AFFAIRE IBRAHIMA DIENG, DE L'OCRTIS
Awa Thiam, une drôle de dame au passé trouble

S'il est admis qu'Ibrahima Dieng, l'agent de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) arrêté pour détention de cocaïne, était un as dans son domaine : la traque des dealers ; il n'en demeure pas moins qu'Awa Thiam a joué un rôle non négligeable dans ce palmarès, en tant qu'informatrice. Cette dame, anciennement mariée à un ressortissant nigérian dont elle affirme avoir divorcé, a échappé de peu à la prison en 2013, pour une affaire de trafic de drogue.
Si la culpabilité de la dame Awa Thiam, citée dans l'affaire Ibrahima Dieng, est loin d'être établie, force est de reconnaître qu'elle a le chic de se retrouver dans des situations périlleuses. L'année dernière, elle a échappé de justesse à la prison. En avril 2013, Awa Thiam a été jugée devant la cour d'Assises de Dakar en compagnie de son mari d'alors Kenneth Iwuala dit Mouhamed, pour détention, trafic de cocaïne et de corruption. Une affaire qui remonte au 14 mars 2009.
Ce jour-là, vers 4h du matin, des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) ont arrêté un toxico dépendant du nom de Pape Saliou Diop qui avait désigné Kenneth Iwuala comme son fournisseur. Sans coup férir, les policiers avaient fait une descente chez le couple, aux Maristes. Si les policiers avaient réussi à réunir des indices probants incriminant Awa Thiam et Kenneth Iwuala, les circonstances de leur arrestation les avaient tirés d'affaire, lors de leur procès en Assises.
Revenant sur le film de leur arrestation, Awa Thiam avait raconté à l'audience que lors de l'interpellation de son mari, ‘’à chacune de ses réponses, les policiers le giflaient’’.
L’épouse de Kenneth d’ajouter : ‘’Après avoir pris une boîte de glucose dans la boîte à pharmacie de ma salle de bain et 7 sachets de carbonate, les policiers m’ont demandé de me ‘’remuer’’ si je ne voulais pas qu’ils embarquent mon mari’’. En langage plus clair, les policiers lui avaient, selon elle, demandé une somme de 500 000 francs, puis 1,5 million de francs Cfa.
Après avoir versé deux millions aux limiers, Awa Thiam s’en est ouverte à sa mère, la même qui est citée dans l'affaire Ibrahima Dieng. La dame avait joint au téléphone le Colonel Alioune Ndiaye, du bureau des relations publiques de la Police qui, à son tour, avait appelé le commissaire Malick Mbengue qui lui avait répondu qu'il n'était pas au courant d’une quelconque opération de trafic de drogue.
Fort de ces éléments, les avocats du couple avaient parlé de ‘’deal foiré’’ de la police, convaincus que c’est la raison pour laquelle les policiers ont chargé le coupe Iwuala, en les accusant de corruption. Les avocats parlaient plutôt d’extorsion de fonds de la part des policiers. Ces faits avaient emporté l'adhésion de l'avocat général qui avait demandé la relaxe du coupe Iwuala du délit de corruption. Mieux, il avait invité la Cour à acquitter Kenneth du crime de détention et trafic de cocaïne. Ce dernier venait de purger 4 ans de détention préventive. Tandis qu'Awa Thiam était en liberté provisoire, après son inculpation pour corruption.
Mariée à 18 ans, mère de 5 enfants
Kenneth Iwuala et Awa Thiam s'étaient mariés en 2000 et avaient cinq enfants au moment des faits. Concernant Awa Thiam, l'enquête de personnalité révélait qu'elle est née en 1978, à Dakar. La dame disait n’avoir jamais traîné dans la rue, dans sa jeunesse, du fait d’une éducation stricte qui ne l’a pas empêchée, en pleine année du baccalauréat, de jeter examen et consentement familial aux orties pour convoler avec Kenneth Iwuala de 24 ans son aîné. Awa Thiam est petite de taille, chétive et d’un teint laiteux.
De son ancien mari, on sait qu'il est arrivé au Sénégal afin d’y transiter illégalement vers l’Europe. Il finit par s’y installer lorsque ses plans sont tombés à l'eau. Grâce à un employé du consulat du Nigeria, il devint tenancier d'un bar, en servant de prête-nom. Selon la police, Kenneth avait aménagé un laboratoire clandestin de fabrication de «crack» (cristaux de cocaïne brute) dans sa propre salle de bain, au moment de son arrestation. Aujourd’hui, il est porté disparu.
SCANDALE AU SEIN DE L'OCRTIS
Ibrahima Dieng refuse de signer le PV de la gendarmerie
L'agent de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) Ibrahima Dieng et ses deux présumées complices Lémou Touré Guèye et sa fille Awa Thiaw ont été déférés hier au Parquet. Poursuivis pour association de malfaiteurs, trafic international de drogue et blanchiment de capitaux, leur dossier va être confié à un juge d'instruction. De ce fait, ils ont bénéficié d'un retour de Parquet.
En attendant leur face-à-face avec le juge en charge du dossier, Ibrahima Dieng a passé la nuit d'hier au commissariat central, tandis que les dames Lémou Touré Guèye et Awa Thiaw sont retournées au commissariat de Grand Dakar. D'après nos sources, l'agent de l'OCRTIS continue de nier les faits qui lui sont reprochés.
De ce fait, il a refusé de signer le PV de police. Son frère qui dit l'avoir eu au téléphone, après son arrestation, affirme qu'il est innocent. Il a livré cette version des faits : ''Après un coup de fil d’un informateur, il est parti à Yoff pour faire la planque. A son arrivée, les dealers ont fui et abandonné la drogue. Il a ramassé la drogue et appelé son chef de brigade. C’est à ce moment qu’il a été interpellé et menotté par les gendarmes alors qu’il était dans l’exercice de ses fonctions.''
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Gaston COLY
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