Publié le 11 May 2021 - 21:50
APPROVISIONNEMENT DU MARCHE EN POULET POUR LA KORITE

Acteurs et autorités tablent sur un déficit de 10 %

 

Malgré la dureté des coups portés par la pandémie du coronavirus au secteur de l’aviculture, le ministre de l’Elevage reste confiant pour un approvisionnement assez correct du marché en poulet. Il l’a fait savoir hier, lors d’une visite des installations de Sedima-Abattoir à Ndiar.

 

Si une petite inquiétude s’est installée sur une pénurie de poulet, à trois jours de la célébration de la fête de Korité, acteurs et autorités compétentes se veulent plus ou moins rassurants. Dans une filière durement frappée par la pandémie du coronavirus qui sévit encore au Sénégal, les résultats affichés par les aviculteurs dans l’approvisionnement du marché durant le ramadan montrent qu’il y a moyen de limiter la casse auprès des consommateurs.

En visite hier dans les locaux de Sedima-Abattoir à Ndiar, dans le département de Thiès, le ministre de l’Elevage et des Productions animales s’est montré optimiste quant à la fourniture du marché dans l’optique de la préparation de la fête. ‘’Les estimations qui nous ont été fournies font état d’une évaluation de la demande de l’ordre de 10 millions de poulets par mois. En comparant avec le volume de poussins mis à la disposition des fermes depuis 45 jours, l’on se retrouverait, lors de cette Korité, avec une production 9 millions de sujets. Ce qui rapporte à un déficit de 10 %. Ce qui est assez acceptable, vu les dégâts causés dans la filière par la pandémie’’, a déclaré Aly Saleh Diop.

Cet enthousiasme suit une visite des locaux de l’abattoir installé par le groupe Sedima, fonctionnel depuis 2017. Moment durant lequel le ministre de l’Elevage, en compagnie de sa collègue du Commerce et des Petites et moyennes entreprises, a pu apprécier les efforts réalisés par l’entreprise pour doter le Sénégal d’infrastructures modernes répondant à toutes les exigences de qualité et de service.

‘’L’Etat du Sénégal a pris la juste mesure de l’importance de la filière avicole. C’est pour cette raison qu’en 2005, des mesures de protection de la production locale ont été prises pour permettre aux acteurs de travailler dans un environnement propice. Nos encouragements accompagnent nos félicitations à votre endroit. Les efforts que vous avez déjà produits génèrent en vous une responsabilité qui ferait en sorte que vous restiez à ce niveau de standard pour tirer davantage cette filière naissante. Vous avez honoré notre pays’’, a dit Aly Saleh Diop.

‘’Nous sommes conscients de la responsabilité qui nous incombe et nous l’assumons fortement’’

Touchée par cette marque de reconnaissance, la directrice générale de Sedima et KFC Sénégal, qui a mené herself la visite guidée de ses illustres invités, s’est sentie revigorée. ‘’Il ne nous reste plus qu’à aller travailler. Cet engagement de notre ministre de tutelle, nous en avions besoin. C’est un honneur d’entendre ces propos. Nous sommes conscients de la responsabilité qui nous incombe et nous l’assumons fortement’’, s’enthousiasme-t-elle.  

Leader de la filière avicole en Afrique de l’Ouest, le groupe Sedima pèse plus de 1 050 emplois directs et plus de 20 000 emplois indirects. Rien que sur le site de Sedima-Abattoir, 400 personnes sont employées lorsque l’entreprise tourne à plein régime. Entre 4 000 et 6 000 abattages y sont effectués par heure. Et cela n’empêche pas l’entreprise de s’inscrire dans un cadre écologique, puisque tous les déchets issus de la préparation des poulets sont réutilisés : les parties solides sont transformées en farine de poulet utilisée dans la fertilisation des sols, tandis que l’eau traité est offerte aux maraîchers qui ont flairé le bon coup et se sont installés en masse aux abords de l’abattoir.

Tout n’est pas rose pour autant. La pandémie de la Covid-19 continue à impacter négativement le secteur, en plus de quelques cas de grippe aviaire ayant conduit récemment à l’abattage de centaines de milliers de poulets. A Ndiar, révèle Anta Babacar Ngom, ‘’l’abattoir a été fermé l’année dernière pendant plus de 5 mois. Nous nous sommes battus pour préserver ces emplois’’. 

Hausse des prix du poulet, conséquences du marché international du blé

Ces difficultés se répercutent également sur le prix du poulet. Ce qu’explique la DG de Sedima et KFC Sénégal : ‘’L’augmentation du prix du poulet est la conséquence de la hausse des coûts du maïs sur le marché international. L’alimentation des poulets se compose à 60 % de maïs. Et nous sommes obligés de l’importer à des prix élevés. Avec la pandémie, ces prix ont augmenté de 30 %. Une autre hausse pouvant atteindre 60 % est même annoncée dans les prochains mois’’.

Satisfaite des investissements consentis sur ce site, la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises s’est réjouie ‘’de visiter des acteurs majeurs de la filière tels que la Sedima pour s’assurer de la disponibilité des poulets pour la fête’’. Aminata Assome assure qu’avec des industriels occupant plus de 60 % de la production avicole du pays, le ministère du Commerce, à l’image de l’ensemble des ministères du gouvernement, se tient à disposition pour leur apporter toutes les solutions nécessaires pour le relance de la filière.

Cette relance fait déjà l’objet d’un plan par lequel le ministre de l’Elevage et des Productions animales entend, sur instruction du chef de l’Etat, impliquer l’ensemble des acteurs, petits et gros producteurs. Selon Aly Saleh Diop, il permettra de ‘’mettre en place un système d’information et de gestion des données liées à la filière. Cela va nous permettre d’anticiper sur des facteurs exogènes, comme la pandémie. Vous pouvez être assurés que le ministère va mettre en place un cadre adéquat pour que la filière puisse continuer à se développer’’.

Un moyen urgent d’arriver à reprendre pleinement les activités de la filière pour répondre à la demande est, pour Anta Babacar Ngom Diack, un apport des autorités par des solutions pour diminuer les coûts d’acquisition du blé sur le marché international. Cela permettra de le répercuter sur le prix du poulet afin qu’il soit beaucoup plus accessible.

Lamine Diouf

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

SAINT-LOUIS - VEILLE DE KORITÉ

Les clients fustigent une hausse des prix  

A quelques jours de la fête de la  Korité, c’est l’effervescence dans les marchés de la vieille ville. Malgré les rigueurs du ramadan, les clients ont pris d’assaut le grand marché de Sor et les alentours de l’avenue Général De Gaulle dont les trottoirs sont anarchiquement occupés par les marchands ambulants. Une situation synonyme de bonnes affaires pour les vendeurs. Tout le contraire des tailleurs et vendeurs de tissus.  

Dans certains coins du marché, il faut jouer des coudes pour se frayer un passage. Sur l’avenue commerçante De Gaulle, les rangées de tables de fortune placées tout le long de la route pour servir d’étals aux revendeurs ont fini de créer une dangereuse situation qui oblige les piétons à disputer la chaussée avec les véhicules. D'ailleurs, pour sécuriser les usagers et réguler la circulation, la police a renforcé son dispositif sur cette avenue. 

Au marché de la volaille et des céréales, c’est un autre décor.  Abdourahmane Diop, la cinquantaine bien sonnée, dément la rupture de poulet annoncée sur le marché et affiche un large sourire. ‘’Il y a suffisamment de poulets sur le marché. Les clients seront bien servis à des prix raisonnables. A quelques jours de la Korité, la volaille s’écoule très bien. Si le rythme d’écoulement est maintenu, nous réaliserons, à coup sûr, de bons chiffres d’affaires’’, s’est-il félicité. Une satisfaction que ne partagent pas certaines clientes rencontrées dans ce coin du marché. Pour elles, les commerçants peuvent afficher le sourire, parce qu’ils ont augmenté les prix des produits. ‘’Les Sénégalais ont l’habitude de flamber les prix à la veille des fêtes. Ils affichent souvent des prix exorbitants, parce qu’ils savent que les clients n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre. Nous sommes obligés d’acheter pour passer une bonne fête avec nos familles.  Le poulet, le mil, le pain de singe, la pâte d'arachide, les légumes et tous les ingrédients qui entrent dans la préparation des repas de fête  ont vu leurs prix presque doubler’’, a dénoncé Fatou Niang.

Teint noir, bonnet ‘’Baye Fall’’   sur la tête, des bals de tissus de rideaux et d’habillements exposés devant lui, Mame Cheikh vante la qualité de ses produits et marchande avec quelques clients debout devant son étal. A l’en croire, le marché grouille de monde, mais peu de gens achètent pour le moment. Ceux qui le font n’achètent d’ailleurs qu’en petites quantités. ‘’Les clients marchandent et repartent. Pourtant, il y a de beaux tissus et les prix ne sont pas hors de portée des acheteurs. Peut-être que les populations n’ont pas d’argent pour célébrer la fête…. On attend d’ici demain pour voir si la donne va changer’’, a-t-il soutenu.

Une situation qui est quasi similaire dans les ateliers de tailleurs du marché de Sor.  Pour Lamine et Pape Diack, les tailleurs n’ont pas affiché le plein de commandes pour la Korité. ‘’Pour l'Aïd-El-Fitr de cette année, il y a peu de clients. On n’a pas réalisé de bonnes affaires, à deux jours de la fête. Comble de malheur, les quelques rares clients qui ont apporté leur tissu, tardent toujours à venir les récupérer. Pourtant, nos familles nous attendent pour les préparatifs de la Korité’’, se sont-ils désolés. 

Ibrahima Bocar  SENE (Saint-Louis)

Section: