Publié le 8 Mar 2013 - 17:10
MAURITANIE

Des centaines d’étrangers expulsés faute de carte de séjour

 

 

Les autorités de Nouakchott sont passées à la vitesse supérieure dans ce qu’il est convenu d’appeler ''la chasse aux étrangers''. Depuis le 19 février, plusieurs étrangers sans titre de séjour ont été reconduits à la frontière Rosso. Les Sénégalais battent le record des expulsions, avec plus d’une centaine de refoulés.

 

 

Décidément, la Mauritanie ne badine plus sur les mesures de restrictions concernant les étrangers. En effet, depuis le 19 février, des étrangers ont été interpellés à Nouadhibou et à Nouakchott , en cas de non détention de titre de séjour. Plus de 200 étrangers ont été contraints de quitter le territoire mauritanien. La police opère des interpellations le jour et des rafles la nuit. Chaque jour, un bus quitte Nouakchott pour Rosso, la frontière, avec à son bord des trentaines d’étrangers. Selon des sources proches des services de police des étrangers, à la date du 6 mars, il y aurait près de 100 Sénégalais, 40 Gambiens, 20 Maliens, environ 10 Guinéens, 7 Bissau-Guinéens et 2 Nigérians expulsés. Ces chiffres sont revus à la hausse tous les jours.

 

Une décision souveraine mal entreprise

 

La Mauritanie avait décidé depuis mars 2012 d’instituer la carte de séjour pour tout étranger vivant sur son sol. Ensuite, le 9 septembre 2012, le Ministère de l’Intérieur et le gouverneur de Nouakchott avaient annoncé la gratuité de cette carte, en levant la caution financière qui avait constitué un goulot d’étrangement pour les étrangers moins nantis. Ce fut alors le rush. Jusqu’en fin 2012, les opérations d’enrôlement (gratuit) se sont déroulées dans l’ensemble des centres constitués dont deux à Nouakchott et un à Nouadhibou. Après avoir enregistré des milliers d’étrangers pris au piège de cette gratuité, les autorités se sont dédits. En janvier 2013, le gouverneur de Nouakchott a convoqué les responsables des communautés ouest africaines (surtout) pour les informer que les cartes sont disponibles dans tous les centres d’enrôlement des étrangers et qu’elles peuvent être retirées contre le paiement de 30 000 ouguiyas (50 000 F Cfa). Il avait précisé qu'à compter du 3 février, tout étranger n’ayant pas obtenu ce sésame ou ne le détenant pas par devers lui, serait reconduit à la frontière.

 

L’ambassade du Sénégal a introduit une demande pour un délai d’au moins 4 mois pour permettre à ses ressortissants d’avoir la possibilité de payer ou de quitter le territoire. Demande qu’examinerait l’autorité compétente de Nouakchott qui n’a pas encore donné une suite favorable.

 

Abus ou excès de zèle …

 

Si cette mesure d'expulsion a pris de court ceux qui s’étaient enregistrés gratuitement, la manière dont se font les interpellations des «indésirables» est à déplorer. La police s’infiltre jusque dans les ateliers, les restaurants pour interpeller les étrangers. Avec ou sans récépissé, vous êtes admis à être reconduit à la frontière. Pire, les Sénégalais qui viennent d’entrer en Mauritanie avec des papiers de devise, carnet de vaccination et autres, se voient arrêtés et refoulés, comme si la carte de séjour se vendait à la frontière. Le 5 mars, trois Sénégalais en provenance de Saint-Louis ont été interceptés par la police de PK8, à l’entrée de Nouakchott, alors qu’ils détenaient par devers eux tous les documents nécessaires et valables. Ils sont entre les mains d’une compagnie de police pour être reconduits à la frontière. Des cas similaires ne manquent pas. L’ambassade du Sénégal qui se démène tous les jours, n’arrive pas à décanter cette situation alarmante. Les Sénégalais se désolent et s’en prennent à leurs autorités qui ont clairement indiqué que ''la réciprocité ne semble pas être une bonne attitude''.

 

 

Toutes ces reconductions se font sans que l’ambassade ne soit avisée. Le consul Reymond Dione fait la navette entre les différents commissariats de la ville pour rendre visite à des Sénégalais interpellés pêle-mêle. A l’en croire, il a rencontré le Directeur de la surveillance du territoire pour l’informer de la situation. Visiblement très désolé de la situation, il a souhaité l’implication des hautes autorités pour la décanter, au risque de la voir dégénérer et atteindre des niveaux difficiles.  

 

 

 

Ibou Badiane, Correspondant en Mauritanie

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