Publié le 6 Sep 2013 - 21:35
CONTENTIEUX

 La Senelec ferraille avec un de ses ex-employés

 

 

Entre la Société nationale d'électricité et un de ses employés licencié en 2008, c'est un peu le combat du pot de fer contre le pot de terre. La justice suit son cours, à son rythme...

 

Licencié en mai 2008 par la direction générale de la Senelec, Abdoul Aziz Aw n’arrive toujours pas à digérer cette pilule amère. Agent commercial d’intervention à la relève, il a traîné en justice son ex-employeur qu'il accuse d'«abus de pouvoir» et pour fabrication et usage de fausses preuves afin de ne pas lui payer ses droits, s'indigne-t-il. «J'ai d'abord saisi l'inspection du Travail pour une tentative de conciliation avec un refus du représentant de la Senelec. Cette même personne me recevra en juin et septembre 2011 (3 ans après le licenciement) pour me proposer de l'argent contre un retrait des plaintes. Quand j'ai refusé, elle m'a dit : tu as intérêt à prendre ce qu'on te propose, on fera appel et cela durera 10 ans.»

Pour M. Aw, les choses ne peuvent pas aboutir de sitôt car, dit-il, «comme le directeur commercial et de la clientèle et mon chef d'agence à Ouakam étaient déjà mêlés à un licenciement raté d'un agent à Pikine, sans ignorer que ce dernier était en réalité un délégué du personnel, ils étaient exposés à une seconde faute qui pourrait coûter plusieurs millions à la société, après ceux perdus en indemnités par leur faute».

Abdoul Aziz Aw se dit dans ses droits. «La seule demande d'explication qui m'avait été envoyée le 2 juin 2008 est datée du... 26 mars 2008 et elle situe la "faute" aux 14 et 20 mai 2008. Une demande d'explication antidatée et qui ne pouvait être écrite que par quelqu'un qui avait déjà reçu et lu la lettre de licenciement qui, elle, situe les faits supposés avant le 27 mars 2008», explique l'ex-agent de Senelec.

 

«Affaire pendante devant la justice»

Face aux lenteurs notées dans le traitement de son dossier, il dénonce une «impunité» toujours en vigueur dans notre pays. «Je ne peux pas me battre seul contre la Senelec, la police qui a choisi son camp, les juges qui ont assez de preuves, et les avocats. Il est inadmissible que des personnes qui ont des parents haut placés ou politiciens se croient au-dessus de la loi.»

A la Direction générale de la Senelec, où EnQuête s'est rendue pour y voir un peu plus clair, les responsables que nous avons rencontrés n'ont pu s'empêcher d'esquisser un léger sourire. Ils parlent juste de «licenciement légitime» sans entrer dans les détails de l'affaire. Mais avec une précision qu'ils disent de taille : «Si c’était vraiment un licenciement abusif, au moins, le syndicat-maison aurait défendu sa cause…», lâche un responsable, impitoyable. «Nous lui avions proposé une médiation devant l’inspection du Travail mais il l'avait déclinée. L’affaire est maintenant pendante devant la justice…» Pour dix ans peut-être, ou même quinze...

 

 

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