Publié le 22 Sep 2018 - 12:41
CHERIF M. ALY AIDARA (GUIDE DE LA COMMUNAUTE CHIITE DU SENEGAL)

‘’Les pressions faites sur notre communauté ne nous ébranlent point’’

 

La communauté chiite a fêté le 10e jour d’Achoura. Leur guide s’est prononcé sur les pressions exercées sur la confrérie et le sens galvaudé de la fête.

 

La communauté chiite a fêté le 10e jour d’Achoura qui coïncide avec le lendemain de la célébration de la fête de Tamxarit. Le guide religieux, Chérif Mohamed Aly Aïdara, est largement revenu sur le sens de la fête. L’Achoura, dit-il, n’est pas une fête, pour la communauté, mais un jour de deuil et de tristesse pour le Prophète et les membres de sa famille. ‘’C’est ce jour-là que le petit-fils de notre Prophète imam Hussein, le fils de Fatima Zahra, a été capturé et décapité avec ses enfants, ses partisans, ses femmes. Nous, on se rappelle de cet évènement, chaque 10 du mois de Mouharam. Maintenant, celui qui n’est pas triste ce jour et fait la fête est un sympathisant de ceux qui ont massacré l’imam Hussein’’, déclare le Chérif. Pour lui, c’est une date mémorable de l’histoire de l’Islam.

En outre, si cette célébration est considérée par certains comme marquant la fin de l’année musulmane, lui s’en démarque. Il s’explique : ‘’Je considère que, pour célébrer une fin d’année, le meilleur moment, c’est le jour de l’an, qui est le premier jour de l’année ou alors la veille, qui est la première nuit de l’année. C’est d’ailleurs ce qui se fait dans toutes les civilisations du monde. Il n’y a pas de raison d’attendre le dixième jour pour le faire.’’ Il insiste pour dire qu’Achoura est le jour d’un massacre ‘’inimaginable’’, ‘’inouï’’ et ‘’inhumain’’, le massacre du petit-fils bien-aimé du Prophète Abou Abdallah Al Houssein (Psl), la captivité de toutes les femmes et les filles de cette sainte famille dans les pires conditions, qui ont été traitées comme des esclaves.

‘’Si Ali Zeynoul Abidine (Psl), son fils et les enfants de son frère l'imam Hassan (Psl) n'avaient pas échappé à cette boucherie, peut-être que la famille du Prophète (paix et salut sur elle) serait exterminée. Ce génocide a été perpétré sous les ordres du calife omeyyade Yazid, fils de Mouawiya qui, à cette occasion, fit la déclaration suivante : ‘’Ah ! Si les chefs de ma famille qui sont morts à Badr avaient pu voir comment j’ai massacré les enfants et les compagnons de Mouhammad (Psl), ils m’auraient rémunéré et m’auraient dit : ‘Yazid, pourvu qu’il n’arrive jamais rien à ta main, car elle a tué Houssein.’ Je n’aurais jamais été digne, si je ne les avais vengés. Il n’y a plus rien qui rappelle la prophétie. Rien n’est venu du ciel, ni d’Allah", s’est rappelé Chérif.

‘’Il y a des pressions sur tous les plans’’

Profitant de la cérémonie, le religieux est revenu sur la vie de sa confrérie. ‘’Aujourd’hui, dit-il, la communauté chiite n’est pas très connue, donc, il y a des pressions sur tous les plans’’. ‘’Mais, prévient-il, elles ne nous ébranlent pas. Quand on secoue un palmier, c’est nous qui bougeons, mais lui ne bouge pas. Nous, on ne bougera jamais. Je voudrais que cela soit clair’’, martèle le Chérif. Le guide chiite renseigne être issu d’une famille ‘’très’’ connue en Mauritanie et est un descendant direct de l’imam Aly. ‘’Je n’ai pas besoin de vous dire que quelqu’un qui es petit-fils d’imam Aly ne peut avoir peur. Je suis rentré effectivement au Sénégal, depuis l’an 2000. Je suis né à Médina Gounas, à l’Est du pays. Je suis resté longtemps à l’étranger. Il y avait une communauté autour de moi et qui existe partout dans le monde. Elle s’appelle Mozdahir.  Il a été question, pour moi, de la créer autour de la communauté pour qu’elle soit un outil qui va servir la population. L’Ong a finalement pris toute la communauté’’, souligne-t-il.

Il rappelle que la communauté était là avant l’Ong. Celle-ci travaille un peu partout au Sénégal, à travers la construction d’écoles. ‘’Quand on construit des écoles, je demande à l’Etat d’y affecter des enseignants. Nous, de notre côté, nous y envoyons des personnes qui enseignent l’éducation religieuse.  Donc, on travaille à côté de l’école du Sénégal et pas à côté d’un individu. Nous avons un accord de siège avec le gouvernement sénégalais qui nous donne un statut diplomatique. Nous en avons aussi avec l’Etat de la Guinée-Bissau et celui de la Côte d’Ivoire’’, poursuit le religieux. A l’en croire, lesdits Etats lui ont tous demandé de venir dans leurs pays respectifs et perpétuer ce qu’il est en train de faire au Sénégal.

‘’Aujourd’hui, nous sommes au Burkina, au Mali, au Bénin et un peu partout dans le monde. Donc, nous n’avons pas de problème avec un Etat. Maintenant, les difficultés que nous rencontrons tous les jours, toutes les communautés qui se développent les rencontrent. Les gens ne connaissent pas que quand j’avais entre 10 et 15 ans, il y avait cette communauté qui se cachait. Aujourd’hui, c’est la plus grande communauté de ce pays. A l’époque, un membre n’osait même pas dire que je suis untel’’, se réjouit le guide des chiites.

CHEIKH THIAM

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