Publié le 23 Sep 2019 - 20:54
REPONSE D’IBA DER THIAM SUR L’HGS

‘’Notre travail n’est pas parfait, seul Dieu sait tout…’’ravail n’est pas parfait, seul Dieu sait tout…’’

 

Le professeur Iba Der Thiam brise le silence, après la vague de critiques et de polémiques suscitées par l’’’Histoire générale du Sénégal’’. L’historien reconnaît que leur ‘’travail n’est pas parfait’’, mais juge certaines critiques non fondées. Le coordonnateur de l’’’Histoire générale du Sénégal’’ a également apporté des éclairages sur les récriminations de Touba.

 

La publication des 5 volumes de l’’’Histoire générale du Sénégal : Des origines à nos jours’’, a suscité beaucoup de polémiques. Plusieurs familles religieuses ont élevé la voix pour dénoncer des erreurs concernant leurs aïeux. Si, jusque-là, le comité a réagi à travers des communiqués, hier, son coordonnateur, le Pr. Iba Der Thiam a brisé le silence. A travers l’émission ‘’Jury du dimanche’’ de iRadio, l’historien accueille les critiques positivement, du moins celles qu’il juge fondées.

‘’Notre travail n’est pas parfait. Je ne suis pas moi-même quelqu’un qui est imbu de la science. Dieu Seul sait tout. Il y a des choses que je sais, d’autres que j’ignore’’, a-t-il déclaré.

Comme pour faire preuve de bonne foi, le Pr. Thiam renseigne qu’ils ont fait appel à toutes les contributions dans la collecte. Seulement, confie-t-il, ‘’l’histoire, c’est, par définition, la discipline de la controverse dans tous les domaines’’ et que ‘’ce n’est pas la première fois qu’il y a une polémique sur une histoire quelconque’’.

Face à cette controverse grandissante, le coordonnateur de l’Hgs n’écarte pas des rectifications, si ces familles apportent les preuves de leurs allégations. ‘’Nous allons recueillir tout ce qui a été fait comme critiques justes et fondées’’, rassure-t-il. Il reconnaît certes que la critique est positive, mais juge que certaines d’entre elles ‘’procèdent de malentendus dans l’interprétation des termes, du fait que le français n’est pas notre langue maternelle’’. Un argument qui fait qu’il n’adhère pas à l’idée de l’abandon du projet ‘’au nom de la stabilité du Sénégal’’, comme certains l’ont émis. ‘’Dès lors que nous avons dit que nous sommes disposés, là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un consensus, ce projet doit se poursuivre parce qu’il intéresse le Sénégal. Il comble un vide pour notre pays qui a été l’objet d’un processus de domination coloniale, d’exploitation économique et d’aliénation culturelle’’, justifie le lointain ancien ministre de l’Education nationale. Selon qui, ‘’à terme, la version simplifiée sera enseignée à l’école’’.

Réponse à Touba

Par ailleurs, lors de l’émission, le Pr. Iba Der Thiam s’est défendu des critiques formulées par Touba. En fait, à l’image des autres familles religieuses comme les niassènes et les layènes, la communauté mouride a fortement contesté certains passages de l’ouvrage. D’ailleurs, vendredi dernier, le porte-parole du khalife, Serigne Bass Abdou Khadre, a demandé que les passages concernant Serigne Touba, fondateur du mouridisme, soient revus.

Le Pr. Thiam a tenu à écarter toute intention malveillante, en revenant même sur la démarche adoptée durant la collecte sur le fondateur du mouridisme. ‘’Dieu sait que je me suis déplacé jusqu’à Touba pour aller les informer de notre volonté de travailler sur la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Nous avons, dans le travail que nous avons fait, consacré des pages à Mame Mor Anta Sally, qui sont des pages de gloire, de succès, de sainteté, de responsabilité, ne serait-ce que parce qu’il a été le père d’une des figures les plus marquantes de notre histoire et parce qu’il a joué un rôle important’’, explique l’historien. Avant d’ajouter, à leur corps défendant : ‘’Même quand nous parlons des périodes pendant lesquelles il a été placé sous les ordres d’un certain nombre d’autorités temporelles, nous le disons avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne.’’

Aussi, le professeur d’histoire reprécise-t-il leurs écrits en expliquant : ‘’Nous avons tout simplement dit que le fait qu’il s’occupait quotidiennement des problèmes de la communauté et qu’il soit obligé d’avoir son centre d’enseignement, le plaçait dans une situation où il ne pouvait pas passer tout son temps à l’enseignement.’’ Et c’est pour laisser entendre que l’ouvrage n’a pas écrit que le père de Serigne Touba n’avait pas le temps d’enseigner. ‘’Cela ne veut pas dire qu’on dit qu’il n’avait pas le temps d’enseigner. C’est juste pour montrer le contexte dans lequel les gens évoluaient. Ce n’est pas un jugement de valeur’’, corrige-t-il.

Et de conclure :’’Il nous a laissé un legs, un fils dont la dignité, la sainteté, le courage, le sacrifice que moi-même j’ai présenté comme celui qui a le plus souffert, plus que Nelson Mandela, de la domination coloniale. Il a fait 32 ans de vie sans liberté.’’

FATOU SY

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