Publié le 10 Dec 2021 - 17:20
DESTRUCTION DE PANNEAUX PUBLICITAIRES A DAKAR

La rage de l’APRP

 

Suite à la destruction de ses panneaux, l’Association professionnelle des régies publicitaires du Sénégal (APRP) a manifesté son indignation, hier, face à la presse. Clédor Sène révèle que cette ‘’forfaiture’’ est pour baliser le chemin à JC Decaux, une entreprise française.

 

Les membres de l’Association professionnelle des régies publicitaires du Sénégal (APRP) sont ivres de colère, à cause de ‘’la destruction massive de ses panneaux publicitaires’’. D’après Clédor Guèye, le porte-parole, cette entreprise de destruction est menée par la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos). Il explique : ‘’La Dscos est en train de détruire nos panneaux publicitaires, sous prétexte de lutter contre la pollution visuelle sur tout le long de la corniche-Ouest. Pour être claire, nous sommes pour ce combat. Mais doit-on pour autant chercher à liquider volontairement des petites et moyennes entreprises (PME) sénégalaises et des petites et moyennes industries (PMI) ?’’

Cette préoccupation de M. Guèye a, par conséquent, attisé la colère d’Abdoulaye Thiam. Selon le président de l’APRP, il y a une ségrégation et du favoritisme dans cette affaire. Il fulmine : ‘’C’est une catastrophe, ce qui se passe. En détruisant, ils ont visé les supports qui sont noirs, qui appartiennent à des Sénégalais et ont laissé ceux qui appartiennent à leurs amis ou à leurs protégés. Sur l’ensemble des axes qu’ils ont déguerpis, ils ont enlevé tous les supports des autres commerces : les banques, petit commerce, restaurants… Ils ont même enlevé un panneau qui a fait trente ans sur la corniche.’’

Et pour attirer l’attention du public, il révèle : ‘’L’État du Sénégal a fini de vendre tout ce qui est bon dans ce pays à des étrangers. Nous disons aux Sénégalais de faire attention. Alors que le monde est, aujourd’hui, frappé par un marasme économique, les entreprises n’ont d’autre voie que d’aller faire du néocolonialisme économique et nos dirigeants ne sont pas encore conscients. Il ne sera pas acceptable de donner cette faveur, pour quelque motif que ce soit, à un Japonais, à un Chinois, bref, quelle que soit la nationalité de l’étranger.’’

Pour lui, ces destructions entrainent, par conséquent, un manque à gagner concernant deux choses : le matériel publicitaire qui est détruit et l’annulation de tous les contrats actuels et à venir avec les annonceurs. ‘’Aujourd’hui, ils ont détruit trois cents à cinq cents panneaux publicitaires, entre la corniche et toute la boucle présidentielle, en prenant en compte l’autoroute Malick Sy, la RN1 rond-point Patte d’Oie jusqu’à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, la route des Almadies… On est en train de faire des régies. Ceux qui ont déjà fini leur évaluation estiment qu’on est à peu près entre 300 et 500 millions de pertes. À préciser que cela concerne seulement le matériel publicitaire. Et pour ce qui est des contrats des annonceurs, nous sommes en train de récupérer les données pour savoir sur chaque panneau ce qui était dedans, qu’est-ce qui était prévu…’’.

Un panneau peut coûter entre 1 et 20 millions F CFA

Selon un communiqué qui vient, ainsi, renforcer les déclarations de M. Thiam, un panneau peut coûter entre 1 et 20 millions de francs CFA. En renseignant que les marchés de fabrication des panneaux sont gagnés par d’autres entreprises sénégalaises, le communiqué en déduit que ce sont des dizaines de PME et de PMI travaillant autour de la fabrication, du montage des panneaux qui risquent de fermer boutique, sans compter les investissements consentis dans l’impression numérique avec des machines ‘’de dernière génération’’.

Pour mieux expliquer la participation des panneaux publicitaires à la création d’emplois, un intervenant laisse entendre : ‘’Ces gens veulent donc nous tuer en détruisant ces panneaux. Ils ne savent pas combien sont nombreux ceux qui trouvent leur compte dans ce métier : les maçons, les soudeurs métalliques, les afficheurs, les décorateurs, les peintres, les électriciens, les imprimeurs, les techniciens, les logisticiens, les marqueteurs, les photographes, les infographes… Alors, il y a combien d’emplois qui risquent de tomber à l’eau ? Il faut que les gens reviennent à la raison.’’        

Et comme si sa furie augmentait, M. Thiam avance : ‘’Nous ne mangeons pas de l’argent public, n’achetons pas nos voitures avec de l’argent public, ne roulons pas avec le carburant de l’argent public, n’amenons pas nos enfants à l’étranger avec des bourses de l’argent public… Nous sommes de vaillants Sénégalais qui avons eu à travailler pendant une dizaine d’années.’’

En effet, selon eux, ce n’est que deux jours avant le démarrage des opérations de destruction qu’ils ont su, à travers un communiqué de presse de la DSCOS, que cette dernière va entamer la dépose des panneaux, du mardi 30 novembre au 10 décembre 2021. Ils informent aussi qu’ils ont adressé de nombreuses correspondances successivement au ministère de l’Urbanisme, à l’Ageroute, à la préfecture de Dakar, à la présidence, à la DSCOS elle-même. D’après M. Guèye, ces derniers sont incapables de leur fournir des explications quant à l’auteur de ces destructions, mais aussi des réponses exactes par rapport à leurs demandes et attentes.

Clédor Sène : ‘’Tout ceci se fait pour baliser le chemin à JC Decaux, une entreprise française’’

Venu apporter son soutien à l’APRP, Clédor Sène a fait des révélations. Le leader du mouvement Claire Vision informe que l’État du Sénégal est sur le point de faire venir au pays une entreprise française qui s’active dans le domaine de la publicité. ‘’C’est inadmissible de promouvoir l’entreprenariat des étrangers au détriment des nationaux. La vérité est que tout ceci se fait pour baliser le chemin à JC Decaux, une entreprise française. Vous allez l’entendre ou la voir les jours à venir. Ça relève de la haute trahison, car les autorités sont là pour protéger l’entreprenariat national. C’est la même chose avec les plaques d’immatriculation qui étaient réservées à des ‘gorgorlous’ (débrouillards). Une entreprise française a fini par les reprendre de leurs mains.’’

Également présent à la rencontre, Dame Mbodj, Secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems/Authentique) a pointé du doigt le chef de l’État qui, à son avis, est derrière ces destructions. ‘’Au lieu d’opter pour la préférence nationale, le président Macky Sall sabote les entreprises sénégalaises et détruit des emplois. Dans ce contexte de Covid où les pays, à travers le monde, sont en train de se barricader et d’encadrer leurs entreprises et de les renforcer, on a un président de la République, sous le couvert de la Dscos, qui met au chômage de vaillants Sénégalais, qui n’ont eu le tort que de créer des emplois pour des Sénégalais’’.

Il en appelle à la solidarité de tous : ‘’En tant que syndicat, le Cusems/Authentique est fortement impliqué dans la lutte. Et j’appelle tous les syndicats à nous rejoindre. Nous n’accepterons pas que le président Macky Sall ferme des entreprises pour permettre à des étrangers de venir s’installer dans les régies publicitaires. Personne ne l’acceptera ! Ce pays n’appartient pas à Macky Sall.’’

EL HADJI FODÉ SARR (STAGIAIRE)

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