Publié le 23 Feb 2019 - 12:28
LEVEE DU CORPS DE BAYE DAME WADE

L’ultime hommage rendu au fondateur de ‘’Réussir magazine’’ 

 

La dépouille du journaliste économique Baye Dame Wade a été présentée, hier, pour la dernière fois, à sa famille, ses proches et collaborateurs, avant de rejoindre son village Nguith Fall pour l’enterrement. A la morgue de l’hôpital Principal où a eu lieu la levée du corps, les témoignages ont été unanimes, même si l’atmosphère fut triste.

 

‘’Baye Dame était un bon pratiquant. Je peux en témoigner et il a accompli ses devoirs envers ses parents, proches et amis. Je le remercie du fond du cœur et prie pour le repos éternel de son âme’’.  C’est en ces mots qu’El Hadj Babacar Wade, père du défunt fondateur et directeur de publication du mensuel économique ‘’Réussir’’, devenu ‘’Réussir Business Group’’, a fait part de son ressenti devant le cercueil de son fils, hier, à la morgue de l’hôpital Principal, lors de la levée du corps. Et le père ne sera pas le seul à certifier la foi en Dieu de Baye Dame Wade.

En effet, selon son ancien directeur de publication à l’hebdomadaire ‘’Nouvel Horizon’’, Issa Sall, ce qui l’a marqué la première fois qu’il l’a connu, c’est sa foi. ‘’Il n’a jamais raté l’heure de la prière. Etant issu d’une famille religieuse, il ne pouvait pas se comporter autrement’’, dit-il. En plus d’une foi inébranlable, Baye Dame est considéré par ses proches comme quelqu’un de ‘’courtois, généreux, humble et modeste’’.

L’imam de Hann Marinas et oncle du défunt, Baye Sall, devant la veuve toute de blanc vêtue et effondrée, a ajouté : ‘’Personne ne l’a jamais vu fâché. Par rapport à sa femme, sachez qu’elle a reçu la bénédiction de son mari, avant qu’il ne nous quitte. Parce qu’à chaque fois qu’on échangeait avec lui, son dernier mot c’était : ‘N’oubliez pas de prier pour ma femme, car elle a tant fait pour moi.’ Si seulement tes efforts physiques et financiers pouvaient aider Dame à recouvrir la santé, il ne serait pas là.’’ A côté de la veuve, ses proches avaient du mal à contenir leurs émotions. Leurs larmes coulaient sur leurs joues au fur et à mesure que les témoignages s’enchainaient.

Une référence pour les journalistes

Cousin et ami de Pape Ahmadou Dame Wade, de son vrai nom, El Hadj Diop affirme aussi, le visage éploré, que Dame était une personne ‘’digne’’, ‘’courtoise’’ et qui voue un grand respect à son père. ‘’On est certes proche de lui, mais la personne qui l’était le plus parmi nous est Maguette Diop. Cependant, il ne peut pas prendre la parole, à cause l’émotion. On a perdu quelqu’un de bien, un exemple pour ses proches. Il était un journaliste, mais personne n’a jamais lu à travers son journal des choses déplacées. Ça n’a jamais eu lieu. C’est une référence pour les journalistes. Ils doivent savoir ce qu’ils écrivent et chacun doit avoir en tête qu’un jour, son heure va sonner. C’est très important’’, renchérit l’homme, la cinquantaine.  

Par ailleurs, l’ancien Dirpub du défunt magazine ‘’Nouvel Horizon’’ a également attesté que le journalisme ‘’n’est pas un métier facile’’. ‘’On parle de l’actualité, des gens et des choses qui, parfois, ne vont pas plaire à tout le monde. Toutefois, je peux témoigner que Baye Dame avait comme sacerdoce de mettre en valeur les gens qui ont réussi dans la vie. D’où l’appellation de son journal ‘Réussir’. Son objectif principal, c’était de dire du bien de ces derniers’’, soutient Issa Sall. Selon qui l’humilité de l’homme est démesurée. ‘’Dès qu’on se croise, la première chose qu’il fait, c’est me présenter comme celui qui lui a appris le métier. Parce qu’il avait cette humilité. Sa maladie a duré et ça a été difficile. Et même pendant cette période, sa foi était inébranlable. Aujourd’hui, tous les témoignages sont unanimes. Donc, nous autres journalistes, nous devons faire en sorte que les gens disent la même chose de nous, le jour où ne nous serons plus de ce monde’’, ajoute-t-il.

Il faut noter qu’hier, à la morgue de l’hôpital, ce n’est pas seulement les journalistes qui se sont déplacés pour rendre un dernier hommage au directeur du magazine économique. Le secteur privé, les représentants du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, le Forum civil, les hommes religieux, hommes d’affaires étaient tous présents.

REACTIONS

Mansour Cama (Cnes) 

 ‘’A travers ses écrits, on sentait que c’était bien à l’issue d’une analyse très approfondie’’

‘’Tout le milieu économique de ce pays et de la sous-région rend un hommage unanime à Baye Dame Wade pour sa contribution majeure à l’information économique. Mais surtout pour l’exemplarité de sa démarche qui a tiré ses bâtis sur la nécessité de faire fenêtre aux citoyens de la place du secteur privé et des entreprises, en même temps d’une information économique de premier choix. Baye l’a fait durant toute sa vie et en toute simplicité. L’homme était d’une grande humilité, d’une grande gentillesse. Je le connais depuis très longtemps, mais je ne l’ai jamais vu se fâcher. Il affichait toujours un sourire et quand il me parlait, il baissait les yeux. Notre relation était très fraternelle et, en même temps, empreinte de beaucoup de respect mutuel. La qualité de ce gars-là me frappait toujours, en termes de démarche, d’écoute.

Quand il donnait son point de vue, restitué à travers ses écrits, on sentait que c’était bien à l’issue d’une analyse très approfondie. Nous perdons aujourd’hui un grand journaliste. La presse devra beaucoup réfléchir et essayer de tirer des leçons du départ de Baye Dame Wade. Quand on a mené une vie exemplaire et que Dieu, dans son immense générosité, décide de prendre ce qu’il lui revient, qui est le souffle de vie, cela nous force à réfléchir sur la démarche que chaque individu doit mener pour qu’au jour du départ, les témoignages soient unanimes. Le dernier témoignage, c’est que c’est un homme et un très bon musulman et un très bon père de famille. Je rends hommage à son épouse qui l’a accompagné dans une période très dure de sa vie, à savoir celle de sa maladie.’’

Amayi Badji (Journaliste à ‘’Réussir’’) :

‘’Baye Dame était un de ces mentors qui te forment concomitamment pour l’aspect professionnel et humain’’

‘’C’est plus la perte humaine qui nous attriste. Parce que Baye était le père, l’ami et surtout une personne avenante. Il prenait toujours le temps de te consulter. Et quand il voyait que ça n’allait pas, il te demandait de prendre quelques jours de congé pour te reposer. C’était quelqu’un de très ouvert, dynamique, qui partageait sa vie et sa joie avec son personnel. Avec lui, il n’y avait pas de limite. C’est nous qui nous en fixions. Baye Dame était un de ces mentors qui te forment concomitamment pour l’aspect professionnel, mais aussi humain.

Ses références, c’étaient le Coran et son grand-père Abass Sall. Il ne cessait de l’invoquer. Tout ce qu’il nous apprenait en termes d’éthique et de déontologie, il le faisait à travers des anecdotes religieuses, son grand-père, sa vie quotidienne. Il aimait la famille, le travail et était surtout rigoureux. Sur ce point, il ne négociait pas. C’était toujours la rigueur, la bonne conjugaison, le bon verbe, le bon mot. ‘Réussir’ a réussi la prouesse de faire 13 ans sans procès en diffamation. Il fallait toujours vérifier, confirmer avant de publier une information.

Car l’information économique est plus sensible que celle politique. On peut dire que tous ceux qui sont passés entre les mains de Baye Dame sont assez outillés pour traiter l’information économique. Baye Dame, c’était la transmission par le savoir, la religion et la connaissance. L’anecdote qui nous a le plus fait rire, c’est quand on lui a parlé de digital. Il nous a répondu que son digital, c’était le Coran. Ce qui nous a paru un peu bizarre. On se moquait de lui en lui demandant de nous réciter une sourate qui contenait le mot digital. Et il parvenait toujours à trouver quelque chose dans le Coran qui expliquait comment l’évolution pouvait passer par le digital. C’était vraiment quelqu’un de pieux.’’

MARIAMA DIEME 

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