Publié le 17 Feb 2012 - 13:20
ACCIDENT MORTEL DE LA CARAVANE DE NIASSE

Chronique d’une journée lourdement vécue

Ils s’étaient engagés à accompagner  la caravane de Benno Siggil Senegaal dans sa conquête de l’intérieur du pays. Le destin en a décidé autrement. Ndiaga Sow, Ameth Sakho et Khalifa, ces trois compagnons de Moustapha Niasse que le destin lie dorénavant, ne reviendront pas à Dakar en vie, mais dans des cercueils. Ils ont ainsi perdu la vie dans un terrible accident survenu avant-hier à hauteur de Fadjara, à 53 km de Bakel, aux environs de 23h30mn.

 

Le camion de sonorisation dans lequel ils s’étaient embarqués depuis Dakar pour rallier Tivaouane, Kébémer, Louga, Dagana, Podor et Matam pour se rendre ensuite à Bakel, s’est renversé sur le flanc gauche d’un pont situé à mi-chemin entre Kanel et Fadjara.

 

Il était 23h passées de 20 mn lorsque la pénible nouvelle est tombée via un sms transmis à un confrère. ''Attention ! roulez doucement, le camion de sonorisation vient de se renverser. Deux personnes y ont laissé la vie'', disait ce message que le destinataire avait du mal à relayer. Prenant enfin ses responsabilités, il a fini par lâcher le morceau. Dix minutes plus tard, nous sommes enfin sur les lieux du drame. La scène qui s’est offerte à nos yeux dépassait l’entendement. La terre semblait s’effriter sous nos pieds au vu de cette mare de sang, d’organes vitaux d’individus éjectés du corps par la violence du choc, corps humains écrabouillés par ce tas de ferraille estimé entre les 200 à 250 tonnes. Jamais un accident de la circulation ne semblait  aussi violent et aussi horrible. La tristesse et la désolation se sont vite emparées de tous les visages. Les plus sensibles n’ont pu s’empêcher de pousser des sanglots, les plus stoïques de faire désormais face à la réalité : l’accident s’est déjà produit, il faut contacter les secours et trouver des moyens de soulever le camion afin de sortir les corps pour les acheminer à la morgue la plus proche. Mais la surprise sera grande lorsqu’on s’est rendu compte que Bakel qui se trouve à 53 km de là n’est pas doté de caserne de sapeurs-pompiers et que celle de Tamba n’a pas d’ambulance et de véhicule pour effectuer le déplacement. On ne pouvait donc compter que sur les secours venant de Podor distant de plus de 300 km derrière nous. De 23h30 à 6h du matin, aucune autre solution n’a été trouvée. Finalement, c’est une pelle mécanique d’une société privée qui a été dépêchée sur les lieux du drame pour soulever le camion et libérer les corps qui ont été aussitôt acheminés au district sanitaire de Bakel qui a déployé sur les lieux une équipe d’un médecin et de trois infirmiers.

 

 

Quelques minutes après le drame, le téléphone de l'une des victimes sonnait avec insistance. Au bout, sa mère qui ne se doutait de rien...

 

Durant toutes les heures d’attente que les secours nous ont imposées, le téléphone d’une des victimes ne cessait de sonner, quelques minutes seulement après l’accident. Au bout du fil, sa mère. Comme si elle avait pressenti le drame qui a frappé son fils, elle ne cessait d’insister pour avoir de ses nouvelles. ''Je voudrais parler à mon fils'', dira-t-elle lorsque l’une des connaissances de la victime a pris le courage sur lui de décrocher le téléphone de la victime. ''Il est occupé pour l’instant, veuillez le rappeler ultérieurement'', lui a-t-elle répondu non sans la convaincre. Puisqu’elle reviendra à la charge quelques minutes plus tard en ces termes : ''Je ne peux pas comprendre que son téléphone sonne sans qu’il ne réponde!''. ''Peut-être qu’il est dans un endroit où il ne parvient pas à entendre la sonnerie'', réplique son interlocuteur qui, ne sachant plus rien lui dire à un moment donné, a laissé le téléphone sonner.

 

 

Niasse déplore l’inexistence des secours dans cette contrée

 

''S’il y avait d’autres blessés encore en vie, ils auraient perdu la vie avant l’arrivée des secours, six heures après'', a déploré hier, le candidat de Benno Siggil Senegaal qui a décidé de suspendre sa campagne le temps de s’occuper des formalités de transfert et d’inhumation des corps. Depuis Tuabou (village natal du Pr Abdoulaye Bathily) où il a fait sa déclaration, Moustapha Niasse a soutenu sans ambages que ''si les secours ne sont pas venus, c’est parce qu’ils n’existent pas dans toute cette zone''.

 

 

L’état chaotique de cette route pointé du doigt

 

Les causes de ce violent accident peuvent être imputables à l’état chaotique de cet axe Podor-Ndioum-Ourossogui-Bakel. Même si selon certaines indiscrétions, elles peuvent être dues à l’inattention du chauffeur qui, au moment de l’accident, transmettait son téléphone à un de ses camarades assis à ses côtés, il reste toujours évident que cette route est un véritable parcours du combattant.

 

ASSANE MBAYE

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