Publié le 12 Oct 2019 - 02:01
TERRITORIALISATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

Le chapelet de doléances des élus

 

Sur un air décontracté et taquin, le président de l’Association des maires du Sénégal, Aliou Sall, a porté devant le chef de l’Etat la kyrielle de doléances de ses pairs.

 

‘’Président Taal nga lamp yi, taalal nga talli yi, tabakh nga diouma yi (Vous avez allumé les lampes, construit des routes et des mosquées). Le débat ce n’est plus si vous êtes en train de développer les territoires. Ce que vous avez fait depuis 2012 est extraordinaire et exceptionnelle. Mais il y a des choses à remettre à l’endroit’’.

C’est sur cette note que le président de l’Association des maires du Sénégal a entamé hier son discours. Et l’une des premières choses à élaguer selon lui, c’est la question du statut des élus locaux. ‘’On a eu à évoquer le cas dramatique de quelques maires qui ont fait plusieurs mandats. Certains en ont fait parfois trois, à peu près 20 ans, et se retrouvent sans retraite, parfois sans aucune ressource. Le maire qui n’a d’autre fonction que d’être maire ne peut même pas envoyer son enfant à l’hôpital parce qu’il n’a aucune couverture maladie’’.

Aliou Sall a consacré une bonne partie de son discours aux communes de Dakar. Il a soulevé quelques incohérences induites par l’Acte 3 de la décentralisation. ‘’Sur la question de l’indemnité, il y a quelques incohérences. Beaucoup de maires de communes dans l’agglomération dakaroise gagnaient 500.000 Cfa ; aujourd’hui que leurs collectivités sont érigées  en communes de plein exercice, ils se retrouvent avec 300.000 Cfa, compte non tenu des 18% de TVA. C’est comme si un avantage a été perdu’’. Et de réclamer un traitement spécial pour la région de Dakar. Car, estime-t-il, la capitale est spéciale par son histoire, par sa démographie, par son poids économique. ‘’Je serais même enclin à appeler à une réflexion sur un statut spécial pour Dakar. Il est évident que pour cette capitale qui cohabite de manière très proche avec l’Etat central, il faut une collaboration intime entre les deux entités pour la prise en charge de certaines questions. Sinon les tensions vont persister dans certains domaines comme l’éclairage, le nettoiement’’.

Autre question abordée par le patron des maires, c’est la question des financements des collectivités territoriales. Saluant les multiples efforts faits par le gouvernement depuis 2012, il plaide pour un renforcement des moyens. ‘’On pourrait sans exagérer demander qu’on décide d’affecter, dans le cadre du budget national, 10% aux collectivités afin de prendre une part active dans la réalisation du Pse. Ailleurs, comme  au Mali, on le fait. Dans le Maghreb, les niveaux sont beaucoup plus élevés. Cette question de la décentralisation des ressources publiques est fondamentale. On ne peut pas parler de décentralisation si on ne décentralise pas le budget’’.

Le président de l’Ams demande également à ce qu’on renforce leurs prérogatives pour rendre effective les compétences transférées. ‘’Pour faire simple et concret, qu’on nous laisse construire nos salles de classes, nos cases de santé. Cela ne demande pas une ingénierie complexe comme celle du TER. Les choses sont faites avec plus de pertinence lorsqu’elles sont faites à l’échelon local’’.

Aliou Sall n’a pas manqué d’égratigner son frère de Président en lui rappelant que c’est lui  qui, en tant que Premier ministre, avait inspiré et consolidé la plateforme des agences régionales de développement. ‘’Aujourd’hui, souligne-t-il, ce réseau d’experts est en panne : ingénieurs, planificateurs, experts en passation de marchés… sont quasiment au chômage parce que l’Etat a tout repris’’.

M. AMAR

 

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