Publié le 2 May 2012 - 22:36
AFFAIRE DSK

Que devient Nafissatou Diallo?

 

 

Le juge Douglas Mc Keon, du tribunal du Bronx qui jugera l’affaire, a refusé d’accorder à DSK le classement de la plainte, sur la base de l’immunité diplomatique mise en avant par ses avocats. La femme de chambre, une immigrée guinéenne, accuse l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) de l’avoir forcée à lui faire une fellation.

 

Toujours justiciable

 

DSK a admis avoir une «relation inappropriée» avec elle, niant cependant l’exercice de toute contrainte. Une première plainte au pénal a été abandonnée le 23 août. Le procureur Cyrus Vance avait estimé que le témoignage de Nafissatou Diallo n’était pas fiable, compte tenu de ses mensonges sur son passé et de ses contradictions sur son récit des faits. DSK, 64 ans, embourbé en France dans plusieurs scandales liés à sa vie sexuelle (affaires Carlton et Tristane Banon), n’est pas sorti aussi blanchi qu’il aurait aimé l’être de l’affaire qui porte ses initiales. L’accusation demeure, aux Etats-Unis, de même que les rapports d’experts. L’homme ne s’est jamais vraiment expliqué sur ce qui s’est passé le 14 mai 2011 dans la fameuse suite du Sofitel de New York, même pas dans l’interview que lui a accordé à son retour en France, en septembre, la présentatrice vedette Claire Chazal, sur TF1. Si les avocats de DSK ne font pas appel du non classement de la plainte, le procès au civil va pouvoir démarrer. Il devrait déboucher soit sur un accord à l’amiable entre les avocats des deux parties, sur des indemnités dont le montant n’a pas été précisé, soit sur un procès de DSK en bonne et due forme, avec grand déballage public. L’ancien présidentiable français devra enfin s’expliquer, et pourra être interrogé sous serment par les avocats de Nafissatou Diallo.

 

Théorie du complot

 

Ces jours derniers, DSK a de nouveau fait les gros titres en France. Un livre sort, Trois jours en mai: le thriller DSK, signé par le journaliste Edward Jay Epstein, adepte de la théorie du complot. Ce livre ravive opportunément, à quelques jours du second tour de la présidentielle française, le scénario d’une manipulation des services secrets français dans laquelle serait tombé DSK. Par ailleurs, une vraie-fausse interview de DSK publiée le 27 avril dans le quotidien britannique The Guardian défraie la chronique. Elle n’a pas été donnée directement au journal par DSK, contrairement aux apparences, mais tirée d’entretiens accordés à Edward Jay Epstein et qui ne figurent pas dans son livre. Trois jours en mai ne comporte en effet aucune citation de DSK, par crainte de voir ses déclarations se retourner contre lui lors du procès au civil. Cerise sur le gâteau: invité surprise de l’anniversaire du député PS Julien Dray, qui a eu l’incroyable bon goût d’organiser sa fête dans un restaurant de la rue Saint-Denis –un haut-lieu de la prostitution à Paris– DSK a causé le départ immédiat de plusieurs socialistes de haute volée, parmi lesquels Ségolène Royal, Pierre Moscovici et Manuel Valls. Ségolène Royal, l’ancienne épouse du candidat socialiste François Hollande, a d’abord cru à une blague en apprenant la présence de DSK, avant d’arriver dans le restaurant. «Je suis partie immédiatement, a-t-elle ensuite déclaré. Je ne veux pas rencontrer ce Monsieur compte tenu de tout ce qui s’est passé, qui a porté atteinte à la dignité des femmes.»

 

Que devient Nafissatou?

 

Et Nafissatou Diallo, dans tout ça? L’ancienne femme de chambre guinéenne se tient à l’écart du monde et ne veut plus du tout faire parler d’elle. Traumatisée par ce qui a d’abord été «l’affaire DSK» avant de devenir «l’affaire Diallo», elle l’a aussi été par son exposition maladroite au public, organisée sous la coupe de son avocat, Kenneth Thompson. Cette jeune femme de 34 ans reste prostrée, choquée par la mise en doute générale de sa parole. Elle est toujours salariée du Sofitel, bien qu’elle n’y travaille plus, se trouvant sous congé maladie longue durée. Selon nos informations, elle se terre à Long Island, au large de Manhattan, et ne bénéficie plus d’aucune protection policière. Elle ne met plus les pieds dans le Bronx, où elle habitait avant. Elle fuit les médisances de sa communauté, qui estime qu’une femme violée est déshonorée. Elle aurait tous les symptômes d’une dépression, pleurant souvent et ruminant le passé. Faute de toute certitude sur l’avenir, elle essaie de se focaliser sur le présent: la scolarité de sa fille, une lycéenne de 16 ans qu’elle élève seule. Ses proches, comme ses avocats, continuent de voir en elle une victime. Une vision que partageront peut-être les jurés populaires du tribunal du Bronx, qui devront se prononcer sur le procès au civil.

 

(StateAfrique)

 

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