Abou Aw explore le mbalakh classique
Après avoir effectué de nombreuses recherches, l’artiste Abou Aw a parcouru à nouveau le répertoire des chansons populaires d'autrefois. Il sort un nouvel album dénommé "Taaw". Il s’est enraciné, pour se démarquer des plus jeunes et exporter sa musique.
Après onze ans de silence, l’artiste Abou Aw est de retour sur la scène musicale sénégalaise. Il vient de présenter un nouvel album, "Taaw", qui sera sur le marché dans les jours à venir. Dans cet album de 12 titres, on y retrouve la chanson "Guédia Nga Rir", connue grâce au chanteur Laye Mboup, mais qui n’en est pas le principal auteur. Elle est beaucoup plus ancienne et il est difficile de savoir qui l’a chantée en premier. On y trouve également des chansons de ‘’kassak’’ (cérémonie de circoncision) et des inspirations de Sala Cissé. "C'est l’un des rares artistes, peut-être moins connu que les autres, que tu trouveras sur Amazon, Deezer. Il utilise ce que nous pouvons vendre", témoigne l’acteur culturel Guissé Pène sur Abou Aw.
À en croire le producteur de spectacles et manager d’artistes, au Sénégal, avec 18 millions d'habitants, "il n'y a pas de marché". Pour lui, le marché se trouve à l'étranger, et c’est ce marché qui intéresse davantage Abou Aw.
En effet, bien qu'il fasse une musique très rythmée, l’artiste Abou Aw s'inscrit dans son époque. Il propose un mbalakh classique, sa musique étant pleine de sens, de sagesse et d’enseignement. "Je fais du mbalakh tradi-moderne et de l’afro-beat. Dans ma musique, je consacre beaucoup de temps à la recherche. Nous avons de nombreuses chansons anciennes qui sont restées dans les villages, mais peu de gens prennent le temps d'explorer ce qu'il y avait avant. Ainsi, nous avons revisité la musique des anciens, des morceaux qui sont restés dans les mémoires, mais que les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent pas", explique Abdou.
Concernant l’utilisation de sonorités locales, le musicien déclare : "Certes, je joue de la batterie et des claviers, mais peu importe à quel point nous sommes talentueux en guitare ou à la batterie, les Européens semblent avoir plus de talent avec ces instruments."
Pour sa part, Guissé Pène renchérit : "C'est ce que nous attendons de nos artistes. Car la guitare, nous ne l'avons pas inventée, ni la batterie. Nous avons nos instruments traditionnels."
Abou Aw est un artiste sénégalais. Connu dans la musique, il s'est aussi illustré dans d'autres formes d’art. Quand il était plus jeune, il a travaillé dans la mode en tant que mannequin, ce qui lui a permis de décrocher un contrat pour défiler en Europe. Il a également joué dans des films en Italie et dans d'autres pays avant de revenir à la musique. D’ailleurs, le cinéaste qui a réalisé "Le Bracelet de bronze", Tidiane Aw, est son oncle, qu’il appelle "père". "Nous sommes nés d’une famille de cinéma", renseigne-t-il. De retour au Sénégal, il a joué avec de grands musiciens tels que feu Cheikh Tidiane Tall.
À ses yeux, la musique ne nourrit pas son homme. Il donne une anecdote : "J'ai vu des musiciens jouer ici. À la fin de la soirée, ils n'arrivaient même pas à gagner 5 000 F CFA. Un jour, j'ai assisté à un concert et, après, j'ai demandé à une dame s'ils avaient de l'argent. Elle m'a répondu que non, aujourd'hui chacun a reçu 3 500 F..."
BABACAR SY SEYE