Publié le 17 Mar 2023 - 22:41
MÉDINATOUL SALAM - TOGGOU ADJOUMA

La recette de Sokhna Aida Diallo pour soutenir les pauvres

 

Il existe plusieurs formes de soutien à une personne démunie. Si certains préfèrent donner de l’argent pour appuyer les familles nécessiteuses, d’autres offrent du travail à un membre de la famille pour qu’il puisse subvenir aux besoins familiaux. Sokhna Aïda Diallo a une autre posture. Chaque vendredi, elle offre des mets succulents aux nécessiteux à travers tout le pays. Un grand cérémonial accompagne ces ‘’Toggou Adjouma’’.

 

Il est 11 h. La porte de la grande villa baptisée ‘’Keur Mame Mbabi’’ (en l’honneur de la mère de Serigne Béthio Thioune, son défunt mari) est pleine à craquer d’une foule venue bénéficier des largesses de la veuve du fondateur des Thiantacounes. Le curieux ne dépasse pas la villa sans se poser des questions sur la raison de ce rassemblement hebdomadaire de toutes ces personnes qui s’attroupent sur la nouvelle route bitumée qui passe devant la demeure de la nouvelle guide spirituelle des Thiantacounes. Ils attendent la distribution des assiettes remplies de tout genre de nourritures pour le déjeuner du vendredi.

Des centaines de personnes viennent chaque vendredi recevoir ces dons de la guide, sans compter les camionnettes remplies des mêmes produits qui sillonnent certains lieux du pays. Daaras, prisons, mosquées, hôpitaux, entre autres lieux où les conditions de vie ne sont pas des meilleures et mêmes certains services de l’État sont inscrits sur une liste de distribution scrupuleusement respectée par ses fervents talibés.

Il est midi. C’est l’heure choisie par la veuve de Cheikh Béthio Thioune pour arriver sur les lieux au volant d’un 4x4 blanc. Accueillie par des ‘’khassaïdes’’ entonnés par les Thiantacounes en chœur, Sokhna Aïda met pied à terre pour superviser les activités. Elle fait le tour des commissions pour vérifier que tout est à la bonne place, mais aussi pour voir si tout ce qui doit être fait l’a bien été. La tournée accomplie, elle revient sous la tente montée pour la circonstance.

Maintenant que ce tour d’honneur est fait, les camions peuvent s’approcher pour embarquer la nourriture qui doit aller dans les lieux indiqués à travers Mbour, Dakar, Diourbel et Touba, entre autres.

Un vrai travail à la chaine est effectué d’une façon coordonnée pour remplir les véhicules qui assurent la distribution. Au-delà des repas déjà mijotés, des lots de vivres sont également chargés en même temps que des boîtes de pharmacie remplies de médicaments destinées aux Daaras. Des tonnes de riz sont également offertes aux nécessiteux. Les Daaras qui sont ciblés font d’abord l’objet d’une étude de la commission chargée de vérifier s’ils existent réellement. Une fois sur la liste, chaque vendredi, ils reçoivent de la nourriture. Pour élargir la palette, chaque vendredi, un nouveau Daara est ajouté à la liste.

Un travail sur plusieurs jours

Dans l’organisation de ces ‘’Toggou Adjouma’’, le vendredi est juste la phase finale d’un long processus de production.

En effet, le travail commence le mercredi soir, avec l’arrivée des condiments. Une commission chargée de débarquer les légumes et autres qui doivent assaisonner la nourriture. Une fois les condiments sur place, la commission entame le travail en épluchant les légumes, après que ces derniers ont été bien lavés pour assurer l’hygiène. Parallèlement à ces activités, une autre commission s’échine à trouver du bois de chauffe pour la cuisson.

Le lendemain jeudi, les bœufs, les chameaux, les poulets et les pigeons arrivent. C’est l’heure pour la commission ’’boucherie’’ d’entrer en action. C’est dans la soirée que les bouchers vont abattre ces animaux, les dépecer et les couper en quartiers. Chaque ’’mbana’’ (marmite) va recevoir la quantité de viande qui lui est attribuée en fonction du plat qui sera cuisiné : du riz à la viande ou du ’’touffé’’ principalement. Cela étant, la commission ‘’cuisine’’ peut entrer en jeu. C’est durant la nuit du jeudi au vendredi que la cuisson commence pour ne pas arriver en retard dans les autres villes, le matin du vendredi.

Soucieux des règles élémentaires de l’hygiène, les Thiantacounes préparent des centaines de ‘’mbanas’’ destinés à la distribution.

Un cérémonial religieux accompagne toutes ces activités ; le jour du vendredi. Non loin de la cuisine, un espace est aménagé pour des activités d’un autre ordre. Sous une tente, les Thiantacounes se sont mis en rangées bien distinctes, séparant les femmes des hommes. Dans cet espace, des ‘’khassaïdes’’ sont psalmodiés à longueur de journée, après avoir récité des centaines de fois le Coran durant la matinée. Une autre facette de la journée du vendredi chez la guide spirituelle des Thiantacounes.

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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