Interdit de relater un divorce dans la presse
A la lecture de l'affaire du faux en écritures venue se greffer au contentieux conjugal entre l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et son épouse , on comprend mieux pourquoi le droit de la presse interdit (sous peine de sanctions pénales) aux chroniqueurs judiciaires de faire le compte-rendu d'une audience d'un procès en divorce. Dans l'affaire opposant les ex-époux Mbaye, le document (en principe pénalement protégé) fait état d'adultère, d’infidélité et autres inconduites que Mme Mbaye reproche à son conjoint. Bien des sites ont reproduit les commentaires faits par le tribunal d'accusation qui n'auraient pas dû dépasser le périmètre de l'audience, mais qui sont allés bien au-delà, parce que des journalistes non seulement y ont eu accès, mais surtout ont entendu et ont pris note de débats qu'ils n'auraient pas dû relater à destination du public.
Les enfants du couple, ses parents, ses amis de même que le ‘’vulgum pecus’’ auront eu connaissance de conflits intimes ayant opposé une haute personnalité à son ancienne épouse qui se trouve être, elle aussi, professeur de médecine. Les personnes liées d'une manière ou d'une autre à l'un de ces conjoints ou aux deux méritent, elles aussi, d’être protégées.
Il y a une limite que le chroniqueur judiciaire ne doit pas franchir. C'est son éthique personnelle de journaliste et la déontologie de sa profession qui le prohibent.
On y trouve (à ces limites) des obstacles comme l'usage d'appareils enregistreurs qui ont fait l'objet d'échanges passionnés lors du Panel Médias et Justice tenu les 28-29 mai 2016 à Sally.
La Justice et l'éthique et la déontologie journalistiques ne peuvent pas protéger la vie privée de l'individu et laisser la porte ouverte à des démarches qui se délecteraient avec voyeurisme du conflit entre époux.
Qui a oublié le procès en polyandrie fait à la diva Fatou Guéweul par son ex-époux ? Mais surtout qui ne se souvient des questions à elle posées par le juge et qui semblaient, aux oreilles de la diva, traduire une tentative du juge de regarder par le trou de la serrure de la chambre conjugale de Fatou Guéweul et de Mapenda Seck ? Imaginez le raffut médiatique qu'aurait fait un journaliste sans circonspection professionnelle de la moindre révélation sur les instantanés de vie conjugale de la chanteuse dans la chambre de Mapenda Seck. Heureusement que l'artiste a refusé, avec une grande courtoisie et fermeté, la question, pour ainsi dire indiscrète du juge.
Pour en revenir au divorce des ex-époux Mbaye, il y a eu, peut-être, dans les rôles des tribunaux, des affaires aussi voire plus salaces, mais que la presse ne relatera pas. Peut-être parce que leurs protagonistes ne font pas le buzz... "Siiw du jammi boroom", chante le crooner Thione Seck. La rançon de la notoriété.
Certains discours de certains hommes politiques sénégalais ont de quoi vous plonger dans une perplexité renversante. Celui du maire socialiste de la Médina, Bamba Fall, est de ces propos qui ne facilitent pas la lisibilité du positionnement d'hommes et femmes politiques sous nos cieux sénégalais. Bamba Fall, récemment sorti de prison où il a été envoyé suite à une plainte de son parti, croit faire un pied de nez à ses camarades socialistes en regrettant d'avoir critiqué Wade et fils en tant qu'adversaires politiques ; et en révélant que Karim Wade lui a envoyé une forte somme d'argent.
Que deviendra l'adversité politique si, après perception d'enveloppes d'argent de la part d'un adversaire politique, on se met à battre sa coulpe comme un pénitent qui a mal compris sa faute ? Et ses fils en voudraient-ils à Bamba Fall parce que ce dernier aurait juste joué son rôle d'adversaire politique en flétrissant ce qu'il croit être une faute politique des Wade ?
S'il devait en être ainsi, les opposants n'ont qu'à aller se rhabiller et s'essayer à autre chose. Ou inventer une nouvelle activité qui serait ce que le Canada Dry est au gin, c'est-à-dire tout de ce breuvage sans l'être du tout.