Publié le 9 Dec 2022 - 23:48
CHAMBRE CRIMINELLE DE TAMBACOUNDA

L’oncle engrosse sa nièce de 14 ans et tente de faire inculper le petit-ami 

 

La troisième affaire inscrite au rôle d’audience de la chambre criminelle de Tambacounda a trait à un oncle qui a engrossé sa nièce mineure et essayé de faire porter le chapeau au petit-ami de cette dernière.  

 

La dernière session de la chambre criminelle de l’année 2022 a démarré à Tambacounda. Parmi les quatre affaires inscrites au rôle d’audience du premier jour, une a le plus retenu l’attention du public venu assister aux jugements. Il s’agit du procès d’Amadou Nguette alias ‘’Bamba’’, accusé de viol et de pédophilie commis par une personne ayant autorité sur la victime. Dans le cas d’espèce, le prévenu se trouve être l’oncle de la victime A. Sy qui était âgée de 14 ans, au moment des faits. Pour se soustraire de sa responsabilité pénale, le prévenu avait tenté de faire accuser le petit-ami de la jeune fille. Il a demandé à sa nièce de raconter que c’est son petit-ami qui est le père de l’enfant.

L’affaire a éclaté lorsqu’Abdoulaye Dia Sy a déposé une plainte auprès du parquet de Tambacounda contre Boubacar Cissé alias ‘’Président’’ pour détournement de sa fille mineure. Il expliquait dans la plainte que sa fille A. Sy était tombée malade et il l’avait envoyée chez sa famille maternelle au village de Hamdallaye Tessan. Le 22 août 2021, sa tante l’avait appelé au téléphone pour l’informer de la grossesse de sa fille. Il lui avait alors demandé de lui envoyer cette dernière. L’ayant conduite à l’hôpital, une grossesse de deux mois et deux semaines avait été diagnostiquée. Il avait alors décidé de porter plainte contre Boubacar Cissé, accusé d’être l’auteur de la grossesse par l’oncle.

Une enquête avait été ouverte à cet effet. Au cours de celle-ci, les gendarmes ont l’information selon laquelle la victime entretenait des relations douteuses avec son oncle maternel Bamba.

La fille, entendue lors d’une première audition, avait déclaré qu’elle sortait avec Boubacar Cissé qui l’avait violée à deux reprises dans sa chambre, en menaçant de la tuer, si elle la dénonçait. Lors de la seconde audition, la victime était revenue sur ses déclarations. Elle soutenait, cette fois-ci, que le prévenu l’avait violé à plusieurs reprises et que, de ses assauts répétés, elle avait contracté la grossesse. Pis, elle ajoutait que sa grand-mère, la maman de l’accusé, avait tenté de la faire avorter, lorsqu’elle l’a su. Elle soutenait avoir était forcée d’accuser Boubacar Cissé sous l’instigation de son oncle, de sa grand-mère et de sa tante.

Entendues, la grand-mère et la tante avaient versé dans les dénégations, en niant avoir essayé de faire avorter la jeune fille.

Boubacar Cissé, entendu à son tour, déclarait qu’il sortait avec la victime, mais n’avait jamais entretenu de rapports sexuels avec elle.

Devant la barre de la chambre criminelle, la victime a confirmé ses précédentes déclarations. Elle précisait qu’elle dormait dans le même lit que l’inculpé et que celui-ci lui avait fait croire qu’en couchant avec lui, ses maux de ventre allaient guérir.

Le prévenu, lui, a reconnu avoir couché à plusieurs reprises avec la fille, mais a soutenu qu’elle était consentante. Il ajoutait que c’est elle qui lui faisait des avances et venait nuitamment dans sa chambre. 

Le père de la victime : ‘’Il m’a même demandé de retirer ma plainte, mais j’ai refusé’’

Devant la barre M. Sy, père de la victime, a déclaré qu’il avait une confiance totale en l’oncle de sa fille. ‘’C’est la personne qui pouvait venir à n’importe quelle heure, n’importe quel moment pour l’emmener où il voulait, sans que je m’oppose’’, a-t-il déclaré avec amertume. Avant d’ajouter que c’est raison pour laquelle il lui a confié sa fille. Il était chargé de la transporter au village, chez sa maman, pour la faire soigner, car elle a des crises d’épilepsies. Le père de la victime d’ajouter : ‘’C’est quand j’ai porté plainte que j’ai commencé à me douter de la culpabilité de son oncle. Il n’arrêtait pas de m’appeler pour connaitre l’évolution de l’enquête. Il m’a même demandé de retirer ma plainte, mais j’ai refusé.’’

Dans sa plaidoirie, le parquetier a tout simplement reconnu le prévenu coupable de viol et de pédophilie commis par une personne ayant autorité sur la victime. Ainsi, il a requis une peine d’emprisonnement ferme de 10 ans.

La défense a, elle, juste demandé au tribunal de faire une application bienveillante de la loi à l’encontre de son client qui n’a pas de passé pénal et qui n’est pas dans le grand banditisme.

L’affaire est mise en délibérée par le juge, pour le 5 janvier 2023.

Boubacar Agna Camara (Tambacounda)

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