‘’ Je m’adressais à un chef de parti, pas au Chef de l’État’’

Il n’y a plus de poursuites contre l’ancien ministre de la Justice, Me El Hadj Amadou Sall, accusé d’offense au Chef de l’État. Le président Macky Sall s’étant désisté, la Cour d’appel, devant qui l’avocat libéral comparaissait hier, a prononcé l’extinction de l’action publique.
En matière de délit d’offense par un moyen de diffusion publique, lorsque la personne qui est à la base des poursuites retire sa plainte, l’action publique est éteinte. A la faveur de ces dispositions de l’article 620 du Code de procédure pénal (CPP) sénégalais, les poursuites engagées contre Me El Hadj Amadou Sall ont été abandonnées.
Comme promis au porte-parole du khalife général des Tidianes, lors du Maouloud, le président de la République Macky Sall s’est désisté de sa constitution de partie civile; par conséquent de l’action publique. C’est au bout d’une dizaine de minutes d’audience que la décision a été prononcée, hier.
Me El Hadj Amadou Sall comparaissait devant la Formation spéciale pour le jugement des avocats, présidée par le juge Demba Kandji, Premier président de la Cour d’appel de Dakar, assisté de Galo Syr Diagne et Assane Ndiaye, respectivement président de la 2ème Chambre économique et de la 1ère Chambre sociale de ladite juridiction. Avant d’en arriver là, Me El Hadj Amadou Sall a dû s’expliquer sur les propos qui lui ont valu sa comparution. L’ex-ministre de la Justice avait, parlant des auditions de Karim Wade à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane sur les biens mal acquis, accusé le président de la République de verser dans le mysticisme et le fétichisme.
Parce que, disait-il, le fils de l’ex-président Wade n’était convoqué que les jeudis. Lorsque le juge Demba Kandji lui a demandé s’il avait tenu les propos diffusés sur les ondes de la radio Sud Fm, Me Sall a répondu par l’affirmative. Invité par le juge à s’en expliquer, Me Sall s'est lancé dans un long développement avec effet de manche. ‘’Franchement et c’est sincère ! Je ne vois pas en quoi mes propos sont offensants’’, s’est-il défendu.
Pour corser sa défense, il a soutenu qu’il ne visait pas un Chef d’État, mais un secrétaire général de parti. ‘’Je suis responsable du PDS et membre du comité directeur et j’ai été porte-parole. Macky Sall, en tant que secrétaire général de l’Apr, nous a menacés, en disant qu’on va régurgiter tout l’argent qu’on a ‘’bouffé’’.
Il a tenu ces propos dans le cadre de son parti. Moi je suis sur le terrain politique et lorsqu’on m’attaque je riposte", a déclaré Me Sall dont la déclaration était ponctuée par des rires. ‘’On a attaqué mon parti, j’ai riposté, d’autant que j’en ai la qualité, en tant que porte-parole’’, a-t-il ajouté, pour s’enorgueillir. Revenant à la charge, le juge Kandji lui demande : ‘’Quel sens donnez-vous aux termes mysticisme et féticheur ?’’. ‘’
Pour moi, c’en était, car sur huit mois, Karim Wade a été convoqué 6 fois et c’était les jeudis’’, a-t-il rétorqué au juge qui lui fait comprendre qu’il s’agit plutôt de la superstition. Cette précision faite, le juge Kandj a donné la parole à l’avocat général François Diouf pour ses observations. La simple observation faite par celui-ci, c’est la notification du désistement du Parquet général. Une brèche saisie par Mes Seydou Diagne et Demba Ciré Bathily, avocats de Me Sall, pour demander à la Cour de tirer les conséquences juridiques de cette décision. Ainsi le juge a prononcé l’extinction de l’action publique. Au grand bonheur de nombreux libéraux présents dans la salle. Parmi lesquels des responsables comme Habib Sy, Samuel Sarr, Bara Gaye, entre autres.
FATOU SY