Oumar Guèye implique les partis et coalitions politiques

Le gouvernement a repris, hier, les sessions d’informations face à la presse. Devant les journalistes, le ministre des Pêches et de l’Economie maritimes, de même que son collègue de l’Agriculture et de l’Equipement rural ont accompagné le ministre porte-parole du gouvernement pour évoquer les questions d’actualité.
La campagne de collecte de l’arachide de cette année est mieux partie que l’année dernière. C’est la conviction du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural. Moussa Baldé se fonde sur des chiffres. Après 41 jours de campagne agricole, la collecte totale est déjà à 112 794 tonnes, contre 74 835 en début janvier 2020. Le ministre l’a fait savoir hier, lors de la reprise des sessions de communication dénommée ‘’Gouvernement face à la presse’’, après une pause de quelques mois due à la pandémie. Aux côtés de ses collègues Alioune Ndoye, Ministre des Pêches et de l’Economie maritime, et du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du territoire Oumar Guèye, Moussa Baldé a tiré le bilan à mi-parcours de la campagne agricole 2021.
Toujours dans l’expression statistique, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rappelé que cette campagne, à l’instar de celle qui l’a précédée, a été dotée de 60 milliards de francs CFA par le président de la République. Ce qui a permis de subventionner les semences entre 50 et 90 %. ‘’Nous avons mis en place 76 500 tonnes de semences d’arachides, 11 000 tonnes pour le riz, 8 590 tonnes pour le niébé, 3 179 tonnes pour le maïs, 1 795 tonnes pour le sorgho, 700 tonnes pour le sésame, 53 tonnes pour le fonio, 22 tonnes pour la pastèque et 21 200 hectares pour le manioc’’, détaille Moussa Baldé.
Adossés à une pluviométrie ‘’normale’’, les moyens mécaniques mis à disposition des producteurs par le gouvernement ont concerné, à travers le Pracas notamment, la subvention d’au moins 2 000 tracteurs à hauteur de 60 %. ‘’Cela veut dire que l’Etat paie 12 millions sur 20 pour l’achat d’un tracteur. Seuls 8 millions sont supportés par le paysan qui souhaite l’acquérir. De plus, cet argent peut être payé en prenant un prêt à la Banque agricole remboursable sur 5 ans en zone irriguée et en 7 ans en zone pluviale’’, renchérit l’ancien directeur général de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri).
3 535 753 tonnes de céréales attendues
Ces moyens et tant d’autres ont permis de maintenir un niveau de production élevé. En effet, en ce qui concerne les céréales, la production attendue par les autorités est de 3 535 753 tonnes. Cela correspond à un déficit de 3 %, par rapport à l’année dernière qui, selon le ministre, fut une année aux productions exceptionnelles. Tout cela pour dire que les projections sur 2021 devraient dépasser de 25 % les productions réalisées en moyenne de 2016 à 2020. La production de riz est estimée à 1 382 120 tonnes. Concernant les cultures industrielles, le coton se projette sur 22 055 tonnes. La production d’arachide est attendue à 1 677 804 tonnes. Une bonne partie de cette projection a déjà été collectée par les huiliers pour 85 732 tonnes, dont 69 000 pour la Sonacos. Cette dernière société avait un bilan de 67 000 tonnes à la fin de la campagne de commercialisation de l’arachide de l’année dernière. Alors que la campagne est loin de connaître son épilogue, elle a déjà obtenu, selon le ministre, assez de stocks pour voir venir. Concernant les semences, nous en sommes à 25 062 tonnes collectées.
Un autre point évoqué par le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural est la cherté notée du prix de l’engrais. Une situation qu’il résume à la hausse notée dans les cours mondiaux. Car, aujourd’hui, assure Moussa Baldé, ’’aucun opérateur n’est prêt à fournir de l’engrais au Sénégal en dessous de 750 000 F CFA la tonne. Sur le marché international, le prix d’acquisition est déjà supérieur à 500 000 F CFA. C’est la subvention de 50 % qui permet au producteur d’acheter le sac d’urée à 9 000 F CFA durant l’hivernage’’.
La sonacos a déjà collecté plus de tonnes que l’année dernière
Une manière de montrer que l’Etat fait déjà beaucoup pour cet intrant. Et cela n’est visiblement pas assez. Car, ajoute-t-il, ‘’si l’on maintient le montant de cette subvention appliquée aux nouveaux prix, le producteur devra acheter ce sac à 18 000 F CFA. Pour la contre-saison, nous allons augmenter la subvention pour maintenir le prix à 10 000 F CFA au maximum. Cela correspond à plus de 8 milliards d’efforts dans le budget du Sénégal. De plus, nous avons déjà pris les dispositions pour avoir de l’engrais pour la prochaine saison et la contre-saison’’.
ALIOUNE NDOYE FACE A LA PRESSE
Le Pad vers un port de plaisance
Autre pan tout aussi important de l’économie sénégalaise, l’économie maritime a été au menu des questions-réponses entre gouvernement et acteurs de la presse. Le 3 janvier dernier, le président de la République a procédé au lancement des travaux du port de Ndayane, ce qui devrait être le plus gros investissement privé de l’histoire du Sénégal. ‘’Cela était prévu depuis longtemps avec DP World, une fois que 482 500 EVP seront atteints dans l’exploitation du port de Dakar. Cela devait toutefois être construit au Port autonome de Dakar (Pad). Avec Ndayane, le président de la République a voulu voir plus grand, déplacer ces investissements dans un espace plus adapté aux grandes ambitions qui accompagnent ce projet’’, rappelle le ministre des Pêches et de l’Economie maritime Alioune Ndoye.
En effet, la position géographique du port de Dakar, l’encombrement, les externalités négatives sur la ville qui s’est beaucoup développée, ont amené les parties prenantes à un investissement pour un nouveau port.
Le port de Dakar va devenir un port de plaisance
Le site de Ndayane est ainsi un développement du port de Dakar qui abritera la plupart des plateformes portuaires actuelles du Pad. La première phase lancée, 3 000 emplois sont attendus. La construction de la plateforme permettra de monter jusqu’à 25 000. Dans la phase logistique, c’est plus de 100 000 emplois qui sont attendus. Le Pad a signé un accord avec les communes pour y construire un centre de formation aux métiers portuaires et positionner les jeunes Sénégalais sur ces métiers futurs.
La construction du port de Ndayane ouvre de nouvelles perspectives pour le Port autonome de Dakar. Ce dernier va faire évoluer ses activités vers un port de plaisance, un abri de plateformes logistiques pétrolières, etc. D’ici quatre ans, la date d’exécution estimée des travaux du port de Ndayane, cette redéfinition sera finalisée. Comme l’explique Alioune Ndoye, ‘’tout cela entre dans le cadre de la stratégie nationale portuaire du Sénégal qui est déjà en phase d’étude. Cela va prendre en compte les nouvelles orientations du port de Dakar, de ceux de Saint-Louis, Ziguinchor, Kaolack, Sendou, pour définir, à terme, les activités de chacun d’eux’’.
Sur cette dernière localité, se développe déjà le port de Bargny-Sendou. Les travaux de ce port vraquier et minéralier, sur un périmètre de 500 ha, seront bientôt finalisés, en 2022. Il s’agit d’un investissement privé de plus de 166 milliards de francs CFA (288 millions de dollars). D’ailleurs, informe le ministre, par ailleurs Maire de Dakar-Plateau, ‘’tous les travaux maritimes devraient être finis au mois de septembre 2022. Les réalisations sont entre 70 et 80 %. Le terminal des hydrocarbures va être livré le 30 avril prochain’’.
Le terminal des hydrocarbures du port de Bargny-Sendou livré le 30 avril prochain
Ces infrastructures et bien d’autres à construire au Sénégal devront désormais être en adéquation avec le Plan national d’aménagement et de développement du territoire (Pnat). Adossée à une loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire, cette politique d’aménagement a été évoquée par le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du territoire. Oumar Guèye apprend que ‘’toutes les activités économiques et d’investissement du Sénégal sont planifiées à l’horizon 2035. Cela veut dire que les futurs ports, routes, chemins de fer, universités, etc., sont planifiés dans le cadre qui organise le pays en 14 grandes zones d’affectation. Chaque zone a sa spécificité et sa spécialité de manière claire et précise (agriculture, élevage, pêche, urbanisation, etc.)’’.
Revenant sur les retombées attendues du port de Ndayane dont les collectivités territoriales (communes de Yenne, de Popenguine-Ndayane et Diass) concernées commencent déjà à se soucier, le ministre porte-parole du gouvernement a partagé l’idée émise par le maire de Yenne, le professeur Gorgui Ciss : la possibilité de mettre en place une intercommunalité entre ces trois collectivités, pour se partager les revenus entre elles, ‘’sous l’œil bienveillant du gouvernement’’.
RETRAIT DES CARTES D'ÉLECTEUR A KEUR MASSAR Oumar Guèye implique les partis et coalitions politiques Face aux journalistes, le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du territoire a été questionné sur le retrait des cartes d’électeur dans le département de Keur Massar, dans la banlieue de Dakar. Occasion saisie par Oumar Guèye pour appeler les inscrits de cette localité à prendre leurs dispositions pour ne pas le regretter le 23 janvier prochain. Ainsi, insiste l’actuel maire de Sangalkam, ‘’le département de Keur Massar, les communes de Keur Massar-Nord et de Keur Massar-Sud sont de nouvelles créations. Les électeurs de ces collectivités territoriales doivent obligatoirement retirer leur nouvelle carte. Beaucoup de ces derniers pensent encore pouvoir voter avec leur ancienne carte ; ce qui ne sera pas possible’’. Depuis l’érection de cet ancien territoire du département de Pikine en département, la donne a changé pour ses électeurs. Des sorties d’agents du ministère de l’Intérieur ont été notées pour appeler les habitants de ces localités à retirer leur nouvelle carte d’électeur. En effet, le rythme de retrait est encore très faible, à deux semaines de la tenue des Locales 2022. Mais sur cette communication, Oumar Guèye a pointé du doigt les partis politiques et coalitions qui vont briguer les suffrages des électeurs de ces localités. Selon lui, ‘’ils doivent jouer leur partition dans la sensibilisation, pour amener les électeurs à retirer leur carte’’. Après une visite à la Ceda de Keur Massar, une délégation du Cena, conduite par son président Doudou Ndir, a insisté sur la nécessité ‘’d’accélérer le rythme de retrait des cartes, pour favoriser une meilleure participation des électeurs au scrutin du 23 janvier 2022’’. Et a cette fin, la délégation exhorte tous les acteurs impliqués dans le processus à intensifier les moyens de communication et de sensibilisation à l’endroit des électeurs, pour le retrait des cartes d’électeur encore en souffrance dans les différentes commissions de distribution. Le Sénégal rouvre la campagne d’exportation de l’arachide Contrairement à la campagne agricole de l’année dernière, les paysans n’ont pas encore l’embarras de choisir parmi les acheteurs de l’arachide. Cela est principalement dû à l’absence des exportateurs, principalement les Chinois, qui n’ont pas encore pointé le bout du nez cette saison. Cette situation découle d’une concordance de faits que le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a expliqués hier, face aux journalistes, dans l’exercice du gouvernement face à la presse. Selon Moussa Baldé, ‘’l’année dernière, les Chinois avaient commencé à acheter l’arachide avant l’autorisation des exportations, fixée au 10 janvier 2021. Ce fut à leurs risques et périls, car le stockage dans la durée des graines peut entraîner leur détérioration. En 2022, ils attendaient d’avoir une date officielle de démarrage des exportations avant d’acheter. Et à partir d’aujourd’hui (hier, NDLR), on peut exporter l’arachide du Sénégal’’. En 2020, les producteurs sénégalais ont engrangé 216 milliards de francs CFA, grâce à la commercialisation de l’arachide. Les exportateurs ont introduit à elles seules 150 milliards au Sénégal et la taxe sur l’exportation a rapporté 9 milliards à l’Etat. Les faits malheureux pour les paysans sénégalais se poursuivent avec la hausse des prix du transport maritime mondial. Les coûts sur le fret ont doublé et parfois triplé par rapport à l’année dernière, en raison de la pandémie du coronavirus. Reflétée sur les prix d’acquisition, cette hausse rend les produits achetés au Sénégal moins compétitifs pour les exportateurs chinois. Aussi, la Chine a réservé un stock qui fait qu’elle ne s’empresse pas pour acheter. Compte tenu de tous ces facteurs, ‘’le président de la République a instruit le gouvernement de lever la taxe sur l’exportation de l’arachide, pour rendre cette activité plus compétitive et permettre aux producteurs sénégalais de multiplier leurs chances d’écouler leur récolte’’, rapporte le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural. |
Lamine Diouf