Publié le 8 May 2023 - 23:56
MILDA DISTRIBUÉS, MÉNAGES ATTEINTS, ENFANTS PROTÉGÉS...

Les raisons du recul du paludisme au Sénégal

 

La célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2023 est l’occasion pour le ministère de la Santé et de l’Action sociale de faire le point sur les réalisations du gouvernement qui ont permis de repousser considérablement la maladie du paludisme.

 

La célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le paludisme 2023 a eu lieu cette année à Diourbel. C'est le gouverneur de cette région qui a présidé la rencontre au nom de la ministre de la Santé et de l’Action sociale. Ibrahima Fall a profité de cette occasion pour magnifier les efforts soutenus du président de la République du Sénégal, Macky Sall, pour assurer une protection sanitaire et sociale à tous les Sénégalais, à travers ses actions quotidiennes en général et pour réduire les charges de morbidité et de mortalité liées au paludisme en particulier. Le thème de cette édition de 2023 est "Il est temps d’atteindre zéro palu : investir, innover, mettre en œuvre".

"Notre Plan national de développement sanitaire et social (PNDSS) 2019-2018 dispose bien que les populations sont organisées autour des structures sanitaires de base, notamment les cases, postes et centres de santé, pour initier et mettre en œuvre des activités de prévention et de prise en charge précoce des cas de paludisme. Cette approche justifie l’identification et la désignation des dispensateurs de soins à domicile (DSDOM). Justement, comme pour illustrer cette invite aux populations sénégalaises de continuer et de renforcer le combat contre cette maladie, j’ai eu le plaisir de remettre deux mille vélos aux DSDOM des régions de Kédougou, Kolda, Sédhiou et Tambacounda où sont concentrées actuellement les zones de forte incidence palustre dans notre pays. C’était le 25 avril dernier à Dakar", a rappelé le gouverneur.

Dans ces quatre régions, un total de 191 886 patients, toutes affections confondues, ont été vus par les DSDOM en 2021. Parmi ces cas, 56 285 cas de paludisme ont été enregistrés et pris en charge correctement, selon les directives du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Le taux de guérison était de 99,9 % (56 265/56 285).

"Ces résultats forts intéressants dénotent que les DSDOM représentent un levier important dans la lutte contre le paludisme en impactant sur la mortalité et la morbidité. Devant le poids persistant du paludisme dans le monde en général et en Afrique en particulier, la situation épidémiologique de notre pays le Sénégal laisse apparaître, de 2017 à 2021, une baisse significative de la morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, respectivement de 26,3 % et de 51,1 %", confie l'exécutif local.

Ces progrès encouragent, d’après lui, leur adhésion dans les grandes initiatives internationales de lutte contre le paludisme.

À ce jour, d’importantes réalisations ont été effectuées dans la mise en œuvre des différentes interventions du MSAS. À titre d’exemple, la réalisation des stratégies à efficacité prouvée recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’est traduite au niveau opérationnel par une amélioration de l’accès aux services et la qualité de la prise en charge des cas. Ibrahima Fall souligne aussi la mise en œuvre du traitement préventif intermittent chez la femme enceinte, la distribution des Milda en routine et en campagne nationale, les campagnes annuelles de chimio-prévention du paludisme saisonnier dans les zones cibles et la prise en charge des cas de paludisme à domicile (Pecadom) qui contribuent de façon décisive à la prise en charge des populations partout où elles se trouvent sur le territoire national.

"Parmi les principaux résultats issus des réalisations majeures de mon département en 2022, un total de 6 935 681 Milda a été distribué à 1 492 985 ménages. Ceci représente une couverture effective de 14 231 522 personnes dans 12 régions du pays. Les différents passages de la campagne de chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) organisés dans 16 districts sanitaires ont permis de protéger 755 224 enfants pendant la période de forte transmission du paludisme. De façon plus déterminante, ces stratégies ont aussi contribué de façon décisive au contrôle du paludisme et à sa pré-élimination dans plusieurs districts sanitaires du pays. Le défi majeur de notre pays reste, aujourd’hui plus que jamais, l’élimination du paludisme à l’horizon 2030, avec le soutien de nos partenaires. En cela, les recommandations de l’OMS, de Roll Back Malaria et la disponibilité de nos autres partenaires rencontrent la pleine volonté du président de la République", se félicite le gouverneur.

Nécessité de mobilisation de financements supplémentaires

S’agissant du thème de cette édition, le gouverneur insiste sur la nécessité d’actions urgentes et la mobilisation de financements supplémentaires, afin que les investissements réalisés à ce jour produisent un impact maximal dans la lutte contre le paludisme, conformément aux objectifs fixés dans le Plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2021-2025. "La combinaison des efforts de toutes les forces vives de notre pays permettra, j’en suis persuadé, d’impulser une dynamique nationale qui nous mettra en route vers l’élimination du paludisme à l’horizon 2030", déclare le gouverneur.

Un optimisme partagé par le représentant résidant par intérim de l'OMS qui salue les progrès du Sénégal dans la lutte contre le paludisme. Selon le Dr Vincent Dossou Sodjinou, cela a été possible grâce au leadership de la ministre de la Santé et de l'Action sociale, Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, à l'engagement des agents de santé, y compris les acteurs communautaires et à l'appui des partenaires techniques et financiers.

‘’En effet, la prévalence parasitaire est passée de 1,2 % en 2014 à 0,4 % en 2017. Malgré un rebond enregistré ces deux dernières années, l'évolution des indicateurs de morbidité et de mortalité est globalement satisfaisante dans la période 2016-2019. L'incidence du paludisme a baissé de 8 % entre 2018 et 2021. Le taux de mortalité pour 100 000 habitants est passé de 3,5 % à 2,3 %, soit une réduction de 35 %. On note une réduction appréciable de la mortalité palustre avec une baisse de 28 % du nombre de décès liés au paludisme dans la population générale. Les taux de réalisation des tests ont atteint des performances supérieures à 99 % et la dispensation des ACT est à 97 % au niveau des structures sanitaires et au niveau communautaire. La troisième dose de traitement préventif Intermittent (TPI) chez les femmes enceintes est passée de 45 % en 2015 à 64,8 % en 2021. À cela s'ajoutent les revues programmatiques régulières suivies de l'élaboration de plans stratégiques qui prennent en compte les politiques et les stratégies requises pour l'atteinte de l'objectif d'élimination. Le Programme national de lutte contre le paludisme du Sénégal a déployé, ces dernières années, d'importants efforts dans la surveillance, le suivi et l'évaluation avec une bonne utilisation du DHIS2’’, énumère-t-il.

Cependant, souligne le représentant de l’OMS, malgré la baisse importante du nombre de cas observé sur toute l'étendue du territoire, des régions comme Kolda, Tambacounda et Kédougou continuent de porter le fardeau du paludisme et méritent une attention particulière. Devant cette situation, il sied, selon Dr Vincent Dossou Sodjinou, de renforcer les actions envers les groupes à risque, basées sur la micro-stratification et une meilleure analyse pour guider les interventions dans l'innovation.

Sur cette question, il félicite l'État du Sénégal, à travers le PNLP, pour les efforts jusque-là consacrés en vue de réaliser la vision d'un Sénégal émergent où le paludisme est éliminé. ‘’Les résultats sont certes réels et le pays poursuit sa marche vers l'élimination du paludisme. Cependant, des défis se dressent devant nous et tournent autour de la réduction continue de l'incidence, du maintien de la surveillance régulière de la sensibilité des vecteurs aux insecticides, de la sensibilité des parasites aux médicaments antipaludiques, le contrôle du paludisme dans les zones sud et est du pays, le renforcement du secteur privé, l'intensification de la lutte transfrontalière et l'amélioration de la qualité des données à travers le DHIS2’’, dit-il. 

CHEIKH THIAM

 

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