Publié le 7 Jun 2012 - 12:30
1er ANNIVERSAIRE

Fils de juin

 

Si vite est passé le temps qu’on ne l’a pas senti en réalité. Après une période de gestation de six mois, EnQuête le journal venait enrichir, un 7 juin 2011, le paysage médiatique sénégalais. Privilège de naissance, l’histoire retiendra que nous sommes nés pendant un « mois de feu » où tous les soirs, les jeunes érigeaient des barricades dans les rues de Dakar et mettaient le feu partout.

 

C’était le temps de « Y en a marre » avec toute la déferlante jeune qui a pris d’assaut le périmètre de la Place Sowéto, un certain 23 juin. Ce jour-là, nous avions frappé la Une de notre journal qui venait juste d’égrener seize heureux jours d’existence, d'un Non, grandeur lettres sur fonds noir. Cela avait fait tilt. Le journal avait même, en la circonstance, été utilisé comme un tract par le si beau peuple de ce jour-là, mobilisé contre les dérives du système Wade qui voulait imposer une sorte de dévolution monarchique du pouvoir et prolonger son règne au sommet de l’Etat. Cette part d’histoire peut être allègrement assumée. Car, nous étions présents ce 23 juin où la formidable machine populaire qui fera plus tard partir Wade, s’est réellement activée. C’était le vrai « jour j ». Le moment où l’histoire a basculé sans en donner l’air. Les manifestations bien colorées du M23 à la Place de l’Obélisque suivront plus tard. Avec le défilé des leaders sous les rythmes endiablés animés par les jeunes « rappeurs » de Y en a marre. Nous ne sommes donc pas nés au grand soir, mais au petit matin, à l’aube de quelque chose de nouveau, de neuf ; la chute du baobab Wade, après 12 ans passés à la tête de l’Etat. Longue chute qui n’a pas en réalité fini de produire tous ses effets, aujourd’hui encore.

 

En vérité, nous n’étions pas nés pour combattre un ordre. Notre mission déclinée dans le premier édito du journal était modestement de fouiner et bien fouiner. Notre credo, l’investigation. Nous voulons encore rester sur cette ligne, en tenant justement la promesse de ne livrer au public que des informations vérifiées ; même si nous devons être les derniers à la donner. Il faut humblement laisser aux lecteurs le soin d’apprécier si ce pari de la crédibilité a été tenu.

 

Mais passé le temps de la naissance, il y a toujours un moment pour grandir. Si EnQuête a bien modestement réussi à se positionner sur le paysage médiatique en un an d’existence, malgré les nombreuses difficultés que nous essayons de surmonter au quotidien au prix de nombreux sacrifices, nous sommes bien conscients du chemin qu’il reste à faire. L’ancien conseiller spécial de François Mitterrand, Jacques Attali, raconte que pour survivre dans le monde à venir, qui est déjà là, il faudrait développer des capacités d’adaptation par rapport aux crises multiformes qui se présentent à nous tous. Cette adaptation se conjugue aujourd’hui avec la compétence, la performance et surtout l’anticipation. Le monde qui se construit ne laisse pas trop de place à l’approximation. Quel avenir pour nous dans cet avenir si mouvant ? Quel avenir pour la presse sénégalaise dans son ensemble ? Il est clair que le secteur dans lequel nous évoluons ne peut échapper à la nécessaire introspection. La loi de la vitesse, la course aux scoops et la concurrence bien féroce, souvent utile, ne sauraient soustraire la presse sénégalaise à l’exigence de rigueur dans les informations qu’elle livre au public. C’est déjà un autre débat.

 

C’est ici le lieu de remercier certains aînés de la presse qui nous accompagnent encore dans cette aventure, sans vouloir être cités, en droite ligne d’un certain esprit…Sud. Ils sont sans doute les véritables pionniers d’EnQuête. C’est aussi le lieu de rendre un vibrant hommage à notre imprimeur, Youssou Lakhoune et la société Grafiks Solutions qu’il dirige, Africome avec le couple Kane qui nous ont accompagné au début de l’aventure et les annonceurs sans lesquels nous ne saurions survivre. Mais le dernier mot vous est réservé, à vous chers lecteurs. Qui renouvelez tous les jours le contrat de confiance qui nous lie. Au quotidien et pour l’avenir. Un lien de confiance que nous nous évertuerons à préserver. Rendez-vous à l’année prochaine !

 

La Rédaction

 

Section: