Publié le 24 Mar 2016 - 02:20
DANGERS LIES A LA CONSOMMATION EXCESSIVE DE SEL

Les femmes et leur recherche effrénée du goût

 

La consommation de sel n’est pas souvent contrôlée dans les foyers. Beaucoup ignorent le nombre de grammes qu’un individu doit prendre par jour. De façon démesurée et excessive, les femmes utilisent les bouillons, s’exposent et exposent la famille au danger.

 

‘’Na saf sapp (que ça soit savoureux) ! Préparer un repas sans bouillon, c’est impossible’’. Cet avis de Fatou Mbaye, une mère de famille rencontrée au marché Gueule Tapée des Parcelles Assainies, en cette matinée poussiéreuse, peut être le cri du cœur de nombreuses cuisinières dans ce pays. Il est 9 heures environ.  Un léger vent froid souffle dans ce lieu de commerce. Panier à la main, foulard sur la tête, Fatou Mbaye fait son marché quotidien. Devant une petite table, elle marchande un paquet de bouillons. Car Mme Mbaye ne peut pas s’en passer, malgré les nombreuses maladies qu’ils causent. ‘’De toute façon, on doit toujours mourir de quelque chose. Imaginez un repas sans bouillon, c’est comme la salive d’un bébé. Cela n’a aucune saveur’’, confie-t-elle. Le sel, elle n’en utilise pas trop, mais le bouillon, c’est autre chose.

Embouchant la même trompette,  Dieynaba Pouye renchérit, espiègle : ‘’Tout est saveur chez la femme.’’ Cette quinquagénaire est une véritable adepte des bouillons. La preuve, elle garde les étiquettes pour ensuite jouer aux concours. Mais contrairement à d’autres femmes, elle dit respecter les règles d’utilisation. ‘’J’en mets un par repas. Depuis que j’ai appris à la télé que les bouillons sont responsables de plusieurs maladies cardiovasculaires, je contrôle tout à la maison. Parce que l’excès de sodium est nuisible, comme tout excès d’ailleurs’’, raisonne-t-elle.

‘’Si le sel était bon…’’

Assise sur un banc, le regard pensif, Simone Malou attend un taxi clando pour rentrer. Elle a déjà fini de faire son marché quotidien. Le panier rempli de condiments, elle parle en souriant. L’utilisation du sel, elle n’en abuse pas. Même si elle reconnait ne pas pouvoir se passer des bouillons. Mais elle s’empresse de dire qu’elle n’utilise pas n’importe quel bouillon. ‘’C’est un seul que nous utilisons à la maison et chez mes parents. Pour le repas de midi, ma maman mettait deux bouillons. Maintenant, moi j’en mets un seul, parce qu’on est trois à la maison‘’, explique Mme Malou.

Toutefois, ces femmes ignorent la quantité de sel qu’un individu doit consommer par jour. Elles ne prennent pas le temps de lire ce qui est écrit sur les étiquettes des bouillons. Tout ce qui compte pour elles, c’est la saveur de leurs plats concoctés avec amour.

Allongée sur un canapé, dans son salon, Suzanne Mendy lit attentivement son journal. Très concentrée, elle n’entend même pas les salutations. La blancheur de ses cheveux donne une idée sur son âge. Elle ne met jamais de bouillons dans les plats qu’elle cuisine. ‘’Tout ce que je prépare, c’est avec du sel iodée et de façon mesurée. J’utilise une cuillérée à café de sel pour mes repas. Pour donner de la saveur à mes sauces, j’y mets des épices. C’est tout simple’’, confie Mme Mendy.  Cette méthode, elle l’a apprise de sa mère. ‘’Ma maman a perdu son père à cause d’un AVC.

C’est dur de perdre quelqu’un à cause d’un excès de sodium. Depuis lors, ma grand-mère leur a interdit de préparer avec du bouillon. Un des ses amis lui a expliqué comment utiliser le sel. Depuis cette date, aucun membre de la famille n’utilise de bouillon’’, narre-t-elle. Avant d’ajouter : ‘’Si le sel était bon, on n’allait jamais l’interdire aux femmes enceintes. Nous femmes devons surveiller tout cela, pour sauver nos enfants.’’

VIVIANE DIATTA

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