Publié le 8 Feb 2013 - 23:00

Indignons-nous !!!

La culture démocratique n’est pas la chose la mieux partagée sous nos cieux. Du moins, devrions-nous reconnaitre que l’africain en général et le sénégalais en particulier souffre mal de la contradiction. L’aversion à la contradiction atteint son paroxysme lorsque le sujet atteint le sommet de la hiérarchie sociale en devenant, par exemple, Président de la République. Autrement, comment comprendre qu’après tout ce qui s’est passé du temps de Wade, des ouailles passent leur temps à faire les avocats du diable lorsque quelqu’un, même vaincu, se permet de critiquer le régime ?

 

Combien de fois nous a-t-on servi des « bayilène gorgui mou liguéy » au début de la première alternance politique sénégalaise ? Que cela vienne de citoyens lambda non avertis ne choque pas. Mais lorsqu’il s’agit de privilégiés dont le seul mérite se résume à leur proximité avec le « maître », il y a de quoi s’inquiéter pour ce dernier et se poser des questions sur les ruptures profondes annoncées. Je donne toujours, avec respect, l’exemple de Barack OBAMA qui, lors de son premier mandat, avait nommé Hillary CLINTON comme secrétaire d’Etat et maintenu Robert GATES à la Défense. Ces décisions, dixit l’intéressé, étaient motivées par une seule raison : avoir des collaborateurs suffisamment libres et critiques pour assurer des débats de qualité au sortir desquels les meilleures décisions seraient prises dans l’intérêt exclusif des citoyens américains.

 

Par ailleurs, ceux, parmi les cadres de l’APR, engraissés et enjolivés à la charge du peuple, devraient avoir moins le souci de défendre leur « bienfaiteur » que le culte du résultat dans le strict respect des normes républicaines. La même invite est valable pour ceux-là de Rewmi dès lors qu’ils doivent leur strapontin à leur appartenance à cette association politique. Enfin, ceux de l’opposition affichée ne devraient pas se sentir obligés de contester bêtement et systématiquement pour être dans leur rôle.

 

A vous tous et à tous vos semblables : servir votre pays est plus noble que satisfaire l’ego de votre leader ; la dignité de votre peuple ne doit jamais souffrir de vos petits calculs ou de vos batailles de positionnement. Enfin, l’ambition de diriger un peuple devrait se mesurer notamment à partir de l’engagement et de l’abnégation de chaque prétendant à soulager ses semblables. Sous ce rapport, il est tout simplement désolant, décourageant, d’entendre un des plus grands cadres du parti au pouvoir, patron d’une des plus grandes sociétés nationales se définir comme un « baye faal » du Président. Il est aussi malheureux d’entendre rapporter encore que des chefs religieux boudent le riz du gouvernement sous prétexte que le voisin en a reçu plus. Il est triste d’assister, chaque jour, aux nominations de tous ceux qui ont combattu Wade et ses mauvaises pratiques mais qui ne sont plus fondés à jouer les sentinelles de cette démocratie naissante, chancelante et qui mérite, pour survivre, d’être adaptée à nos réalités.

 

Fadel BARRO avait bien raison d’inviter les apprentis politiciens à distinguer la contradiction de l’adversité mais cette leçon semble aussi valable pour les leaders. N’empêche que Y en a marre aussi, pour réussir et ne pas donner raison à ses pourfendeurs, gagnerait à mettre en avant la notion de Respect dans son combat plus que légitime et perdre le réflexe qu’ils reprochent aux autres : insulter le premier contradicteur, fût-il malhonnête.

En somme, nous prétendons tous être des citoyens égaux d’une même nation ayant des lois que nous nous sommes choisis nous-mêmes et que nous sommes censés respectés. Mais dans nos attitudes de tous les jours, nous donnons l’image d’une horde de personnes foncièrement ancrées dans nos travers où le plus fort dicte ses désirs encouragé par un entourage qui, seul, bénéficie des largesses.

 

Indignons-nous de cela et tâchons, chacun en ce qui le concerne, de mériter le statut de républicain du 21ème siècle, démocrate, tolérant, soucieux de l’intérêt général et de l’héritage à léguer à nos enfants. De cette manière, nous ne passerions plus notre temps à entretenir des combats d’ego inutiles. Aussi, les journalistes, avides de sensationnel et cupides à notre image, seraient moins enclins à faire de leurs unes des rings où les uns et les autres se tressent des lauriers ou s’entre-tuent au gré des intérêts. Ils se garderaient de vilipender les gens en étalant sur la place publique les procès verbaux des auditions de citoyens parfois injustement accusés et qui ont des proches qui seront affectés à vie dans leur honneur. Il est temps que nos remparts retrouvent leur dignité, que chacun retrouve sa place, que la science soit donnée en exemple et que le résultat soit le fruit d’un dur labeur. Autrement, nous accentuerions les écarts et finirions par tuer cette société déjà agonisante. ATTENTION !

 

Baye Momar KEBE

Sicap Liberté 3, Dakar

bayemomar@gmail.com

 

 

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