Publié le 28 Apr 2012 - 09:40
LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Pour récupérer l'argent volé par les libéraux

 

Le Sénégal est devenu pauvre et ses anciens dirigeants riches. La fortune de ces tyrans est toujours placée loin du pays en lieux sûrs à l’abri des turbulences politiques. Souvent, elle se chiffre en milliards de francs CFA. Cet argent est-il à jamais perdu pour le peuple ? Non.

 

Par les temps qui courent, il ne fait pas bon d’être dictateur. Le déchaînement des populations assoiffées de liberté, de démocratie et de justice fait des tyrans et autres despotes éclairés des retraités en sursis. Parmi les griefs des opposants, les accusations de vols, détournement, corruption gabegie reviennent constamment. Partout la dictature s’accompagne en effet d’enrichissement illicite aux dépens de la population. Souvent d’ailleurs, la quantité des richesses amassées par les dirigeants est inversement proportionnelle au degré de dénuement des citoyens, les moyens nantis, la majorité. Comme autrefois les flibustiers, nos dictateurs corrompus prennent soin, au fur et à mesure qu’ils accumulent leur trésor, de le planquer hors du pays en l’occurrence. Votre rêve, celui du peuple, est aujourd’hui de récupérer ce magot qui, dans la plupart des cas, pourrait mettre le Sénégal à l’abri du besoin pendant quelques années.

 

 

«Lancer la traque et ne pas perdre de temps»

 

Il n’est sans doute pas facile de mettre la main sur cet argent volé. Pourtant malgré les embûches, la tâche n’est pas insurmontable et l’utopie peut un jour devenir réalité. Mais comment procéder ? Surtout et d'abord ne pas perdre un instant. Lorsque votre nouveau gouvernement veut récupérer l’argent détourné par ses prédécesseurs, le temps joue contre lui. Dans la course contre la montre qui suit la destitution du régime, la justice ne tient pas la corde (…) Vous ne trouverez ni chéquiers, ni documents bancaires au Palais présidentiel. Ces anciens maîtres en route pour une retraite dorée ont vraisemblablement dans leurs mallettes les clés de leurs fortunes. Actuellement, et alors que la rue fêtait la chute du régime wadiste en musique, tout était peut-être déjà joué.

 

Il est facile pour un escroc de vider un compte en banque à risque et de transférer les sommes sur celui d’un ami ou mieux dans un paradis fiscal, définitivement à l’abri des indiscrets. Un simple coup de téléphone à la banque ou à un gérant de fortune suffit. A l’ère de la télématique, l’opération ne nécessite que quelques manipulations informatiques et en quelques petites secondes des milliards sont mis à l’ombre. Quel que soit l’empressement des nouveaux dirigeants à agir, une grosse partie du magot échappera à la justice. Évidemment, les choses seront un peu moins compliquées lorsque ces tyrans déchus seront emprisonnés. Dans ce cas, les comptes bancaires et les propriétés nominatifs sont de fait bloqués puisse que leurs titulaires sont derrière les barreaux. L’affaire se complique quand, procédé classique et couramment utilisé, les dirigeant déchus ont fait ouvrir des comptes ou des coffres par des prête-noms qu’il faudra d’abord identifier et cela pourra prendre du temps, un temps précieux que les aigrefins mettront à profit pour prendre leurs précautions du moment que l’interdiction de sortie du territoire national ne les concerne plus.

 

 

«Le peuple connaît les coupables»

 

En général la plus grosse partie des fonds volés a été mise à l’abri dans des paradis fiscaux : l’île de Jersey et le Luxembourg sont deux paradis fiscaux intouchables. Le secret bancaire y est, hélas bien plus difficile à percer qu’un coffre-fort, ne pouvant être levé que dans de très rares cas. C'est que les établissements financiers n’obéissent qu’à leurs clients et à la justice du pays d'implantation. Une banque n’a d’ordre à recevoir que du titulaire du compte et de personne d’autre.

 

Quand un nouveau chef d’Etat réclame la saisie des biens des prédécesseurs à l’étranger, il faut une opération de communication à usage interne (...) Sans la justice, on ne peut absolument rien faire pour récupérer l’argent volé. Mais ces effets de tribune peuvent être dangereux politiquement, puisqu’ils confortent l’opinion dans la croyance très répandue qu’au Sénégal il suffit d’un coup de téléphone pour que les milliards détournés reprennent le chemin du pays. Cependant, personne n’a exigé au lendemain de la chute du régime socialiste que la communauté internationale gèle les avoirs (présumés) des responsables socialistes de par le monde et aucune demande d’entraide judiciaire n’a été déposée auprès des autorités compétentes.

 

Monsieur le Président, tout le monde sait que des milliards et des milliards ont été volés au peuple sénégalais. Comment des milliards tirés de programmes d’aide ont-ils été injectés chez nous alors que le niveau de vie a baissé au cours des douze ans qui ont suivi l’alternance ? Cette faillite a coûté cher à notre pays et aux bailleurs de fonds. Rappelez-vous de l’affaire de L’ANOCI, par exemple, pour voir comment nos dirigeants libéraux ont-ils pu en arriver à de tels désastres. Les coupables n’ont pas besoin d’être dénoncés, le peuple les connait. Il faudra les punir au lieu de les laisser vadrouiller partout dans le monde avec notre argent (...)

 

Président, le peuple vous observe et vous attend. Bonne chance !

 

MAMADOU WADE

COORDINATEUR DÉPARTEMENTAL ADJOINT

DE FEKKEE MACI BOOLÉ A RUFISQUE

 

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