Publié le 17 Aug 2012 - 19:32
SIDA

Comment le lait maternel protège les bébés

 

Certains sucres présents dans le lait de mères infectées par le VIH protègent les nouveau-nés d'une contamination par le virus, d'après une récente étude internationale.

 

Ne pas allaiter pour protéger son bébé? Si la question peut paraître incongrue compte tenu des bienfaits reconnus du lait maternel, elle ne l'est pas pour les mères séropositives (infectées par le VIH) pour qui l'allaitement représente un risque de transmettre le virus à leur nouveau-né. Le choix se complique encore dans les pays en voie de développement, où les enfants non allaités sont plus fragiles face aux infections et à la malnutrition. Ce dilemme pourrait bien être en partie résolu par la découverte de chercheurs américains et africains: le lait maternel contient un type particulier de sucres capables de rendre les nourrissons plus résistants contre le virus.

 

Malgré la concentration élevée du VIH dans le lait de femmes infectées, le risque de transmission mère-enfant par l'allaitement reste relativement faible (de 15 à 20% lien). D'où vient alors cet effet protecteur du lait? Pour le savoir, l'équipe du Dr Lars Bode, spécialiste en nutrition pédiatrique à l'université de Californie à San Diego, s'est intéressée aux oligosaccharides du lait humain (le lait de vache en contient très peu), de longues molécules composées de plusieurs sucres attachés les uns aux autres. Troisièmes constituants solides du lait après le lactose et les graisses, ces sucres sont de plus en plus étudiés ces dernières années en raison de leurs effets favorables sur le système immunitaire des nouveau-nés.

 

Un leurre anti-infection

 

Les chercheurs, qui viennent de publier leurs résultats dans la revue American Journal of Clinical Nutrition, ont donc voulu savoir si les oligosaccharides étaient la clé de la protection du lait maternel contre le VIH. À Lusaka, en Zambie, ils ont suivi 200 femmes séropositives et leurs bébés, de leur naissance jusqu'à l'âge de2 ans, en analysant la composition du lait des mamans. Résultat: plus les laits étaient riches en oligosaccharides, plus les bébés allaités étaient protégés contre le virus. Même en l'absence de traitement antirétroviral de la mère ou de l'enfant (qui réduit de moitié le risque de contamination), 10 à 15% des bébés allaités «seulement» ont contracté le virus.

 

Tout se joue en fait au niveau de l'intestin: ces sucres lactés protecteurs ne sont pas digérés et arrivent donc intacts au niveau du colon des nourrissons. Là, ils agissent comme un leurre anti-infection, explique le Dr Bode: le VIH se fixe en effet aux oligosaccharides au lieu de s'attacher aux sucres recouvrant les parois de l'intestin, qui sont l'une des voies d'entrée du virus dans l'organisme. D'ailleurs, cette action de barrière ne concerne pas seulement le virus du sida mais aussi de nombreux autres microbes néfastes pour l'organisme.

 

Les bienfaits des oligosaccharides ne s'arrêtent pas là puisqu'ils agissent également en tant que prébiotiques, c'est-à-dire qu'ils stimulent les bactéries bénéfiques de la flore intestinale (les bifidobactéries), participant ainsi à la maturation de l'intestin des nouveau-nés. Cela s'ajoute à leurs propriétés anti-inflammatoires qui contribuent à réguler la fonction immunitaire, explique le chercheur américain. Ces sucres salutaires pour les bébés ne seraient toutefois pas les seuls responsables de l'effet protecteur du lait maternel contre la transmission du VIH. En mai dernier, d'autres scientifiques avaient identifié des anticorps capables de neutraliser le virus, constituant un autre moyen de défense.

 

Qu'ils s'agissent des sucres ou des anticorps, ces résultats pourraient en tout cas à améliorer la prévention de la transmission mère-enfant du sida, espèrent les chercheurs. Depuis 2010, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux mères séropositives l'allaitement maternel protégé qui consiste à traiter par antirétroviral la mère et l'enfant (quand les médicaments sont disponibles). La baisse mondiale de 24% de la contamination des enfants en 2011 est certes une bonne nouvelle, mais ils étaient encore 230.000 à succomber au sida, dont 91% en Afrique subsaharienne.

 

Le Figaro

 

 

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