Publié le 2 Jun 2018 - 21:55
AVIS D’INEXPERT PAR JEAN MEÏSSA DIOP

Face-à-face télé à qui le demande

 

Quelle télé sénégalaise voudrait décrocher la timbale ? Il y a à dégoter un face-à-face politique entre le président de la République Macky Sall, leader de l’Alliance pour la République (Apr), et son opposant El Hadj Malick Gakou, chef du Grand parti, et un autre face-à-face entre le président Sall et une autre sommité de l’opposition, Idrissa Seck. Et ces deux challengers lancent à Macky Sall le défi de débattre contre lui, à la télé. 

N’importe laquelle du paysage audiovisuel sénégalais ou une de choix consensuel ? Quels seraient les critères et conditions d’un tel débat ? Sans un premier tour préalable pour opposer un premier arrivé à un deuxième dans une sorte de finale ? Ou devrait-on faire  comme il y a deux ans en Haïti, lors de l’élection présidentielle, quand la télévision mit sur un même plateau les cinq présidentiables pour un débat alors appelé ‘’Anvann vote 2016’’. Que devrait-on faire, ici au Sénégal ? Que le défié Macky Sall se soumette à un face-à-face à chaque fois qu’un de ses challengers en fait la demande et qu’une chaîne de télévision accepte d’offrir son plateau comme un petit pré sur lequel s’affronteraient les duellistes à fleurets mouchetés ou pas.

Mais on doit, à la vérité, de dire que la demande de face-à-face dans ce champ politique sénégalais risque de devenir banale, au vu de la facilité avec laquelle on en demande et redemande. Et c’est même aussi facile qu’aux arènes où des poids moyens osent défier de redoutables gladiateurs. Pensez au risible combat Manga II contre Balla Bèye (à ne pas confondre avec l’actuel et jeune Balla Gaye 2, Lion de Guédiawaye), un certain dimanche 13 juillet 1997, quand Bèye, non seulement fut terrassé, mais fut pris à la gorge par les très vigoureux bras d’un vainqueur qui, non satisfait de ne l’avoir pas roué de coups, tenait à lui endolorir la gorge.

Et pourquoi cette obsession (narcissique, pour ainsi dire) de ne vouloir débattre qu’à la télévision au lieu de la radio qui va plus loin et est créditée d’une pénétration plus profonde vers les potentiels électeurs ? Quand sa notoriété atteignit son point d’acmé avec l’effroyable et désastreuse grève du Sutelec en octobre 1992, le leader syndical Mademba Sock réclama, lui aussi, un face-à-face avec le président de la République d’alors, Abdou Diouf, pour, prétendit le challenger, parler de la crise de l’électricité et de la question de la Senelec. ‘’Quand le teigne (roi) du Baol devient trop vieux, des aveugles le titillent à coups de canne’’, enseigne un proverbe sérère du Djéguem.

Pourquoi monter si haut pour résoudre un problème pouvant l’être à un niveau intermédiaire ou subalterne ? Et puis, cela ne ferait pas un bon effet, autant sur une radio que sur une télévision, qu’en temps ordinaire un président de la République descende de son piédestal pour engager un débat avec un citoyen, si populaire que soit ce dernier. Engager de la parlotte avec des sauvageons (quoique très usité, le terme est péjoratif puisque désignant un enfant en déficit d’éducation) aussi, comme a eu à  le faire le président Sall avec des étudiants en grève pour les exhorter à retourner aux amphis. Il y a de ces face-à-face qui peuvent affaiblir une autorité.

Post-scriptum : Lundi dernier, la Rts 1 a commencé à diffuser une émission à caractère historique intitulée ‘’Il était une fois l’Afrique’’ et présentée par François Dupaire. A l’annonce de sa diffusion, j’avais attendu avec ferveur et trépignement cette émission, surtout que le premier numéro portant sur ‘’Le jour où Lumumba a été assassiné’’.  Patrice Lumumba, ce héros et martyr dont le souvenir et l’évocation me font littéralement perdre mes moyens. Ce numéro a été bien en deçà de mes attentes, car ne m’ayant dit rien de ce que je ne sais sur le héros de la tragédie congolaise de 1961 et même plus tard ; pas d’images d’archives, pas, pas… Il ne fait aucun doute que nos historiens universitaires, sans avoir d’images ni de films, auraient fait une présentation meilleure. A mon avis.

 

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