Publié le 11 Sep 2019 - 14:50
INONDATIONS ET RAZ-DE-MAREE A SAINT-LOUIS

Fin de galère pour les sinistrés 

 

À Saint-Louis, une grande manifestation est annoncée, ce 11 septembre, pour fustiger le non démarrage des travaux de dragage de la brèche. Loin de ces préoccupations, les sinistrés de Khar Yalla ont retrouvé le sourire. Les autorités ont trouvé une solution temporaire à leurs problèmes.

 

‘’Quand il pleut, nous buvons tranquillement notre thé sous les tentes’’, s’exclame Baye Fall, porte-parole des sinistrés de la Langue de Barbarie dont les maisons ont été dévastées par les raz-de-marée. Des manifestations météorologiques qui se sont multipliées et sont devenues autrement plus puissantes, depuis que la brèche de Saint-Louis a été ouverte sous le régime de Me Abdoulaye Wade.

Aujourd’hui, Baye Fall est tout heureux de laisser derrière lui la galère vécue depuis 2 ans et surtout le début de l’hivernage. En effet, logées au site de Khar Yalla, ces familles de pêcheurs de la commune de Saint-Louis ont bravé, pendant deux longues années, les eaux de pluie, le manque d’eau potable et d’électricité sous des tentes de fortune. Las de cette situation, les sinistrés ont épisodiquement laissé exploser leur colère sur la route nationale. Ils préparaient une grande manifestation.

Désormais, ces populations vivent de façon provisoire dans des unités mobiles à Diougob, dans la commune de Gandon, avec toutes les commodités nécessaires, oubliant le stress et le calvaire de Khar Yalla. Elles ont manifesté leur joie, lors de la cérémonie officielle de la remise des unités mobiles d’habitations et de kits domestiques par le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Oumar Guèye, en présence de son homologue du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, Mansour Faye, Maire de Saint-Louis, et des autorités communales de Gandon.

Ces travaux réalisés pour la somme de plus de 270 millions, entrent dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis (Serrp). Faisant l’éloge de son homologue Oumar Guèye pour les efforts consentis pour l’aboutissement de ces travaux, Mansour Faye a révélé que, d’ici 5 ans, se dresseront sur Diougob de belles villas, avant qu’il ne revienne sur la genèse du processus enclenché, depuis deux ans, après les fortes houles de la mer qui ont détruit les maisons sur le littoral de la Langue de Barbarie. ‘’Nous avons eu à interpeller la Banque mondiale qui a mis sur la table, avec le projet Waca, la somme de 30 millions de dollars pour reloger les sinistrés, et le président français Macron qui, grâce à l’Afd, a déboursé 15 millions d’euros pour l’érection d’un mur de protection’’, a-t-il rappelé.

Démarrage prochain de construction de logements sociaux

Ainsi, avec la mise en place des unités, supervisée par l’Unops, 580 personnes provenant des sites de Khar Yalla et du camp Gazelle ont été provisoirement réinstallées à Diougob. Ce, en attendant le démarrage prochain de construction de logements sociaux.  Et selon Oumar Guèye l’objectif n’est plus simplement de reloger des populations sinistrées, mais plutôt de trouver, à travers une approche inclusive, une solution durable pour renforcer la résilience de toute l’agglomération saint-louisienne’’.

Le ministre n’a pas manqué de magnifier l’engagement de l’Agence de développement municipal (Adm) en charge du pilotage du projet et ‘’les acteurs nationaux et locaux impliqués dans la réalisation de ces importants projets et qui ont travaillé, avec toute la synergie requise, pour l’atteinte des objectifs visés’’. Aussi, a-t-il remercié les autorités municipales et toutes les populations de la commune de Gandon en général et celles du village de Djougob en particulier, qui ont fait montre d’une grande hospitalité et d’une solidarité sans faille à l’endroit de leurs hôtes, leurs frères et sœurs venant de la Langue de Barbarie. Dans cette optique, il a annoncé l’aménagement des huit espaces communautaires, une dotation d’un lot complet de téléviseurs et de chaises au profit des populations sinistrées. 

La cérémonie de Diougob, selon Oumar Guèye, consacre un jalon important dans les efforts consentis par l’État pour soulager, de leurs souffrances, les populations dont les maisons ont été ravagées, suite aux graves ondes de tempête survenues en 2017 et en 2018. Il rappelle que le chef de l’Etat Macky  Sall, très peiné par leur souffrance et la situation de précarité dans laquelle elles se trouvaient, ‘’avait instruit son gouvernement de concevoir et de mettre en œuvre un programme d’urgence destiné, non seulement à améliorer les conditions d’existence des familles sinistrées, mais également à lutter durablement contre l’érosion côtière qui menace l’existence même de la Langue de Barbarie, voire de la ville historique de Saint-Louis’’.

16 milliards de F Cfa pour la mise en œuvre du Serrp 2018-2023

C’est ainsi que, conformément aux orientations du Plan Sénégal émergent (Pse) et de l’Acte 3 de la décentralisation, le Projet de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis (Serrp), d’un coût global de 35 millions de dollars américains, soit environ 16 milliards de F Cfa, a été mis en place, pour la période 2018-2023, avec le concours technique et financier de la Banque mondiale ‘’qu’il me plait, à nouveau, de remercier au passage’’, s’est contenté de dire le ministre des Collectivités territoriales,  du Développement et de l’Aménagement des territoires. A travers le Serrp, ‘’le gouvernement affiche, dans le sillage d’autres initiatives, sa volonté de prendre en charge, et à bras le corps, la lancinante problématique de l’érosion côtière. L’objectif n’est plus simplement de reloger des populations sinistrées, mais plutôt de trouver, à travers une approche inclusive, une solution durable pour renforcer la résilience de toute l’agglomération saint-louisienne’’, a dit le ministre.

Et conformément aux objectifs du Serrp, dit-il, ‘’ces réalisations que nous venons de visiter ont permis, depuis le 25 juillet 2019, de relever le défi consistant à réinstaller provisoirement 42 familles dont 580 personnes provenant du site de Khar Yalla et du camp Gazelle’’. Dans un second temps, poursuit le ministre, ces populations, ainsi que celles dont les habitations sont actuellement situées dans la bande de 20 mètres de large bordant le littoral de la Langue de Barbarie, seront réinstallées définitivement dans des logements sociaux qui seront prochainement construits à Djougop.

Bientôt un ouvrage de protection côtière pour stopper le recul de la ligne de rivage

Le ministre Oumar Guèye a fait savoir qu’il y a lieu de préciser que la libération de cette bande de 20 m, qui fera l’objet d’un aménagement approprié, procède de la nécessité d’opérer un recul stratégique, en attendant la conception de la solution de protection durable du littoral de la Langue de Barbarie qui figure également parmi les études stratégiques envisagées par le Serrp. Dans sa stratégie pour une meilleure prévention des risques de catastrophes, le Serrp mettra également en place un système d’alerte précoce (Sap) et un plan de résilience urbaine de l’agglomération de Saint-Louis. Dans la même veine, il a tenu à rappeler que, dans le cadre du Projet de protection côtière de Saint-Louis (Ppcs), financé à hauteur de 16 millions d’euros par le gouvernement du Sénégal, avec le concours de l’Agence française de développement, un ouvrage de protection côtière sera bientôt érigé sur la Langue de Barbarie, pour stopper le recul de la ligne de rivage.

 Au-delà de la visite, qui a permis de bien s’enquérir des conditions de réinstallation sur ce site aménagé et doté des commodités requises, l’autre objectif était de remettre officiellement un premier lot de kits domestiques, d’une valeur de près de 37 millions de F Cfa composés essentiellement de literie (couvertures, matelas, etc.), de détergents, de produits d’entretien et de désinfection, de divers ustensiles et autres. Le ministre Oumar Guèye de faire comprendre à l’assistance que ‘’ces kits et matériels montrent à suffisance toute l’attention que le chef de l’État accorde aux conditions de vie des sinistrés et sa volonté, ainsi que celle de tout son gouvernement, de continuer à accompagner ces derniers dans l’amélioration de leurs conditions d’existence’’.

Tous ces efforts du gouvernement participent au renforcement de la résilience de la ville de Saint-Louis en général et de la Langue de Barbarie en particulier, face aux effets du changement climatique, car cette belle et tricentenaire ville de Saint-Louis doit demeurer éternelle, pour ce qu’elle représente dans l’histoire de notre pays, de l’Afrique et du monde entier.

 

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