Publié le 13 May 2014 - 10:17
HOPITAL POUR ENFANT DE DIAMNIADIO

Un fleuron pour accompagner la croissance des tout-petits

 

A peine deux ans de fonctionnement, l’hôpital pédiatrique de Diamniadio souffre d'un manque de personnel, avec un seul médecin pédiatre qui assure les consultations. Toutefois, ce joyau qui compte 4 pavillons offre des soins satisfaisants aux enfants venus surtout de Bargny, Sébikotane et des localités environnantes. Au grand bonheur de leurs mamans même si elles sont nombreuses à dénoncer  la lenteur dans le travail.

 

Hôpital pédiatrique de Diamniadio, un calme plat règne en ce début de matinée. Un vent frais souffle soulevant un voile de poussière. Il est 10 heures dans cet hôpital pour enfant situé à la sortie de Diamniadio, en allant vers Thiès. A première vue, le lieu donne l'impression d'un village d'enfants, avec ses multiples couleurs qui font ressortir sa beauté.

Des filaos jalonnent le mur et des fleurs de variétés différentes sont visibles dans l'enceinte de l’hôpital. Au portail, des vigiles, en uniforme bleue et casquette de la même couleur, surveillent les entrées et sorties. Juste à gauche, se trouve le poste de police où les visiteurs doivent se faire enregistrer avant d'accéder à l'intérieur de l'hôpital. Ambulances et autres voitures sont stationnés sur la devanture. Patients et accompagnants vont et viennent. 

A l’intérieur, deux vigiles servent de guides aux nouveaux venus. Un groupe d'enfants courent un peu partout. Des patients sont assis sur des chaises attendant patiemment leur tour. Dans le lot, Aminata Dème, qui ne cesse de bercer son enfant dont les cris s'entendent de loin. Foulard noué sur la tête, cette mère de famille est une habituée des lieux. Elle en est à sa 5e visite. La quarantaine sonnante, elle a quitté Bargny pour venir  faire soigner son fils âgé de trois ans.

''Je suis très satisfaite des soins dont mes enfants bénéficient ici. C'est la 5e fois que je viens dans cette structure. Et pourtant, au début, j'avais des doutes par rapport à la qualité des soins. Mais je n'ai pas regretté'', soutient Mme Dème. Assise à ses côtés, la dame Khalima Cissé essaye de calmer son fils qui veut quitter les lieux, agacé par on ne sait quoi. Ils sont venus pour un rendez-vous, en provenance de Sébikotane. Cette mère de famille faisait soigner habituellement ses enfants à l’hôpital Albert Royer de Fann. Mais  une de ses amies l’a convaincue du professionnalisme du personnel de santé de l'hôpital de Diamniadio   et elle a décidé de venir faire un premier test.

''Je ne pensais pas trouver un hôpital aussi performant dans cette localité. Un jour, j'y ai conduit mon fils qui souffrait de maux de ventre. Il était 15h et j’avais acheté le ticket pour la consultation à 5000 francs. Après soins, il s’est senti vraiment mieux. Il va très bien depuis ce jour'', témoigne Khalima avec soulagement. Cette marque de confiance lui a permis d'y conduire son autre fils en consultation. ''S'il plaît à Dieu, je ne vais plus retourner à Albert Royer'', dit-elle, le sourire aux lèvres. Des témoignages de ce genre foisonnent sur cette structure de santé devenue subitement un point de ralliement des populations. 

 Lenteur dans le travail 

 Si patients et accompagnants sont satisfaits des soins médicaux, la lenteur dans le travail a cependant été dénoncée. Selon plusieurs mamans, cette lenteur plombe leurs tâches quotidiennes. ''Ils font un bon travail, mais ils sont lents. Je devais préparer le repas des maçons parce que ma maison est en chantier. Mais j'attends jusqu'à présent. Regarde l'heure qu'il est (12h07)'' se lamente Marie Ndiaye, arrivée sur les lieux à 9h sonnantes. Son bébé dodelinant de la tête sur son dos, elle s'impatiente de plus en plus. ''Ce n'est pas normal. Je ne sais pas ce qu'ils font à l’intérieur.

Ils doivent logiquement prendre 15 à 20 minutes pour consulter un enfant'', suggère-t-elle en colère. Dans la même veine, Khalima Cissé soutient que c'est à cause de la longue attente que son fils ne cesse de pleurnicher. ''Je suis là depuis 9 heures. Et on n'est pas encore consulté. Même si le travail est bien fait, il serait bien aussi que le personnel fasse vite. Aujourd'hui, je n'irais pas au marché vendre mes légumes. La journée est perdue'', se désole-t-elle. Mbayang Ngom n'arrive plus à s’asseoir, dés qu'un infirmier ou un médecin sort de la salle, elle commence à parler à voix basse. ''Ils doivent faire vite. Nous n'avons pas que ça à faire. Saliou, le pêcheur me dit que la pirogue de ses enfants va bientôt arriver. Je dois être là pour trier mes poissons'', se lamente-t-elle. 

A un moment donné, elle demande à sa petite-sœur qui était sur les lieux de rester avec l’enfant. Mais c'est sans compter avec la repartie de cette dernière qui lui a fait comprendre que la santé de son enfant doit primer sur tout. ''Ton enfant est malade, au lieu de t'occuper de lui, tu penses à ton commerce. Si tu tiens tant à ça donc ramène le avec toi. J'ai mon enfant avec moi. Tout le monde attend. Si tu es impatiente c'est ton affaire'', lui lance sa sœur Khoudia Ngom. Cette dernière n'est également pas du tout contente des lamentations dans le couloir. Elle sermonne ses camarades : ''On ne peut pas faire deux choses à la fois. Les gens de cet hôpital font bien leur travail. Je pense qu’il faut un temps pour bien faire''. Des paroles qui ont causé un silence de mort dans la salle. 

3 QUESTIONS A : ABDOU CISSÉ CHEF DES SERVICES ADMINISTRATIFS ET FINANCIERS

''Nous manquons de médecins pour ouvrir tout le service d'hospitalisation''

Comment fonctionne cet hôpital peut connu du grand public ?

L’hôpital pour enfants (HED) est une structure publique de santé de niveau 3. Vu sa position géographique, nous rencontrons quelques problèmes d'accessibilité. Pour le déplacement du personnel, nous étions obligé de contacter un prestataire qui assurait la navette de 8 heures à 17 heures. Mais, juste après son inauguration, le président de la République, Macky Sall, à travers la fondation Sonatel, nous a offert deux bus de 30 places.

Au début, comme tout hôpital, les patients venaient au compte goutte. Mais aujourd'hui, la fréquentation est de plus en plus massive. On sent dans les recettes qu'il y a une nette amélioration. Pour le moment, la directrice a recommandé de ne pas donner de chiffre.  Nous prenons en charge la population environnante, mais des patients viennent aussi de Dakar. Parce que dans le système hospitalier, beaucoup de malades suivent leurs médecins traitants. Nous avons trois professeurs (pédiatrie, ORL et ophtalmologie).

Les patients dénoncent une supposée lenteur dans l'exercice du travail. Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés ?

 Il n' y a aucune lenteur dans le travail. Il y a un minimum de temps pour la consultation des patients. Une pathologie, on ne peut pas la diagnostiquer en 5 ou 10 minutes. En plus, il y a un seul médecin qui consulte. C'est vrai que l'hôpital a ouvert ses portes depuis août 2012. Mais nous sommes confrontés à un manque criard de médecins. Nous avons un seul médecin pédiatre et un professeur qui est là en tant que chef des service pédiatrie. Nous avons besoin d'un personnel pour ouvrir tout le service d'hospitalisation. On a une capacité d'hospitalisation de 140 lits, mais ce n'est pas totalement fonctionnel. Nous avons juste commencé la phase test depuis le mois de janvier par une dizaine de lits. Nous en avons fait la demande et on attend toujours. Mais le service de chirurgie est fonctionnel depuis juin 2013.

Est-ce que l’hôpital à les ressources financières pour faire face à la couverture maladie universelle ?

C'est un hôpital de service public et la couverture maladie universelle (CMU) est une volonté du chef de l’État. Depuis son lancement en octobre dernier, on reçoit certains patients. Mais pour les hôpitaux de niveau 3, la CMU jusqu'à présent ne concerne que les consultations d'urgence. Donc on ne prend que les urgences. Et le caractère d'urgence, c'est le médecin qui le détermine. Si le médecin juge que le cas est urgent, le patient ne paie pas la consultation.

Maintenant tous les actes découlant de cette consultation sont payants. Par exemple, les actes d'imagerie médicale sont payants. Il arrive que des patients soient hospitalisés. Sur ce cas, il y a une caution à payer estimée à 36 000 francs, c'est à dire l'équivalent  de trois jours d'hospitalisation. Cette somme est repartie comme suit : 18 000 francs d'hospitalisation, 9000 francs de laboratoire, et 7000 francs pour la pharmacie. Maintenant, il peut arriver qu'un malade dépasse le nombre de jours prévus. Dans ce cas, on essaie de trouver des solutions parce que ce n'est pas l'argent qui est important. On se soucie plutôt de la santé du patient.

Un hôpital moderne avec une capacité d’accueil de 140 lits

 Inaugurée par le président de la République Macky Sall, le 18 janvier 2014, cette structure hospitalière a démarré ses activités le 1er août 2012. Elle s'est fixé comme objectif de permettre à tous les enfants de 0 à 15 ans de bénéficier d’un accès à des soins spécialisés de qualité. Elle a été réalisée grâce au financement de la République populaire de Chine pour un montant de 5 milliards 40 millions de F CFA. 

Avec cette infrastructure hospitalière moderne, les populations de Thiès, Diamniadio, Sébikotane, Bargny ou des localités environnantes ne se déplacent plus jusqu’à Dakar pour la prise en charge médicale de leurs enfants. L’hôpital reçoit aussi les jeunes patients recommandés par des structures sanitaires du Sénégal. Le ticket pour la consultation  est fixé à 3000 FCFA dans la matinée et à 5000 francs l’après-midi et le week-end.

Cette nouvelle infrastructure compte quatre pavillons. Il y a le pôle de la pédiatrie médicale et de la chirurgie; des hospitalisations ; de la technologie médicale et enfin celui des services administratifs, techniques et de soutien. Cet hôpital moderne de 140 lits (dont 10 sont actuellement fonctionnels) est doté de salles d’hospitalisation adaptées aux enfants et répondant aux normes internationales.

L’hôpital pour enfant de Diamniadio (HED) abrite aussi deux blocs opératoires équipés d’une centrale de production d’oxygène, d’une unité de stérilisation, d’un château d’eau d’une autonomie de trois jours, de deux cabinets dentaires disposant d’une unité de radiographie numérique et d’une ludothèque pour les enfants (non encore équipée). Les personnes adultes  aussi bénéficient de consultations externes de prestations de l’imagerie médicale et du laboratoire.

VIVIANE DIATTA

 

 

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