Le conte, facteur d’éducation
La Journée mondiale du conte a été célébrée hier au centre culturel Blaise Senghor de Dakar. ‘’Face au miroir’’ est le thème retenu cette année. Sur initiative du conteur Dr Massamba Guèye, Pape Massène Sène, professeur à la retraite, a animé une conférence hier sur cette thématique.
Les élèves du CEM John Fitzgerald Kennedy sont venus assister à la célébration de la Journée mondiale du conte au centre culturel Blaise Senghor. C’était un moment pour ces élèves de connaitre davantage ce genre littéraire. Docteur Massamba Guèye, fondateur de la Maison de l’oralité et du patrimoine Kër Leyti, explique le sens de cette journée : ‘’Célébrer le conte, c’est célébrer le récit, célébrer le patrimoine. Mais plus que le patrimoine, c’est célébrer la pédagogie.
C'est pourquoi les élèves sont là. L’objectif aussi, c’est de se connecter au monde et montrer que nous n’avons pas besoin de chercher des choses que nous avons. On a des enseignements à partir desquels nous pouvons créer une communauté d’individus où chacun a ses droits, connait ses droits et les revendique, où chacun peut exister individuellement. On a laissé les élèves de Kennedy venir faire le spectacle, parce qu’il faut donner la parole aux enfants et montrer que le conte n’est pas mort’’.
Pour Pape Massène Sène, professeur à la retraite et conférencier du jour, le conte est un moyen d’éducation. ‘’Le conte, dans toutes les sociétés, précisément en Afrique où les traditions orales persistent, a toujours été un moyen de transmettre aux enfants, aux jeunes générations toutes les valeurs d’une société. Ça permettait aussi de mettre l’accent sur tout ce qu’il faut éviter. C’est le conte qui structure la personnalité de l'enfant’’, selon M. Sène.
D’après lui, le conte doit être revalorisé. ‘’Malheureusement, nous vivons dans des sociétés éclatées où les grands-parents ont très peu de chance de vivre en famille et les parents n’ont plus de temps pour des raisons économiques. Il est difficile de transmettre. On peut interpeller les autorités et leur demander d’introduire simplement dans les curricula de l’éducation les contes qui sont plus formateurs, les plus régulateurs d’un vivre-ensemble harmonieux’’.
Son point de vue est partagé par le docteur Massamba Guèye qui souhaite que le conte soit au programme officiel et national dans l’enseignement et dans les médias.
Pour le thème, le docteur Massamba Guèye explique le choix : ‘’’Face au miroir, ensemble tout est possible, Mbolo moy doolé (l’union fait la force)’. Nous sommes dans une société où chacun regarde sur lui-même, mais il ne se regarde pas réellement pour voir ses défauts. Quand on est avec quelqu’un, il est parfait. Quand on est contre quelqu’un, il est mauvais. Je pense que ce thème, c’est pour que chacun de nous se regarde, s’évalue. C’est un thème international, mais nous nous sommes dit à l’intérieur du domaine international, ce qui concerne notre pays le Sénégal, c’est sa cohésion et sa stabilité.’’
À l’occasion de cette journée, Kër Leyti a rendu un hommage aux conteurs disparus Ibrahima Ndiaye ‘’Mame Yakhi Lalo’’, Khalima Sarr et Dieynaba Guèye à son siège à Keur Massar où s’est poursuivie dans l’après-midi la célébration.
NDEYE KHOUDIA DIENG (STAGIAIRE)