Publié le 26 Jul 2017 - 20:38

En quête de bouclier constitutionnel surréaliste !

 

A la lecture du communiqué de la Présidence de la République, publié ce 24 juillet 2017, il ressort que l’Exécutif rejette la responsabilité de l’actuelle cacophonie électorale sur le peuple. Par ricochet, elle se cache derrière la Société civile qu’elle semblait fuir depuis un certain temps. Faut-il le préciser, la Société civile a toujours demandé que ses propositions fassent d’abord, l’objet d’une discussion entre tous les acteurs de la compétition électorale (partis politiques, indépendants etc.) avant toute décision des autorités exécutives. Le dialogue sincère et la recherche de consensus forts ont toujours été des points d’honneur de la Société civile.

Selon la Présidence de la République, l'unique et le seul responsable de la situation dramatique et inédite que nous sommes en train de vivre : c'est le peuple. En effet, le communiqué publié le 24 juillet 2017 indique: "ainsi, au regard des lenteurs notées dans le retrait des cartes d'identité biométriques, le Président de la République a saisi le Conseil Constitutionnel, par lettre en date du 24 Juillet 2017, conformément à l'article 72 (sic) ( Ndlr : il s’agit plutôt de l'article 92) de la Constitution, sur la possibilité que les électeurs n'ayant pu retirer leur carte puissent voter aux élections législatives du 30 juillet 2017..." Pour la Présidence de la République, les dysfonctionnements sont dus aux lenteurs dans le retrait mais ne sont pas imputables à la production ni au système de distribution des cartes d’électeur. Si l’on comprend bien, le Ministère de l’intérieur n’a aucune responsabilité dans cette mascarade.

Ainsi, ‘’au regard des lenteurs notées dans le retrait des cartes d’identité biométrique’’, le Président de la République saisit le Conseil Constitutionnel.

En suivant la logique de la Présidence de la République, au Sénégal, on peut désormais se prévaloir de sa propre turpitude. 

La vérité est que la Présidence de la République doit reconnaitre humblement ses manquements dans l’ensemble du processus électoral, et en particulier, dans le processus de production et la distribution des cartes d'électeur.

Faut-il le rappeler, la loi n°2016-09 du 14 mars 2016 instituant une carte d’identité biométrique CEDEAO a été adoptée à une majorité écrasante par le camp présidentiel.

En outre, le contrat signé par la procédure de gré à gré d’un montant de 50 milliards (hors avenant) est l’œuvre du Ministère de l’Intérieur.

Enfin, le pouvoir de nomination des membres des commissions d’enrôlement et de distribution de cartes d’électeur échappe au citoyen. Le peuple a quasiment tout délégué !

Est-il honnête, cependant, pour saisir le Conseil Constitutionnel, de surfer dans les arguments tirés des ‘’lenteurs notées dans le retrait des cartes d’électeur’’ ?

L’attitude loyale et éthique aurait été, de demander pardon aux pauvres citoyens au lieu de leurs imputer des manquements dont ils ne sont aucunement responsables.

Birahim Seck,

(Membre du Conseil d’administration du Forum Civil)

 

Section: 
CONTRIBUTION DE LA CELLULE SOCIOLOGIE DE L’UN-CHK Hommage au Maître, Pr. Abdou Salam FALL
JURISTE THIOUNE - JURISTE NDIAYE : Pour un Sénégal du droit citoyen : quand la justice doit redevenir un levier de confiance
GUINÉE : La patience stratégique du Général Mamadi Doumbouya face à GAC, un acte fondateur de souveraineté minière
SÉNÉGAL Riche mais classé pauvre par des indicateurs biaisés par le FMI
INONDATIONS DANS LA PRESQU’ILE DU CAP-VERT : Une malformation congénitale
Que faire de la dette impayable du Sénégal ?
Le projet de loi portant statut et protection des lanceurs d’alerte permettra-t-il de renforcer la lutte pour la transparence et contre la corruption au Sénégal ?
L’option de ne jamais poster sur les réseaux sociaux (RS) est révélatrice
LA VÉRITÉ SURVIT À ELLE-MÊME : So long Sarr Diagne
COMMENT ATTEINDRE LA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE TOUT EN RESPECTANT LES NORMES DE L’UEMOA : La solution, les stablecoins
FMI-Sénegal : un jeu du mille-pattes
CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Portes closes, regards froids : spectacle d’un accueil
Mettre un terme aux effets dévastateurs de la “générosité” des deux présidents-politiciens
Pourquoi faut-il censurer le Conseil constitutionnel ?
Crève, la culture !
Au-delà du redressement : construire un État souverain et transformateur
Pour une République intergénérationnelle, éthique et engagée.
LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES DE SONKO : La nakba économique d’un agenda de sabotage systemique
L’intelligence du monde en héritage : Vernadsky, Teilhard, Senghor, Kane (Émission littéraire Impressions) ou le génie du don noosphérique
FMI-Sénegal : Un jeu du mille-pattes