Publié le 28 Aug 2025 - 16:29
RUPTURES DE FINANCEMENTS ET INQUIÉTUDES POUR LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH/SIDA  

De nouvelles victimes de la politique de Trump

 

La discrimination et la question de la prise en charge des malades dans un monde où beaucoup de bailleurs ont cessé de financer ce secteur constituent l’une des difficultés que rencontrent les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH) regroupées au sein de l’association And Bokk Yaakaar (Aboya). Dans le souci de rendre public leur plaidoyer, elles se sont adressées à la presse, hier.

 

Le fait d’arrêter les financements dans plusieurs secteurs, dont celui de la santé, par le gouvernement américain, continue de faire des victimes au Sénégal. Ce ne sont pas les femmes vivant avec le VIH/sida regroupées au sein de l’association And Bokk Yaakaar (Aboya) qui diront le contraire.

En effet, selon la présidente du conseil d’administration de la structure, cette situation a créé des difficultés pour les membres. D’après Ndèye Astou Ba, cela les indispose, car cela a affecté la prise en charge communautaire des patients.

Les membres d’Aboya continuent de vivre dans l’ombre à cause de la stigmatisation, du rejet, d’un traitement médiatique inapproprié, de la discrimination et d’une prise en charge médicale insuffisante. Une situation qui fait que ceux qui vivent avec le VIH préfèrent cacher leur statut sérologique.

‘’C’est la raison pour laquelle nous lançons un appel à nos autorités, au secteur privé et aux bonnes volontés pour soutenir cette association qui existe depuis 24 ans. Ce n’est pas uniquement l’USAID qui s’est retirée : la France a aussi redirigé ses priorités. Cette réduction de subvention est considérable’’, s’alarme-t-elle.

Ndèye Astou Ba lance donc un appel aux dirigeants pour pallier les manquements notés, car les besoins n’attendent pas. ‘’Actuellement, renseigne-t-elle, nous devons réorganiser nos activités et stratégies pour survivre. Plus de 80 % de la prise en charge dépendait du Fonds mondial américain. Il est urgent de mettre fin à cette dépendance. Nos autorités doivent faire de cette question une priorité, sinon nous risquons de devoir faire payer les médicaments aux PVVIH. Imaginez les conséquences... La prise en charge communautaire n’est plus prioritaire, alors qu’elle résolvait de nombreux problèmes, notamment pour les nouveaux infectés’’.

Environ 80 000 personnes vivant avec le VIH/sida au Sénégal

En effet, fait remarquer Ndèye Astou Ba, le VIH est une maladie chronique et il suffit de donner un autre visage pour que les personnes qui vivent cette maladie puissent vivre en toute quiétude afin de changer l’image que la population a sur le VIH. ‘’Actuellement, avec le retrait des financements, il y a beaucoup de perdues de vue au niveau de l’association. Nous n’avons plus de moyens pour aller faire des visites à domicile, les appuyer quand elles sont malades. Il faut savoir qu’autant on prend les ARV, autant on développe d’autres pathologies, car la toxicité de ces médicaments peut créer d’autres soucis. Des études ont montré que ceux qui ont commencé à prendre les médicaments depuis plus de 20 ans ont commencé à développer d’autres maladies comme le diabète, des cancers ou des insuffisances rénales. Et leurs prises en charge sont plus coûteuses que celle du VIH. Cette question, nos bailleurs qui prennent en charge le VIH ne la prennent pas en compte. Les ARV sont gratuits, mais les examens de suivi, à savoir la charge virale, tout cela n’existe plus parce que l’argent pour les payer n’est plus là faute de partenaires…’’, tonne Mme Ba.

Elle indique, donc, que les pays africains doivent travailler pour mobiliser les ressources locales et ne plus dépendre de cette aide étrangère, qui pourrait prendre fin à long terme.

Au Sénégal, révèle-t-elle, le nombre de PVVIH tourne autour de 80 000 personnes, mais les pays limitrophes rendent la situation compliquée, car beaucoup de PVVIH desdits pays s’approvisionnent en ARV au Sénégal.

Ainsi, elle est d’avis que le gouvernement du Sénégal doit augmenter ses fonds alloués à la lutte contre le VIH, alors qu’au contraire, ils ont été revus à la baisse. Le taux de prévalence de cette maladie est maîtrisé, certes, mais elle pense qu’avec la situation actuelle, le contraire peut se produire. Ce qui n’est pas souhaitable.

C’est ce qui a poussé l’association à lancer un appel aux bonnes volontés, aux fondations et aux collectivités locales, à mobiliser leurs moyens pour une meilleure lutte contre cette pathologie. ‘’On ne vous le cache pas, mais nous sommes très inquiets. Nous n’avons plus de financements qui viennent du Fonds mondial. Nous espérons qu’avec cette rencontre, la donne va changer surtout avec nos nouvelles autorités. Nous lançons aussi un appel aux ministères de la Jeunesse, de la Famille, à nous tendre une oreille à travers la formation et les financements’’, dit-elle.

Elle a aussi fait état de la prise en charge des enfants vivant avec le VIH. Beaucoup d’entre eux sont issus de familles à revenus modestes. Ce qui a fait que la santé est reléguée au second plan.

CHEIKH THIAM

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