‘’Je dois venir en vacances au mois de décembre, mais il y a déjà des amis qui m’interdisent de venir, si jamais le Sénégal perd le match. Mais il faudrait bien qu’ils sachent que je ne suis pas responsable. On ne peut me condamner pour un tort que je n’ai pas commis’’, sourit le Rufisquois d’adoption.  

Jusqu’à hier matin, selon lui, ce n’était pas le grand enthousiasme aux Pays-Bas. À l’en croire, c’est surtout de par ses amis sénégalais qu’il ressent l’évènement. Il explique : ‘’D’abord, nous sommes en hiver. Ce n’est pas très propice. D’habitude, les Coupes du monde se tiennent pendant l’été. Tout le monde est dehors et les rues sont toutes aux couleurs de l’équipe nationale. Là, on ne le sent vraiment pas. De plus, il y a toutes ces violations des Droits de l’homme qui ont accompagné la construction des infrastructures. On parle quand même de milliers de morts… Voilà entre autres raisons qui font que cette Coupe du monde a un goût amer. Même les cafés, il y en a beaucoup qui ont préféré ne pas mettre les matches de la Coupe du monde. Les gens n’ont pas le cœur à regarder un évènement qui a coûté la vie à autant d’êtres humains.’’

MOR AMAR

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