Le général al-Sissi candidat à la présidentielle «si le peuple le réclame»

En Egypte, le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré qu’il serait disposé à se présenter à l'élection présidentielle s’il était mandaté par le peuple et l’armée. Une déclaration faite samedi 11 janvier 2014, lors d’un séminaire organisé par l’armée, et rapportée par plusieurs journaux égyptiens.
« Le général se fait désirer ». C’est ainsi qu’un analyste a décrit la déclaration du général al-Sissi. Répondant à un appel de participants au séminaire à se présenter à la présidence, l’homme fort de l’Egypte a répondu qu’il devait être mandaté par le peuple.
Le ministre de la Défense a alors appelé les Egyptiens à descendre massivement voter lors du référendum sur l’amendement de la Constitution prévu mardi et mercredi « La participation massive est une responsabilité nationale en vue de rectifier le processus démocratique et construire un Etat moderne répondant aux aspirations de tous les Egyptiens », a ainsi déclaré Abdel Fattah al-Sissi.
« L’Egypte est à une croisée historique des chemins, descendez voter, s’il vous plaît », a ajouté l’homme fort de l’Egypte dans un discours apparemment improvisé.
Les civils invités au séminaire l’ont alors acclamé. Le ministre de la Défense a ajouté qu’il avait besoin du mandat de l’armée et c’est à ce moment-là que tous les militaires se sont levés, rapportent des témoins.
Le général al-Sissi est considéré par une majorité d’Egyptiens comme « l’homme fort » qu’il faut à la tête du pays en cette période troublée. Il est pour eux « celui qui a répondu à l’appel du peuple » en destituant le président Frère musulman Mohamed Morsi.Des millions de personnes étaient descendues lui manifester leur soutien le 26 juillet quand il avait demandé d’être mandaté pour lutter contre le terrorisme.
Plusieurs commentateurs estiment que cette « participation massive au référendum » demandée par le général al-Sissi est une sorte de condition à sa candidature au poste suprême. « Ce ne sera plus seulement un référendum, mais un plébiscite », prédit un analyste.
Un référendum boycotté par les Frères musulmans
Dans les rues de la ville de Fayoum, Mohamed Khalifa préfère que l’on marche quelques pas derrière lui. Cet ingénieur de 33 ans, membre des Frères musulmans depuis dix ans, dit pouvoir être arrêté à tout moment.
Comme le reste de la confrérie, il va boycotter le référendum. Car y participer, même pour dire non, ce serait reconnaître la légitimité des nouvelles autorités.
« En boycottant, nous ne facilitons pas les choses pour l’État, au contraire ! Le pouvoir veut faire croire qu’il bénéficie de la légitimité populaire, que ce n’est pas un coup d’État. Mais ce n’est pas possible, il n’y arrivera pas, assure Mohamed Khalifa. Et ce sera très clair lors du référendum : combien de personnes ont participé au dernier référendum, et combien vont participer à celui-ci ? »
Les Frères musulmans misent sur taux de participation inférieur aux 32 % enregistrés lors du référendum sur la précédente Constitution. Mais faire campagne pour le boycott est chose quasi impossible. « Bien sûr, on ne peut pas mettre des affiches sur les bus !
Mais on utilise les médias populaires pour parler aux gens, comme Internet. Et lors de nos manifestations, on a des pancartes appelant à boycotter le référendum, même si on peut être arrêté et nos affiches déchirées », confie Mohamed Abdel Hafez, un médecin de 26 ans, responsable des médias pour la confrérie dans le Fayoum.
En décembre 2012, dans le gouvernorat du Fayoum, près de 90 % des votants avaient approuvé le texte adopté par les islamistes.
(rfi.fr)