Publié le 8 Feb 2024 - 15:30

Le pire châtiment pour un intellectuel, c’est d’être dans l’incapacité de motiver ses actes et prises de position

 

Les Sénégalais savent maintenant qui est l’architecte du décret abolissant la démocratie et du texte de la fameuse « dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal » : Ismaïla Madior fall ! Se réfugier derrière un pathétique « ce n’est pas le président qui en est l’initiateur » n’est pas un argument. On ne peut pas non plus appeler cette dérogation une loi consolidante (notion bâtarde inventée pour frimer). Ça consolide quoi ? Un pouvoir ? Un homme ? Une démocratie ?

Un intellectuel qui perd sa liberté n’en est plus un. La liberté de pensée est l’étoffe, la substance même de l’intellectuel. Aucun titre, aucun bien au monde ne valent la liberté ! Sans liberté tous les jugements et toutes les perceptions sont déformés, corrompus. Un homme qui cède aux pesanteurs de ses désirs a déjà perdu sa dignité d’homme, sa liberté, sa moralité. Que dire alors d’un homme qui a cédé à la boulimie d’un prince ?

La question à laquelle Monsieur IMF refuse de répondre est pourtant simple : en tant que clé de voûte des institutions, Macky Sall n’avait-il pas la possibilité de ne pas abroger le décret convoquant le corps électoral (ce qui du coût reporte les élections) ? Ne voulant pas répondre à cette question (faudrait-il encore qu’il veuille bien se la poser), IMF s’est réfugié derrière un chapelet de faits que tout le monde constate empiriquement : pour quelle raison ? C’est ce qu’on appelle déplacement de la problématique ou détournement des enjeux réels au profit de considérations fantaisistes.

Ceux qui ont lu le texte d’Ismaïla Madior Fall sont sans doute frappés par la pauvreté (absence) d’une logique argumentative, d’une dynamique analytique. Une concaténation de faits et de rumeurs sans aucun début d’analyse et un cours rafistolé sur l’histoire constitutionnelle du Sénégal pour aboutir à la conclusion que le texte voté hier nuit par l’Assemblée nationale est

a) consolidant,

b) inattaquable au niveau de la Cour suprême,

c) que le Conseil constitutionnel ne pourra faire autre chose que se déclarer incompétent ; et la provocation 

d) cette fameuse dérogation permettra un dialogue….

C’est quoi ce manque de respect ?
Ce texte plus que médiocre d’IMF donne raison à ceux qui disent que les princes ne sont pas nés mauvais et tyrans, ils le deviennent à cause des flatteurs, des circonstances mal gérées et surtout des conseillers qui peuvent tout justifier et ce, quitte à dire des choses qui sont en contradiction avec le bon sens. Si j’étais prince je choisirais conseiller parmi mes plus redoutables adversaires, du moins je me détournerais de deux catégories de personnes en ce qui concerne la gestion​ des affaires de l’Etat : ceux qui ont peur de moi (c’est-à-dire ceux qui redoutent que je sois contrarié par leurs lumières ou qui ont trop intérêt à ce que mon pouvoir se perpétue) et les savants menteurs.

On attendait de Macky Sall qu’il raffermisse le Conseil constitutionnel, qu’il en soit le soutien désintéressé, qu’il sauve les institutions sans calcul, car c’est de la santé des institutions que découlent la paix sociale et la stabilité. Malheureusement le CC n’a pas non plus suffisamment de poigne pour se faire respecter. En bricolant l’acceptation des listes de BENNO et YEWWI pour les législatives, il a lui-même semé les germes de sa désacralisation.

Alassane K. KITANE  

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