Publié le 6 Feb 2021 - 21:13
‘’REPIT SALUTAIRE’’ ENTRE LA FRANCE ET LA BELGIQUE

Diary Sow regrette la tournure des événements 

 

La célèbre romancière s’est adressée, hier, aux Sénégalais, sur les réseaux sociaux, pour enfin couper court à la controverse autour de sa disparition. S’estimant toujours incomprise, elle n’en demeure pas moins reconnaissante de l’élan de solidarité qu’elle a suscité pour être retrouvée saine et sauve.

 

Elle n’avait rien demandé. Vivre sa vie sans accroc, ne devoir rien à personne. Même de simples explications. Tels auraient été, sans doute, les idéaux qu’espérait expérimenter une jeune femme qui se cherche encore une place dans une société qui lui en a réservé une, de facto. Du fait de ses compétences peu communes, elle se devait d’être parfaite. Meilleure élève du Sénégal, détentrice d’une bourse du gouvernement pour étudier en France, là où tant d’autres peinent à s’en procurer, Diary Sow devait vivre le rêve de tout un pays. Et ses rêves à elle-même ?

Celle qui s’est accordé un répit ‘’salutaire’’, entre les 4 et 17 janvier dernier, avait déjà prévenu, en reprenant contact avec son parrain et mentor Serigne Mbaye Thiam : ‘’Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus (…).’’ Pour la première fois depuis sa ‘’disparition volontaire’’, elle s’est fait violence pour s’expliquer devant les Sénégalais. Sur les réseaux sociaux, la néo-romancière n’a pas fait parler Allyn, ni Eryn. Elle a juste laissé tomber des masques : ‘’J’aurais de loin préféré taire les explications que l’on me réclame à cor et à cri. Comment expliquer l’inexplicable ? Au fond, est-ce tellement inconcevable que j’aie pu ressentir un besoin irrépressible de couper les ponts, pour un moment ? Un ami m’a dit : est-ce que tu connais l’effet Streisand ? Et j’ai réalisé en une fraction de seconde que mon silence me desservait plus qu’il ne me protégeait. Je cherche à comprendre. Je ne suis pas devineresse, j’étais loin de m’imaginer que les choses allaient se passer ainsi.’’  

Bien malgré elle, Diary s’est retrouvée sous le feu des projecteurs. Victime de ce que l’on appelle l’effet Streisand. Ce phénomène, dont le nom provient de l’actrice et chanteuse Barbra Streisand, est lié à la médiatisation et à Internet. Cette dernière avait vu, en 2003, un photographe du nom de Kenneth Adelman, prendre des clichés de la côte californienne, avec le désir de réaliser une étude de l’érosion dans la région. Malheureusement, sur une photo aérienne, était visible la demeure de Mme Barbra Streisand. Cette dernière a alors considéré que la photo était une violation de sa vie privée et a attaqué en justice l’auteur.

Si peu de personnes avaient vu ce cliché, la dimension médiatique de l’affaire produira l’effet inverse. De nombreuses personnes verront l’image et, en un mois, 420 000 personnes iront sur place voir la demeure de Barbra Streisand, exposant encore plus la demeure que la propriétaire souhaitait garder dans l’anonymat.  

Dans le flux de réactions que son acte a provoqué, Diary voudrait-elle reprendre la main ? Plus elle s’est tue, plus elle laissait libre court à toutes les suppositions. Recherche effrénée du ‘’buzz’’. ‘’Diary a trahi le Sénégal’’. ‘’C’est une petite peste qui ne méritait pas que l’on s’inquiète pour elle’’. Les jugements de valeur n’ont pas cessé au sein du grand public. Mais l’intéressée, sans s’excuser, regrette ce qu’elle ne pouvait pas contrôler. L’effet Streisand…

‘’J’ai pour le peuple sénégalais une profonde reconnaissance. J’aurais tout donné pour effacer la peine que j’ai pu causer à la plupart d’entre vous, qui se sont réellement inquiétés pour moi, notamment ma famille, mes proches, mais aussi mes camarades étudiants, les autorités, etc. Quand, après mon retour, j’ai appris tout ce qu’ils avaient fait pour moi, tout ce que le peuple sénégalais d’ici et d’ailleurs était prêt à faire pour moi, j’ai été si émue ! Malheureusement, il m’est impossible de faire marche arrière et je dois vivre, avancer, avec l’espoir qu’ils n’aient pas fait tout cela en vain’’, continue-t-elle dans son post.  

Des regrets qui laissent place à une reconnaissance envers le peuple qui a interrompu une aventure hasardeuse dont nul ne maitriserait la chute. ‘’Sans le savoir, vous m’avez peut-être sauvé la vie, tous autant que vous êtes, car n’eût été votre engagement, je serais peut-être encore dans la nature, obnubilée par une quête sans doute vouée à l’échec’’, admet l’ex-miss science, qui a écrit ces quelques lignes pour remercier ceux et celles qui ont prié et se sont inquiétés pour elle.

Lamine Diouf

 

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