Publié le 11 Oct 2013 - 15:20
CIMENTS DU SAHEL

Complainte en sourdine d'ouvriers, la direction recadre

 

 

Le bras de fer entre la direction et les employés des Ciments du Sahel continue de plus belle. Cette fois, des ouvriers de la cimenterie de Kirène ruminent leur colère en silence de peur de s’attirer les foudres de leur employeur. Lequel récuse les accusations.

 

S'estimant lésés depuis leur arrivée à l'usine, des employés des Ciments du Sahel (Cds) s'en sont encore plaint à visage couvert. Selon nos sources dans la cimenterie, ''après la crise suite au bras de fer entre ces derniers et la direction, presque rien n’a changé à part la durée de travail''. ''Au lieu de 12 heures comme imposées jadis par la direction, les ouvriers ne font plus que huit heures de travail par jour'', font-elles savoir. Mais, le plus grave pour certains ouvriers de la cimenterie sise à Kirène, ''la convention collective des mines ne (leur) est pas appliquée''. ''Nous sommes alignés sur la convention bâtiment (Btp) alors que nous devrions être pris en charge par la convention des mines. Ainsi, nous sommes traités comme des maçons. Évidemment, cette situation se répercute sur nos salaires'', se désolent nos interlocuteurs. Lesquels disent être en train de regretter leur départ de la société concurrente, la Sococim qui les ''traitait mieux''.

En outre, les plaignants s'en prennent à la direction générale des Cds, pointant un ''despotisme'' dans la gestion de l'entreprise. ''Nous sommes beaucoup pénalisés par les repos médicaux pompés sur nos salaires. Plusieurs repos médicaux dans un même mois provoquent directement un arrêt pur et simple de travail et la perte du salaire'', tempêtent des ouvriers dépités par ce qu'ils considèrent comme un ''manque d’indulgence'' de la part de leur employeur. Ils reprochent par ailleurs à celui-ci de museler leur syndicat : ''Nous souffrons de l’absence d’un syndicat. Il y a eu, avant la dernière grève, des gens qui nous défendaient. Mais actuellement, de peur de perdre leur emploi, ces personnes se sont tues. Le syndicat maison est à la solde de la direction et ne fait rien pour l’amélioration de nos conditions. Il n’est syndicat que de nom.''

 

En effet, il y a un an, les Ciments du Sahel ont été secoués par une grave crise consécutive à une exigence par des travailleurs du respect de leurs droits par l'employeur. Tout était parti d’un tract incendiaire et anonyme décriant un ''traitement inhumain'' dont auraient été victimes des travailleurs de la cimenterie. Un employé chargé de la sécurité, affecté au pont bascule, avait été soupçonné, interpellé puis arrêté. Il s'en était suivi un mouvement de solidarité en sa faveur, amenant les ouvriers à tenir tête à leur direction en exigeant une libération immédiate de leur camarade. Et durant 72 heures, ils ont observé une grève forcée car ayant été sommés de vider leur lieu de travail avec l'aide de gendarmes. Soupçonnés de vouloir saboter les installations, ces ouvriers avaient été délogés à coups de grenades lacrymogènes. Ils ont été même interdits de sit-in dehors en face de l'usine. Mais la direction et les ouvriers avaient par la suite trouvé un terrain d'entente grâce à l'intervention du député imam Mbaye Niang qui a joué les bons offices.

 

La direction déplore une méconnaissance des textes

 

Saisi par EnQuête, le directeur adjoint chargé des ressources humaines fustige un manque d’expérience des travailleurs de la cimenterie de Kirène. De l'avis de Souleymane Ndong, ''l’application de la convention est dictée par la nature de la raison d’être de la société et l’activité principale de l’entreprise qui s’active dans la production et la vente qui se trouvent être son élément de base dans le secteur du Btp. L’extraction au niveau des carrières est une activité d’accompagnement''. Ainsi, il soutient qu’il est loisible pour les Ciments du Sahel ''d’appliquer les deux conventions mais cela entraînerait des différences de traitement au détriment de tous les ouvriers, de certains employés et de tous les cadres à qui la convention des mines serait appliquée pour la simple raison que les salaires de base du secteur des Btp est supérieur à celui des mines pour des catégories de travailleurs, contrairement à ce que soutiennent les agents qui vous ont saisi''.

A en croire toujours le directeur adjoint chargé des ressources humaines, ''le classement au niveau de ce barème se limite à P 3 B avec un salaire de base de 201 665 francs alors que le classement des cadres dans le baromètre du Btp va jusqu’à P 5 avec un salaire de base 316 299 francs''. C’est ce qui explique, d'après M. Ndong, que les cadres soient pris en charge selon le barème de la mécanique générale.

Concernant les repos médicaux, le chargé des ressources humaines fait savoir qu’ils n’ont aucun impact sur les salaires parce qu’ils sont ''couverts par les indemnités en lieu et place du salaire''. Ce sont plutôt les heures supplémentaires qui ne sont pas payées, précise-t-il, notant que ''l’arrêt dû aux repos successifs n’est qu’une application des articles 19 et 20 de la convention collective''. M. Ndong a également démenti qu’aucune ''structure syndicale n’est à la solde de l’entreprise, une telle assertion n’est pas une réalité de l’entreprise''.

 

 

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