Comment le GIGN a eu l'ancien dictateur tchadien

Hissène Habré est depuis hier dans les liens de la détention. L'ancien dictateur du Tchad a été cueilli chez lui par un détachement du GIGN.
C'est un commando du Groupement d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) qui a fait irruption, hier, en début d'après-midi, dans la demeure de l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré. ''Un individu prétendant être membre du GIGN a demandé à être reçu par le Président Habré à son domicile'', expliquent Mes Ibrahima Diawara et François Serres. Selon le communiqué publié par les deux avocats de l'ancien dictateur, ''dès que le Président est descendu pour le recevoir, une dizaine d'individus non identifiés ont fait intrusion dans sa maison et l'ont enlevé devant les membres de sa famille impuissants, en présence d'une telle force ayant pénétré illégalement en violation du domicile du Président''. C'est ainsi que Habré ''a été emmené de force hors de sa maison, alors même qu'aucune convocation, ou mandat de perquisition ou d'arrestation émanant d'une juge ne lui a jamais été notifié''.
Les conseils de Habrè dénoncent un ''kidnapping''
Les avocats d'Hissène Habré dénoncent de ce fait un ''kidnapping'' et demandent ''sa libération immédiate''. Étant entendu qu'à ce jour ''aucune procédure n'a été initiée par les Chambres africaines, aucun juge n'a été désigné pour instruire l'affaire''. Selon les deux robes noires, en procédant à cette arrestation, ''les autorités sénégalaises font une nouvelle fois la preuve de leur parfait mépris pour les principes de justice et le respect des droits de l'homme''. Revenant sur la procédure en cours, les avocats indiquent que ''les magistrats sénégalais censés instruire l'affaire n'ont pas à ce jour initié leur enquête et n'ont pas davantage été saisis''. Tandis que la défense du Président Habré, poursuivent-ils, ''n'a pas été davantage informée d'une quelconque convocation du Président en vue de son inculpation''.
Me Ibrahima Diawara et Me François Serres estiment que ''l'arrestation du Président est dénuée de toute base légale'' et est ''en violation de tous les principes de droit''. Ils y voient ''la preuve qu’aucune justice ne peut être rendue dans cette affaire''. La défense de Habré ne peut pas comprendre que l'arrestation intervienne alors qu'elle a saisi la Cour de la CEDEAO pour dénoncer les conditions de création des chambres africaines, leur organisation, leur composition et leurs règles de procédures. ''Ces chambres étant constituées et fonctionnant en violation des principes établis pour les tribunaux internationaux ad hoc et la Constitution sénégalaise, et donc en violation des principes affirmés par la Cour de la CEDEAO dans son arrêt précédent de novembre 2010'', écrivent-ils. La défense de l'ancien dictateur s'offusque du ''parfait mépris'' des autorités sénégalaises pour la juridiction communautaire.
Gaston COLY