Les acteurs de la justice renforcent leurs capacités

Des fonctionnaires de la justice, de la police et de la gendarmerie des régions de Dakar et de Thiès (procureurs, juges d'instruction et fonctionnaires de la police et de la gendarmerie impliqués dans les unités d'enquête) se rencontrent pendant cinq jours à Saly, dans le cadre d'un atelier de renforcement des capacités des acteurs de la justice sur la traite des personnes. L'exercice vise à renforcer les capacités des praticiens à mener des enquêtes et des poursuites centrées sur la victime dans les affaires de traite des personnes.
Au Sénégal, la loi n°2005-06 a été votée le 10 mai 2005 pour lutter contre la traite des personnes. Un mécanisme de coordination est mis en place, mais le diagnostic a révélé que le dispositif juridique relatif à la traite est largement ignoré et peu appliqué, tandis que les techniques d'investigation et de signalement des cas sont faiblement utilisées, en raison notamment du déficit de formation initiale et continue des intervenants.
Malgré des avancées notables, des difficultés demeurent dans la formulation d'une réponse holistique aux enjeux de la lutte contre la traite des personnes. L'atelier de formation sur la traite des personnes, ouvert ce lundi à Saly, est organisé par la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP) et la Direction des Affaires criminelles et des Grâces (Dacg), avec l'appui technique et financier de l'ONUDC et d'Interpol.
Le présent atelier examinera les outils pratiques pour le renforcement des capacités opérationnelles et stratégiques des intervenants de la police, de la gendarmerie et des magistrats. Un accent sera particulièrement mis durant les cinq jours de travaux sur l'appropriation des outils de la coopération judiciaire et les capacités policières d'Interpol. L'objectif principal de cette rencontre est de contribuer au renforcement de la prévention et de la réponse pénale pour lutter contre la traite des personnes.
D'après Patrice Kouassi, officier de renseignement criminel à Interpol, ‘’la traite a muté et exploite désormais les technologies numériques’’. ‘’Nous mettons à disposition des acteurs sénégalais des outils modernes : bases de données, systèmes de communication sécurisés et mécanismes de coopération régionale. Cela nous permet de démanteler des réseaux qui opèrent à la fois au Sénégal et au-delà de ses frontières’’, affirme M. Kouassi.
Mener des enquêtes et des poursuites centrées sur la victime
Il s'agit d'une formation sous forme d'exercice de simulation qui lie le volet théorique de la traite de personnes aux volets opérationnels pour les magistrats et les enquêteurs intervenant dans le champ judiciaire, permettant ainsi d'apporter une réponse plus efficace et durable au phénomène de la traite.
Cette approche combinant théorie et pratique va, selon Mody Ndiaye, secrétaire permanent de la Cellule, permettre aux participants d'être mieux outillés pour identifier, enquêter et réprimer efficacement les cas de traite. Elle constitue également un cadre d'échanges d'expériences afin d'apporter une réponse plus cohérente et durable à ce phénomène criminel.
Magistrats, officiers de police et de gendarmerie vont, durant cinq jours, renforcer leurs capacités dans la lutte contre la traite des êtres humains, un fléau aux multiples visages qui continue de sévir au Sénégal et dans la sous-région.
‘’Cet atelier se déroule sous forme d'un exercice de simulation, comme une véritable enquête et un procès, afin d'identifier les failles et d'améliorer nos méthodes. La traite est une criminalité très complexe, qui évolue avec les nouvelles technologies. Les acteurs de la justice doivent être régulièrement formés pour faire face à ces réseaux criminels’’, explique le secrétaire permanent de la cellule.
Pape Mbar Faye