Publié le 26 Nov 2022 - 22:19
MONDIAL 2022 - QATAR / SÉNÉGAL (1-3)

Les choix gagnants du sélectionneur

 

Le Sénégal a tenu son rang et battu le pays organisateur de ce mondial 2022. Le match a eu du mal à s’emballer, mais, les Lions ont finalement trouvé la clé pour remporter trois points cruciaux, pour la qualification à la phase des éliminations directes. Dans le jeu et les intentions, il y a eu du mieux, même s’il faudra faire beaucoup mieux pour espérer exister dans cette coupe du monde assez relevée.

 

Coach Aliou Cissé était très attendu pour ce deuxième match crucial des Lions. Notamment dans son choix des hommes devant affronter le Qatar. Car, après la défaite contre les Pays-Bas (2-0), il était clair qu’il fallait apporter plus de créativité pour espérer marquer et gagner.

Hier, il a opté pour un 4-4-2, avec l’entrée de Famara Diédhiou dans le onze de départ, en remplacement de Cheikhou Kouyaté blessé. Ismaëla Sarr a retrouvé son côté droit préférentiel et Krépin Diatta a occupé le flanc gauche. Grâce à ce dispositif, l’équipe a eu globalement la maitrise du jeu et monopolisé le ballon, lors du premier acte.

Mais, elle a eu du mal à créer du danger. Le but est venu d’un mauvais dégagement du central Boualem Khoukhi sur un centre de Krépin Diatta. Boulaye Dia ne s’est pas fait prier pour crucifier le gardien Barsham. Ensuite, il y a eu les buts de Famara Diédhiou qui a coupé au premier poteau le corner de Jakobs et de Bamba Dieng sur une offrande de l’entrant Iliman Ndiaye que les 14 millions de sélectionneurs sénégalais réclamaient de tous leurs vœux.

Ainsi, sur ce match, les trois attaquants de pointe de la liste ont marqué. Et les remplaçants (Bamba et Iliman) ont été décisifs. Un coaching payant pour le sélectionneur qui peut préparer sereinement la ‘’finale’’ du troisième match de poule. 

Iliman illumine le jeu

Sur une action de classe mondiale, le milieu offensif de Sheffield United a montré, hier, à la face du monde, tout le bien qu’il peut et pourra faire à la sélection nationale. D’ailleurs, toutes ses prises de balle ont été un ravissement pour les yeux. Heureusement que le sélectionneur lui a donné du temps de jeu et pourvu qu’il ne sorte plus du onze partant.

En attendant, son entrée d’hier a fait beaucoup de bien au jeu sénégalais. Car, le jeune offensif est incontestablement la touche technique qui manquait aux Lions, depuis le forfait de Sadio Mané. En quelques minutes, il a fait retrouver au jeu sénégalais, un allant et surtout une fluidité que les protégés de Cissé n’avaient jusqu’ici que peu montré.

Et le troisième but sénégalais souligne toute la gamme technique du joueur : prise de balle impeccable, bonne orientation du corps et du jeu, conduite de balle soyeuse, dribles, jeu vers l’avant, percussion, justesse dans le jeu et vista. Un joueu décisif.

Avec un Sadio Mané au sommet de son art, l’apport du jeune Iliman pourrait nous valoir beaucoup de satisfactions dans le futur. En attendant, la suite du mondial doit s’inscrire avec le jeune talent sénégalais.

Un bloc défensif toujours solide

Dans la lignée de sa première sortie, dans ce mondial qatari, la sélection nationale a fait montre d’une bonne solidité défensive, malgré un gros temps faible au cœur de la seconde mi-temps (voir ailleurs). Hier, pendant plus de 60 minutes, les protégés d’Aliou Cissé ont littéralement étouffé les Al-Annabis. Le coach avait décidé de troquer son 4-3-3 fétiche pour un 4-4-2 qui n’a pas perturbé le dispositif défensif des Lions.

D’autant que les offensifs n’ont pas rechigné aux tâches défensives et que l’adversaire, en dehors de quelques fulgurances de leur feu-follet Afif, n’avait pas les armes techniques pour mettre à mal le bloc défensif. Ainsi, le portier Edouard Mendy a pu passer une première heure assez tranquille, avant d’être sollicité, lors de la dernière demi-heure.

Il faut aussi souligner la bonne tenue de la paire Koulibaly-Diallo, bien plus rassurante que l’axe Kalidou Koulibaly – Pape Abdou Cissé. D’ailleurs, le but adverse est intervenu, lorsque Diallo a coulissé pour prendre la place du latéral Ismail Jakobs qui venait de céder sa place à Pape Cissé, après une alerte musculaire. On l’a vu boiter, puis faire des étirements de l’une de ses jambes. Il a été remplacé, dans la foulée. Avant cela, il faisait un bon match, avec des montées incisives sur son aile gauche et une belle activité. Pourvu qu’il ne se soit pas blessé.  

Le pressing sénégalais a, une fois de plus, fonctionné. Il a permis de mettre sous l’éteignoir l’attaque adverse.

Edouard Mendy, une solidité retrouvée

C’était l’une des interrogations majeures de l’avant-match d’hier. A quel Edouard Mendy allait-on avoir droit : la version meilleur gardien du monde, ou le portier fébrile des derniers mois ? Au finals, il a rassuré tout le monde, par sa prestation solide. Auteur de deux parades décisives, alors que le score était de 2 buts à zéro, il a grandement aidé la sélection à laisser passer l’orage, au cœur de la 2nde période. Et ce match abouti d’hier est de nature à ramener la sérénité dans l’arrière-garde sénégalaise et d’envisager l’avenir avec sérénité.

D’ailleurs, la question de l’identité du portier pour ce deuxième match contre le Qatar avait été posée, en conférence de presse d’avant-match. Mais, aussi bien le sélectionneur que le capitaine Koulibaly lui avaient témoigné d’une confiance sans faille. ‘’Édouard va bien. C'est un garçon qui a un mental d'acier. Bien sûr, on a eu à discuter avec lui comme je le fais avec la plupart de nos joueurs’’, déclarait Aliou Cissé, face à la presse. Le défenseur de Chelsea renchérissait : ‘’Édouard sait ce qu'il a à faire et nous savons ce que nous devons faire. Donc, on doit tous faire en sorte que l'équipe tourne bien. Je ne m'inquiète pas, je sais qu'Édouard nous sortira un grand match demain. J’espère que ce sera le cas pour tous les autres coéquipiers, pour que le Sénégal puisse s’en sortir avec cette victoire qu'on attend.’’

Vu la configuration du groupe et les échéances qui attendent l’équipe nationale, la confiance retrouvée du dernier rempart est une excellente nouvelle. Car, il faudrait gagner le prochain match, pour poursuivre l’aventure qatarie. Et d’ailleurs, dans ce genre de tournois, les équipes solides défensivement sont celles qui vont loin ou au bout. 

Des attaquants en verve

L’équation des buts a été en partie résolue, hier, avec les prestations de nos trois attaquants qui ont chacun marqué. Ce qui est excellent pour la confiance. Même si, la victoire du Sénégal était attendue dans ce match, le fait que nos attaquants aient marqué est de bon augure pour la ‘’finale’’ contre l’Equateur. Car, ce match s’annonce tendu et serré et les deux équipes jouissent d’une bonne densité athlétique. Il faudra être chirurgical.

Et surtout, il faudra faire beaucoup mieux qu’hier. Car, pendant 40 minutes, la possession sénégalaise a été plus que stérile, en dehors d’une frappe de Gana Guèye qui a donné quelques frissons aux téléspectateurs, à la 24e minute. Le premier but est venu d’un cadeau de la défense, même si, là, les Sénégalais ont eu le mérite d’amener le ballon dans la surface adverse et ont fait subir une pression quasi constante à la défense qatarie. De ce fait, il n’a pas été volé. Le deuxième but est venu sur corner. Le but dans le jeu est venu plus tard, sur une percée d’Iliman Ndiaye qui a donné un caviar à Bamba Dieng.  

Donc, malgré cette efficacité retrouvée de nos attaquants, il faudra une bien meilleure animation offensive pour déstabiliser des Equatoriens autrement plus solides que les Qataris. D’une manière générale, dans le dernier tiers adverse, il manque, tout le temps, de la vitesse et du mouvement, pour prendre à défaut les défenses adverses, à l’instar du but qatari qui est venu sur une transversale, un débordement et un centre qui a trouvé l’attaquant Mohammed Muntari lancé. Il n’a eu qu’à catapulter le ballon dans les filets.

La très mauvaise gestion du temps faible

Hier, après l’heure de jeu, c’est comme si, la lumière s’était éteinte. Les Lions ont eu un gros temps faible, lors duquel, les Qataris ont eu leurs seules occasions du match et surtout marqué le but du 2-1, celui de l’espoir. En effet, la charnière centrale s’est mise à reculer et bloc sénégalais a perdu sa compacité. Le pressing est devenu inefficient et la défense a pris des vagues. Edouard Mendy a retardé l’échéance, mais, le but est quand même venu.

Ensuite, grâce à l’activité des entrants, le Sénégal a repris l’initiative du jeu, aggravé le score et géré la fin du match. Toutefois, il ne faudra pas reproduire ce genre de passage à vide, car, face à une adversité plus relevée, cela ne pardonnera pas.

On pourrait mettre cela aussi sur le compte des changements intervenus à ce moment du match, mais, il faudra, à l’avenir, éviter de donner le bâton pour se faire battre.

GASTON COLY

 

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