Macky Sall à l’épreuve de la transhumance
Les alliances et fusions entre l’APR et d’autres partis politiques constatées ces derniers temps semble remettre au goût du jour la lancinante question de la transhumance.
Pour la «massification» de l’Alliance pour la République(APR) qui vient de souffler ses quatre bougies, le président Macky Sall semble se lancer depuis quelques temps dans une opération de phagocytose. Mais si le passage au marron de Aminata Tall et de Aly Ngouye Ndiaye à la faveur d’une fusion entre le Mouvement Set Selal et And Soxaly Joloff et l’APR parait logique car, ayant soutenu la candidature de Macky Sall à la présidentielle, le rapprochement de certains partis avec le cercle présidentiel suscite une curiosité.
C’est le cas du Parti pour le progrès et la citoyenneté(PPC), dont le leader Mbaye Jacques Diop, semble préparer soigneusement sa transhumance. Après avoir été qui a accompagné l’ancien président Abdou Wade pendant 12ans, l’ancien président du Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (CRAES), a décidé de s’allier avec Macky Sall après qu’il a été reçu en audience par ce dernier.
Dans un communiqué rendu public, Me Jacques Diop déclare : «Notre parti est plus que disposé à une collaboration vertueuse, dans la mesure où l’action politique s’inscrit dans le cadre du respect de l’Etat de droit, de la sauvegarde des valeurs fondatrices de la République et de la préservation des intérêts supérieurs de la nation».
Mieux, poursuit-il, cette collaboration, «se fera toujours un devoir de ne pas mesurer son soutien au Président Macky Sall, dans le cadre d’un partenariat que le président de la République a appelé lui-même de ses vœux». Mais la cohabitation du leader du PPC ne sera pas facile avec les militants «apéristes» qui regardent d’un mauvais les dignitaires de l’ancien régime.
«Ce sont des gens qui n’ont pas compris le choix du peuple sénégalais exprimé le 25 mars. Autant, ils peuvent leurs expériences au service de la jeune génération, autant ils doivent rendre les armes» déclare Bara Ndiaye. Qui ajoute : «Il ne faut pas que leur alliance soit synonyme de table rase de corruption, de brimade du régime de Wade». De plus, cette alliance intervient dans un contexte où l’ancien maire de Rufisque fait l’objet d’enquête sur une affaire de «blanchiment d’argent» évoquée par la Cellule nationale de traitement des informations financières(CENTIF).
Des accusations que le mis en cause a toujours démenti ces accusations. Mais Me Mbaye Jacques Diop n’est pas le seul «indésirable». El Hadji Malick Guèye, qui a quitté le Parti démocratique sénégalais(PDS), , s’est vu fermer les portes de l’APR à Kaolack. Mais, en vieux briscard, l’ancien député de Latmengué, empruntera un raccourci en se faisant de la Première dame, sa marraine.
«Je soutiens Macky et Marième (Fall) pour travailler pour le Saloum», a-t-il déclaré lors d’un meeting de ralliement à Kaolack ce week-end. Me Ousmane Sèye, leader du Front républicain, lui, s’est fait moins discret depuis qu’il a rejoint la mouvance présidentielle. Jadis souteneur inconditionnel de l’ancien régime de Wade, et un bref passage dans Bok Guis Guis, une dissidence du PDS avec qui il est entrera plus tard en conflit à cause des investitures, l’avocat politicien, n’a apparemment pas perdu trop de temps pour être dans les bonnes grâces des nouvelles autorités.
Reçu par le président de la République, il y a quelque par l’entremise de Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno Bok yakaar(BBY), dira : «Je ne me considère pas comme un transhumant. C’est parce que Macky Sall et moi partageons la même vision politique qu’on a décidé de cheminer ensemble». Ahmed Khalifa Niasse va-t-il y réussir sa énième reconversion? En tout cas, le leader du Front des alliances patriotiques(FAP) frappe depuis quelques temps à la porte de la mouvance présidentielle.
Et l’astuce semble tout trouvée : les «confidences» que le défunt khalife général des Tidianes à Tivaouane, lui aurait fait. «Dans un précédent coup de fil, à la veille de son évacuation sur Paris, il(Serigne Mansour Sy) m’a demandé d’être le témoin de sa satisfaction du nouveau président de la République, Monsieur Macky Sall», a déclaré le l’ancien allié de Diouf et de Wade. «Il m’a fait savoir que celui-ci avait envoyé une délégation pour finir les travaux de la Grande mosquée de Tivaouane. Il m’a dit en retour qu’il voudrait le soutenir en ajoutant : je vous demande à vous, mes frères cadets, d’en faire autant, plus particulièrement toi (Ndlr: Khalifa Niasse).
Je serai fidèle à son serment», a promis M. Niasse qui apparemment à du mal à évoluer hors de l’espace du pouvoir. Mais pendant que des partis s’accrochent encore aux lambris dorés du pouvoir, d’autres s’en éloignent. Car, certains partis comme Leral, le Mac-Authentique, Tfm et le Grap, ont décidé de claquer la porte de la coalition Macky 2012 pour avoir été «laissé en rade» par le président de la République. Dénonçant «le partage du butin, la recherche de strapontins et la lutte pour occuper les postes» auxquels se livrent les leaders de BBY, ce trio compte alors mettre sur pied une autre structure politique qui va s’ouvroir «aux frustrés de l’APR, à la société civile et aux forces politiques partageant (la même) vision» qu’eux.
DAOUDA GBAYA