Le Président Macky Sall défend sa stratégie ‘’en rails’’

Dans les locaux hier du géant industriel français Alstom, le chef de l’Etat a réaffirmé sa volonté de ressusciter les rails dans toutes les régions du Sénégal.
10 heures à Reichshoffen. Les chantiers du géant industriel français Alstom de Reichshoffen, en Alsace du Nord, environ un demi-millier de kilomètres de Paris, donnent l’impression d’une grande ville quasi-déserte. D’immenses hangars, qui se suivent les uns les autres, sont fermés alors que la température affiche au dehors zéro degré. Les petits blocs de briques rouges qui constituent les bâtisses ne dégagent rien de spécial. Mais le temps va vite changer, parce que vers 12 heures, le convoi présidentiel, au milieu duquel se trouve le président sénégalais Macky Sall, arrive sur les lieux. Puissants claquements des portails des véhicules, déploiement de la sécurité, le visiteur très attendu depuis la matinée débarque enfin, avec fracas.
La visite se déroule en présence d’Henri Poupart-Lafarge, le président-directeur général d’Alstom, ainsi que de Christophe Sirugue, secrétaire d’État français chargé de l’Industrie. Mais surtout, en présence d’un millier de travailleurs dans un immense hangar de 2 000 mètres carrés. Ils sont en costume cravate, en rangs serrés tels des militaires. Ainsi donc, derrière les bâtisses d’apparence austères, se cachent de véritables ruches d’abeilles. Les choses sérieuses se passent derrière ces murs vieux au moins de deux siècles. Robert ne cache pas sa joie : ‘’C’est toujours bien pour nous de constater qu’Alstom attire des investisseurs. C’est une joie de savoir que le travail continue ici et que nous nous portons bien’’, lâche-t-il, dans le bruit des conversations des employés, venus en masse, tenues de travail rouge-blanc et casque bien vissé, écouter le discours du Président Sall. Le tapis rouge est là ! Il y a de quoi ! Cinq sites en France participeront à ce projet: Saint-Ouen pour le design, Le Creusot pour les bogies, Ornans pour les moteurs et alternateurs, Tarbes pour les chaînes de traction et Villeurbanne pour l’informatique embarquée et l’information voyageurs.
Choix difficile mais…
Macky Sall expliquera que le choix a été ‘’difficile’’, mais qu’au finish, le mixte consistant à associer diésel et électricité a joué, dans l’attribution du marché. Alstom a en effet remporté l’appel d’offres devant le Chinois Norinco International en mettant en avant sa technologie de pointe ainsi que ses avantages. Le millier d’employés de l’usine commencera à travailler sur le projet en 2017. Les premiers trains seront livrés au Sénégal en 2019. ‘’Les assurances sont fermes’’, selon les mots du Président-Directeur général d’Alstom.
Si les avantages sont nets pour Alstom, ils sont aussi réels pour Macky Sall qui a insisté sur les délais ‘’incompressibles’’ de livraison de deux ans. Sans doute attend-il des dividendes politiques quelque part. ‘’J’ai pris la décision de ressusciter les rails. Et ce n’est juste qu’un début. Il faut savoir que nous avons prévu 11 kilomètres de rails entre l’aéroport international de Diass et Thiès et 20 autres kilomètres pour aller à Mbour. Ma vision, c’est que les rails aillent jusqu’à Kaolack, Tambacounda et plus loin. Cela demande beaucoup de travail, mais nous y parviendrons. ‘’Pour moi, c’est bien là la preuve de mon engagement pour améliorer les conditions de vie des Sénégalais. Ce train pourra prendre 500 Sénégalais d’un seul coup.
C’est aussi la preuve qu’on peut, à force de travail, nous hisser au même niveau que les pays développés à force de travail’’, dira-t-il dans son discours. Et devant le micro de la RTS, il déclare qu’‘’à Dakar, nous devons travailler à diminuer le nombre de voitures sur la route. Pour faciliter la circulation et diminuer la pollution qui est là, malgré les autoroutes et les échangeurs. La pollution est source de beaucoup de maladies. Il nous faut développer cette initiative pour que les gens puissent laisser leurs véhicules à la maison et leur préférer le TER parce que plus rapide et même plus confortable. Nous allons associer cela aux bus rapides qu’on appelle BRT qui vont transporter les passagers vers le train. Cela va faciliter les déplacements. Avec les actes, les gens verront qu’on progresse vers un mieux-être !’’
Hélène Champy (Correspondance particulière)