Publié le 9 Aug 2019 - 15:23
KIRGHIZISTAN

L’ex-président Atambaïev arrêté après l'assaut des forces spéciales

 

L'ancien président du Kirghizistan Almazbek Atambaïev a été arrêté jeudi 8 août lors d'une nouvelle opération des forces spéciales dans sa résidence, au deuxième jour d'un assaut marqué par des heurts, qui font craindre des troubles dans ce pays d'Asie centrale. Accusé de corruption et en conflit avec son successeur, l'ancien chef d'État a été interpellé dans sa maison près de la capitale Bichkek, selon les médias 24.kg et Kloop.kg, au lendemain d'un premier assaut raté des forces spéciales.

 

Almazbek Atambaïev, l'ancien président du Kirghizistan a été interpellé jeudi après-midi par les forces spéciales. Il aura fallu déployer plus d'un millier de policiers pour parvenir à déloger ses partisans qui s'étaient retranchés avec lui dans sa résidence de la banlieue de Bichkek, la capitale kirghize. Accusé de corruption, il a toujours refusé de se livrer à la justice et parle d'un procès politique intenté par son successeur, l'actuel chef de l'État kirghize, Sooronbaï Jeenbekov.

Le spécialiste du Kirghizistan David Gaüzere, chercheur à l'Université Bordeaux 4, décrypte la situation dans ce pays d’Asie centrale. « Fin juin (2019), alors que les anciens présidents gardaient leur immunité présidentielle, une loi a été votée au Parlement pour que monsieur Atambaïev ne l’ait plus (l’immunité). On voit que la loi est appliquée, que les forces de sécurité obéissent à la loi, mais que cette loi a été plus ou moins détournée de façon à éliminer ses opposants. Tout d’abord, l’ancien Premier ministre, ensuite d’autres opposants politiques et maintenant l’ancien président Atambaïev. Sauf qu’il ne faut pas oublier qu’en son temps, le président Atambaïev avait mis quelques opposants politiques en prison. Durant sa présidence monsieur Atambaïev avait quand même pu développer les infrastructures publiques du pays, une classe moyenne a émergé. La crise actuelle a mis un frein à tout cela y compris aux investissements étrangers ».

Victime de son poulain…

Almazbek Atambaïev, 62 ans, président de 2011 à fin 2017, a été inculpé fin juin de corruption par la justice kirghize. Son immunité en tant qu'ancien président a été donc levée par les députés. L'ancien chef de l'État est soupçonné d'« acquisition illégale de terres » et d'avoir fait libérer un membre d'un clan mafieux, accusations qu'il dénonce comme une manœuvre politique du nouveau président, son rival Sooronbaï Jeenbekov. A la fin de son mandat, Almazbek Atambaïev avait pourtant réussi au prix de manœuvres politiques à imposer la candidature de Sooronbaï Jeenbekov, qui était alors son poulain, mais les relations se sont rapidement dégradées entre les deux hommes. Leur conflit personnel fait désormais craindre de graves troubles dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale en proie à de fréquentes tensions ethniques. Lors de l'assaut de jeudi, un membre des forces spéciales a été tué et un chef de police régionale est grièvement blessé. Selon le procureur général, un total de 23 civils et 24 membres des forces de sécurité ont été hospitalisés. Le ministère de la Santé a précisé jeudi que certains des civils présentaient des blessures par balle.

FRI.Afrique

Section: