Publié le 4 Oct 2018 - 14:53
GESTION DE LA DETTE PUBLIQUE

La Bm prône la création d’instruments financiers en monnaie locale

 

Créer davantage d’instruments financiers en monnaie locale peut aider les pays d’Afrique subsaharienne à réduire les risques de change et les inadéquations dans la gestion de leur dette publique. C’est ce qui ressort du rapport ‘’Africa’s Pulse 2018’’ de la Banque mondiale rendu public hier.

 

Dans le rapport ‘’Africa’s Pulse’’ de la Banque mondiale dont l’édition 2018 a été publiée hier, il est indiqué que le niveau de la dette publique reste ‘’élevé’’ et continue à ‘’augmenter’’ dans certains pays. Au fait, l’évolution dans la composition de la dette, qui est caractérisée par une augmentation des engagements envers des gouvernements non membres du Club de Paris et des créanciers privés, a augmenté la vulnérabilité de la soutenabilité de la dette publique face à des devises plus faibles et à des taux d’intérêt mondiaux plus élevés. ‘’De plus, comme la plupart des pays d’Afrique subsaharienne accumulent actuellement des dettes en devises, il serait avantageux de développer des marchés de dette en monnaie locale et de créer davantage d’instruments financiers en monnaie locale, afin de réduire les risques de change et les inadéquations’’, préconisent les experts de la Bm dans le document  qui, en effet, est une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique.

Selon ces économistes, les preuves empiriques montrent que l’ouverture financière attirerait tous les types d’afflux de capitaux. Ce qui suggère qu’une priorité pour l’Afrique subsaharienne serait de développer les marchés financiers intérieurs. Cependant, ils précisent qu’encourager le développement de marchés obligataires en monnaie locale en Afrique subsaharienne nécessiterait également un environnement macroéconomique stable. L’investissement direct étranger et l’aide étrangère étant les principales sources de financement dans de nombreux pays de la région, le rapport souligne que des politiques pour améliorer le climat des affaires en faveur des entreprises nationales privées, attireraient un financement étranger ‘’durable’’ dans les activités productives.

14,3 milliards de dollars collectés avec les euro-bonds

Il convient de noter, selon la même source, que dans cette partie du continent, la part de la dette publique libellée en devises étrangères a augmenté d’environ 2/5 de la période 2010-2013 à l’année 2017. Et elle représentait environ ‘’60 % du total de la dette en moyenne’’ l’année dernière. Une augmentation récente qui reflète, en partie, la hausse des émissions d’euro-obligations. ‘’Bien que les taux d’intérêt sur la dette en devises étrangères soient généralement inférieurs aux taux d’intérêt nationaux en Afrique subsaharienne, le recours accru à l’emprunt de capitaux étrangers a augmenté le risque de refinancement et les risques de taux d’intérêt dans les pays débiteurs’’, lit-on dans le document.

En effet, les financements aux conditions non-préférentielles, à savoir prêts non-concessionnels, représentaient plus de 50 % de la dette publique totale dans six pays. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la République du Congo, du Soudan, de la Zambie et du Zimbabwe. Pour le Sénégal, le Tchad, le Mozambique et l’Éthiopie, ils sont à plus de 30 % de la dette publique totale. Au premier semestre de 2018, six économies frontières de la région que sont l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria et le Sénégal ont collecté ‘’14,3 milliards de dollars’’ avec les euro-bonds.  Un montant déjà ‘’supérieur aux 7,8 milliards de dollars’’ émis par les marchés frontières d’Afrique subsaharienne en 2017.

Il faut noter que les grands remboursements débutent en 2021. Toutefois, selon les économistes de la Bm, certains, de manière structurée, posent un ‘’risque substantiel d’intérêt’’ et de refinancement pour les émetteurs. Cependant, ils rappellent que l’émission sur les marchés internationaux permet aux pays d’Afrique subsaharienne de diversifier leur base d’investisseurs. Mais aussi de lever des sommes importantes sur une courte période, complétant ainsi efficacement les faibles taux d’épargne intérieure. ‘’Toutefois, les émissions d’obligations internationales présentent un risque de taux d’intérêt pour les émetteurs, les exposant à des taux d’intérêt potentiellement plus élevés lorsque les obligations sont transférées, en raison des variations du sentiment du marché, de l’évaluation des risques et des conditions de liquidité mondiales’’, soulignent-ils.

En outre, l’équipe économique de la Bm en Afrique affirment que des remboursements importants peuvent avoir une ‘’incidence sur la confiance des investisseurs’’ dans la capacité d’un pays à refinancer sa dette avec succès. Et à exercer une pression à la hausse supplémentaire sur les taux d’intérêt.

MARIAMA DIEME

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