Publié le 18 Sep 2021 - 00:28
RENOUVELLEMENT CONTRAT ALIOU CISSE

Les dessous du retard 

 

Il n’est plus ‘’l’étudiant’’ à la quête du premier emploi. Après plus de cinq ans à la tête de l’équipe nationale de football, des résultats plus que satisfaisants, Aliou Cissé exigerait plus de respect et de considération. Si, pour la durée de son futur contrat, il ne semble pas y avoir d’obstacles majeurs malgré l’entêtement de ses pourfendeurs qui auraient voulu fixer le terme à la fin de la prochaine Can, certaines conditions comme le traitement salarial risquent de retarder encore sa finalisation.

 

Un véritable paradoxe. Malgré des résultats plus que satisfaisants à la tête de l’équipe nationale, Aliou Cissé se trouve dans une situation pour le moins gênante. Son contrat, arrivé à terme, comme l’annonçait dernièrement le journal ‘’Record’’, n’est toujours pas renouvelé de manière expresse. Pour certains, c’est le summum de l’incompétence et de l’amateurisme. Pour d’autres, la Fédération sénégalaise de football, plus préoccupée dernièrement par ses renouvellements, aurait juste été surprise par l’expiration dudit contrat.

Au-delà de ces considérations, se cache un véritable malaise au sein de l’instance fédérale où Aliou Cissé est loin de ne compter que des amis. Selon certaines sources, sa présence à la tête de l’équipe nationale est loin de plaire à certains dirigeants et personnes influentes du football sénégalais. Lesquels n’attendraient que le moment opportun pour sévir.

‘’Malgré tout ce qu’il a fait depuis qu’il est à la tête de cette équipe, Cissé est éternellement en sursis. Ses adversaires n’attendent qu’un faux-pas pour lui porter le coup de grâce. Ils auraient souhaité que le nouveau bail soit fixé à la prochaine Can. Mais d’autres veulent garder Cissé pour deux ans’’, soutiennent nos interlocuteurs.

Mais pourquoi Aliou Cissé dérange certains dirigeants et personnes influentes du football ? Selon certaines informations, c’est parce qu’il a mis un terme à beaucoup de passe-droits au sein de la Tanière. Ainsi, des présidents de clubs locaux, particulièrement les académiciens, les agents de joueurs, en passant par certains politiques et dirigeants sportifs, ils sont nombreux à lui en vouloir. ‘’Pour les présidents de club, vous les entendez, directement ou indirectement, réclamer la sélection des locaux. Ce qui les intéresse, c’est moins l’intérêt de notre football local que la valeur marchande de leurs joueurs. Puisque personne ne s’intéresse au championnat local, l’équipe nationale constitue la principale vitrine pour vendre. Il en est de même de certains agents qui sont intéressés par la convocation de leurs joueurs, afin d’augmenter leur valeur marchande’’.

A côté des adversaires, Aliou compte quelques soutiens qui souhaitent lui prolonger son bail. Mieux que les six mois annoncés dans la presse, ils lui auraient même proposé un nouveau bail de deux ans. Mais après avoir accepté un salaire modéré, ne dépassant guère les 15 millions F CFA depuis qu’il est sur le banc de l’équipe nationale, l’ancien capitaine des Lions serait tenté de demander un salaire digne des grands coaches du continent.

‘’Jusque-là, il a fait montre de patriotisme. Essayez un peu de comparer son salaire avec ceux des autres sélectionneurs comme Belmadi, Gernot Rohr ou même ses homologues de la sous-région comme les coaches de la Côte d’Ivoire et de la Mauritanie… Pour moi, il est temps de le mettre dans de meilleures conditions, car il n’a plus rien à prouver’’, plaide un des proches du sélectionneur.

Lors de la dernière Can en Egypte, le magazine ‘’Jeune Afrique’’ publiait le classement des entraineurs selon leurs salaires. Et Cissé, futur finaliste de la compétition, était à la 16e place avec un salaire qui tourne autour des 15 millions de F CFA, soit 23 000 euros, similaire à l’époque avec celui de Corentin Martins de la Mauritanie, qui venait de participer pour la première fois à la Coupe d’Afrique des nations, juste derrière Michel Dussuyer du Bénin (24 000 euros), Valdo Filho du Congo, Paolo Duarte du Burkina Faso, Florent Ibenge de la RDC, tous 25 000 euros. Nettement en dessous de Paul Put de la Guinée et Patrice Neveu du Gabon (30 000 euros), Claude Le Roy du Togo 38 000 euros, entre autres. Son adversaire en finale, lui, Belmadi de l’Algérie, était à la 5e place et percevait 55 000 euros. Un salaire revalorisé dernièrement avec un contrat qui court jusqu’au Mondial-2022.

La particularité de Cissé, c’était de figurer dans un tableau où il n’y avait quasiment que des ‘’sorciers étrangers’’. Même s’il les bat à toutes les épreuves depuis des années, le Sénégal trônant à la tête du classement africain, le patron de l’équipe nationale a du mal à convaincre certains dirigeants. Et cette fois, confient nos sources, il faudra partir sur de nouvelles bases. ‘’Il espère que les gens vont revaloriser son traitement’’.

Alors que l’opinion ne semble se soucier que du sort du sélectionneur national, des voix s’élèvent également pour dénoncer le salaire modique du préparateur des gardiens, qui percevrait juste 2,5 millions, soit entre 3 et 4 000 euros. Son poulain, Edouard Mendy, lui, gagne plus de 350 000 euros avec les Blues de Chelsea.

Par ailleurs, il convient de souligner, d’après des spécialistes du sport, qu’en poursuivant l’exécution du contrat au-delà de son terme (fin août), les parties ont opté pour un renouvellement tacite. Même si les négociations se poursuivent en ce qui concerne les différentes clauses. 

MOR AMAR

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