Publié le 29 Feb 2020 - 12:28
MEURTRE

Pour ‘’ses’’ cacahuètes, il poignarde son ami

 

Mamadou Diallo risque 5 ans de prison. Le vendeur de cacahuètes a asséné un coup de couteau mortel à Adama Ndiaye, qui en avait fait son souffre-douleur. Il sera fixé sur son sort le 10 mars prochain.

 

En 2016, lors d'un match de football organisé par les jeunes du quartier, un dimanche après-midi, Mamadou Diallo s’attelait à vendre ses cacahuètes, comme d’habitude. Ayant l’habitude de faire l’objet de quolibets et de moqueries, il répétait à l’envi que celui qui toucherait à ses cacahuètes les achèterait de force. En effet, les jeunes avaient pris l’habitude de chiper une ou deux graines, histoire de le charrier. Mais, ce jour-là, Adama Ndiaye a poussé le bouchon un peu trop loin, en prenant un sachet entier et en refusant de payer. Il y a eu des échanges d’insanités suivis d’une bagarre au cours de laquelle Mamadou a poignardé son vis-à-vis qui l’a défié de le faire.

La police de Yeumbeul a procédé à son interpellation. Tandis qu’Adama, acheminé à l’hôpital, n’a pas survécu à la plaie pénétrante en plein cœur.

Entendu, le mis en cause a reconnu les faits, lors de son audition et devant la chambre criminelle. ‘’Je vendais des arachides pour ma mère et à chaque fois que je calculais ma recette, ils venaient voler ma marchandise et me jetaient des pierres. Je me suis plaint à plusieurs reprises auprès du chef de quartier. Ce jour-là, il a pris un sachet et n'a pas voulu me payer. J'ai sorti le couteau que j'avais par-devers moi et il m'a dit de le poignarder. Je l’ai fait sans réfléchir, parce que j'étais très en colère‘’.

D’après la maman de l’accusé, son fils présente des troubles psychiques et pique souvent des crises. Elle a attesté qu’elle l'amenait très souvent en consultation à l’hôpital psychiatrique de Mbao. Ainsi, l’avocate de Mamadou Diallo, Me Ndèye Fatou Sarr, a estimé que le juge d’instruction doit ordonner une expertise médicale. ‘’Il n'est pas normal et ces jeunes le savaient. C'est pour cela qu'il a toujours été harcelé’’. Elle a également plaidé l'excuse de provocation et souligné que c'est un drame qui pouvait être évité. Maitre Sarr a sollicité une application bienveillante de la loi.

En sa qualité de témoin, Amady Bocar Niang a expliqué devant la barre qu'il avait bien vu la victime prendre le sachet de cacahuètes et qu'à un moment donné, il était allé déjeuner. Mais il observait la scène de loin. ‘’J'ai entendu des cris et je me suis retourné pour les voir commencer à se bagarrer. Puis j'ai vu Adama au sol, Mamadou sur lui. Il a ensuite essayé de s'enfuir, Adama s'est relevé pour le poursuivre. J'ai accouru, mais avant d’arriver, j’ai vu Adama s’affaler. Le sang coulait à flot. On a compris qu'il l'avait poignardé‘’.

Le parquet, dans ses observations, a trouvé que la thèse de la démence avancée par la maman de l'accusé ne devrait pas être prise en compte. ‘’Piquer des crises ne s’allie pas forcément à la folie, et vice-versa. Il n'y a pas non plus d'excuse de provocation‘’, a-t-il martelé et ajouté qu'il saluait la franchise de l'accusé qui n'a pas fait de détour pour berner la chambre. Le parquet a demandé de disqualifier le chef de meurtre en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et requis une peine de 5 ans ferme.

L’affaire est mise en délibéré. La chambre criminelle rendra son verdict le 10 mars 2020.

FAMA TALL

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