Publié le 21 Nov 2020 - 00:47
CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL

Idrissa Seck installé dans ses nouvelles fonctions 

 

L’ancien Premier ministre est revenu, hier, dans l’Administration sénégalaise, dans la peau de la quatrième personnalité de l’Etat.

 

Dix-neuf jours après sa nomination, le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a été officiellement installé, hier, dans ses nouvelles fonctions. Dans une cérémonie solennelle dénuée d’artifice, Idrissa Seck a pris le relais d’Aminata Touré, une semaine après avoir manqué la passation de service avec l’ex-présidente. Ceci, dans l’optique, dit-il, de satisfaire aux attentes placées en lui par le président de la République Macky Sall, pour qui il est important de faire du Cese une institution utile aux yeux de tous.

Il ajoute : ‘’Au service de notre mission d’examen, de réforme, de dialogue et de coopération en faveur de la politique économique, sociale et environnementale de la nation, avec la participation de l’ensemble des forces vives de la nation représentées dans notre assemblée, il nous faudra faire davantage preuve d’humilité, d’ouverture et de disponibilité pour une écoute appropriée des préoccupations, demandes d’avis ou d’études de Son Excellence Monsieur le Président de la République, de son gouvernement, de l’Assemblée nationale et de tous les citoyens sans exclusive.’’

Devant l’ensemble des conseillers, une délégation du gouvernement et la présidente honoraire du Cese, Aminata Tall, l’ex-opposant a rappelé l’impératif, pour cette institution, d’œuvrer à ce qu’aucune préoccupation des Sénégalais n’échappe à l’attention du Cese. La plus urgente est l’émigration irrégulière. Car, révèle Idrissa Seck, ‘’au cours de la longue et enrichissante audience qu’il a bien voulu m’accorder, pour recueillir ses directives, orientations et attentes, j’ai pu retenir que le sort de la jeunesse, particulièrement celle qui se tourne désespérément vers l’émigration clandestine, est au cœur des préoccupations de Monsieur le Président de la République’’.

Une jeunesse pour laquelle l’ancien maire de Thiès a prié, afin qu’elle puisse réaliser son aspiration légitime au bonheur, en terre sénégalaise et africaine.

D’autres questions attendent également les avis et recommandations des conseillers du Cese : l’emploi des jeunes, les inondations récurrentes et l’érosion côtière induites par les changements climatiques, et la gestion des ressources naturelles, notamment celles pétrolières et gazières. Le président Idrissa Seck va s’intéresser aussi ‘’aux formidables potentialités qu’offre la révolution numérique, compte tenu de la nécessité de bien préparer nos enfants et petits-enfants au monde de demain qui sera dominé fortement par l’intelligence artificielle’’, dit-il.

Il en est de même du désir de souveraineté que la Covid-19 a réinstallé au cœur de toute réflexion en matière de politique publique, partout dans le monde.

Après la remise symbolique de l’écharpe tricolore aux couleurs nationales, Baïdy Agne a accueilli le nouveau président Idrissa Seck par des propos fédérateurs. Pour le premier vice-président du Cese, ‘’s’il est reconnu que notre pays est un champion du dialogue, je dirais qu’il est vrai qu’on se parle et qu’on écoute. Mais il n’est pas toujours avéré que l’on se comprenne. Votre tâche est exaltante et délicate. Car vous devez prendre le pouls de tous les citoyens qui contribuent au développement économique, social et environnemental de notre pays, en prenant en compte leurs sensibilités et leurs visions prospectives’’. 

Parce que le Cese regroupe des représentants de toutes les composantes la société, le président du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP) poursuit, en assurant que la cérémonie d’installation d’hier ‘’traduit l’union et la solidarité de ceux qui ont cette motivation de mobiliser des énergies nationales dans leur diversité ; cette ambition de donner un avenir socioéconomique durable à notre nation et, en troisième lieu, cette passion pour le ’J’aime mon pays’ le Sénégal’’. 

Venu représenter le président de la République et son gouvernement, le ministre en charge des Relations avec les institutions a insisté sur l’importance que revêt le CESE. ‘’Je puis témoigner que vous êtes à la tête d’une institution sur laquelle compte beaucoup le président de la République. (…) Je ne doute point que votre touche personnelle permettra au Cese de continuer à affronter le chemin de l’amélioration constante, de la consolidation des productions et du renforcement de la visibilité des actions, afin de permettre aux Sénégalais qui ne le sauraient pas encore, de mieux appréhender la noblesse et l’utilité de cette éminente institution’’, a déclaré Samba Sy.

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FACE AUX CRITIQUES SUR SA ‘’TRAITRISE’’

Idy fait le show et nargue ses détracteurs

En marge de la cérémonie de son installation au Conseil économique, social et environnemental (Cese), le président du Rewmi a répondu à ses détracteurs politiques.

‘’Aujourd’hui comme hier, ma réflexion et mon action portent plus sur les solutions à apporter aux difficultés des citoyens que sur la polémique’’. En voulant se démarquer de la controverse qui anime le pays depuis qu’il a décidé de rejoindre le gouvernement du président Macky Sall, le président du Rewmi a assuré le show à l’auditorium Mamba Guirassi du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Dans son style particulier, alliant posture politique et maraboutique, Idrissa Seck a évoqué, sans gêne, toutes les critiques dont il fait l’objet depuis sa nomination par le chef de l’Etat.

Ainsi, se défend-il, ‘’s’agissant de mon intention antérieurement exprimée de ne plus accepter une nomination par décret, j’ai appris d’un grand soufi que ‘’la nécessité crée l’exception, même en religion’’. L’homme peut se prétendre maître de ses intentions et de ses actes, mais son destin relève de ce que les croyants appellent Volonté divine et que les non-croyants pourraient nommer contexte, circonstance ou situation’’.

Le constat est clair. Limpide ! En termes de ‘’Wakh wakhète’’ (se dédire), ‘’Ndamal Kadior’’ a bien retenu ses leçons. D’ailleurs, reconnait-il, ‘’je suis un homme nuancé. Celui qui m’a formé en politique (Abdoulaye Wade, NDLR) me l’a appris. La compréhension est très importante. Elle l’est bien plus que les mots utilisés. C’est ce qui est garant d’une connaissance de qualité’’.

Ces explications alambiquées, teintées d’humour de l’ancien maire de Thiès, suivent un revirement dont il a le secret. En effet, selon Idrissa Seck, il n’a jamais dit qu’il ne sera plus nommé par décret. Le diable est dans les détails. La subtilité dans les nuances. ‘’J’avais dit que je n’ai plus l’intention d’être nommé par décret’’, précise-t-il ses propos.      

Autres déclarations que le nouveau président du Cese récuse avoir faites : celle de supprimer le Cese. ‘’Je n’ai pas dit cela. Qui en détient la preuve du contraire peut la montrer’’, assure-t-il, avant d’invoquer à nouveau la religion musulmane. ‘’Le Prophète de l’islam nous a dit que lorsqu’un voyou vous apporte une nouvelle, vérifiez là avant de la croire’’. 

L’ex-opposant dit cependant comprendre ses compatriotes qui s’interrogent ‘’légitimement’’ sur le fondement de ‘’ (sa) décision’’. Sa réponse est que ‘’face à certaines circonstances historiques, il faut dépasser l’attitude stérile du spectateur, celle de la résignation et de l’exigence sans cause. Il faut agir, au bénéfice exclusif des populations. Peu importe le coût pour sa propre image ou même sa vie qui, au regard du destin d’une nation, demeure une insignifiance’’.

Après avoir refusé, avec les trois autres candidats de l’opposition, les résultats de l’élection présidentielle de 2019, l’ancien Premier ministre dit être passé à autre chose. ‘’Le contentieux a été éteint par l’ouverture du Dialogue national et les résultats remarquables qu’il a produits. Ceux qui attendent encore à la gare 2019 doivent réaliser que le train est déjà au loin. Il s'élance déjà du quai 2020, en route pour 2050 et au-delà, s’il plaît à Dieu’’, nargue-t-il.

Non sans assumer sa relation nouvelle avec le président Macky Sall avec qui tout roule comme sur des roulettes.   

Idrissa Seck répond à Aminata Touré…

Le nouveau président du Cese s’est défendu de mener une chasse aux sorcières contre Aminata Touré qu’il a remplacée le 1er novembre dernier. Idrissa Seck se veut clair : ‘’Je n’ai pas trouvé sur place un rapport détaillé de la situation du Cese, paraphé par mon prédécesseur. J’en ai parlé à celui à qui je dois rendre compte. Il m’a demandé de faire une situation de référence. C’est ce que j’ai demandé. Mais je ne fouille la gestion de personne. Je n’en ai pas ce temps. J’ai d’autres chats à fouetter.’’  

Avant de prendre ses fonctions, le président du Rewmi dit avoir recherché dans la bibliothèque (du Cese, NDLR) tout le travail de ses prédécesseurs, pour s’en inspirer et éviter de reproduire des choses déjà faites. ‘’Quand la situation de référence sera faite, retient Idrissa Seck, je signerai le rapport. Je le transférerai à celle qui m’a précédé pour savoir ce qu’elle en pense. Qu’elle réponde ou pas, peu importe. Mais il n’y aura point de controverse. Nous vivons un temps de rassemblement et d’avancement’’.

Après avoir organisé son départ, l’ex-présidente du Cese a déploré que ses anciens collaborateurs aient été interdits d’accéder à leur lieu de travail. Sans nier les faits, son successeur a déclaré vouloir évaluer l’administration qu’il a trouvée sur place pour déterminer qui sera en mesure d’apporter la meilleure expertise pour travailler à la réussite de sa mission.

‘’Je continuerai avec ceux qui auront ma confiance et remplacerai ceux que je n’estime pas assez prêts pour la mission’’, résume-t-il.  

… qui ne se fait pas prier pour en remettre une couche

Quelques minutes après les déclarations d’Idrissa Seck sur la situation au Cese, Aminata Touré est intervenue pour apporter ses vérités. L’ex-quatrième personnalité de l’Etat a assuré que si son successeur n’a pas reçu un point détaillé de la gestion précédente de l’institution, c’est parce qu’il ne s’est pas présenté à la cérémonie de passation de service qui sert à cela. ‘’S’il était venu, ce qui était plus élégant, je lui aurais fait le point. Mais même mes collaborateurs ont reçu des lettres leur demandant de ne pas entrer dans l’enceinte du Cese. Toutefois, au moment où l’on parle, le directeur administratif et financier a été rappelé pour faire la passation de service’’. 

L’ancienne ministre de la Justice estime que, pour la bonne marche du pays, il est impératif de séparer la gestion de l’Administration des activités politiques. Car les combines, assure-t-elle, ne servent ni les populations ni l’Administration.

Lamine Diouf

 

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