Publié le 29 Dec 2012 - 00:02
MOUSSA TOURÉ SUR L’AFFAIRE ABDOUL MBAYE/HISSÈNE HABRÉ

 «D’autres banques avaient aussi reçu l’argent de Habré»

Cité dans l’affaire du «blanchiment» de l'argent d'Hissène Habré par Abdoul Mbaye, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances confirme avoir été «indirectement» mis au courant. Mais il disculpe le Premier ministre et révèle que des banques autres que la CBAO avait également reçu les sous de l'ex-leader tchadien.

 

«J’ai pris toutes les précautions d’usage en la matière. J’en ai informé les autorités. J’ai interrogé une banque correspondante de la CBAO au Tchad pour en connaître davantage sur l’origine des fonds à placer en dépôt. J’ai ensuite autorisé l’opération sans aucune réserve». Ces propos ont été tenus par le Premier ministre Abdoul Mbaye lors du vote, mercredi, de la motion de censure, en réponse à ceux qui l’accusent d’avoir «blanchi» les milliards que l’ancien chef d’État tchadien, Hissène Habré a emportés avec lui en 1991 au Sénégal. A cette occasion, le chef du gouvernement a pris à témoin l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Moussa Touré. Joint au téléphone par EnQuête, celui-ci confirme avoir été informé de cette affaire mais il juge ces accusations «malsaines». «Pour des faits qui se sont passés en fin 90 début 91, attendre la fin de l'année 2012 pour les sortir, c’est très suspect», dit l’ancien pré-candidat à la présidentielle de février 2012.«Si Abdoul Mbaye n’était pas Premier ministre, jamais on n'en aurait parlé au Sénégal. Ce qui veut dire que c’est une affaire politicienne», poursuit-il.

 

Sur les faits, l’ex-président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) précise que «Hissène Habré n’est pas venu au Sénégal en clandestin», mais a bénéficié d’un statut d’asile politique à la suite «des décisions hautement politiques prises ici au Sénégal et ailleurs». Une fois sur le sol sénégalais, l’ancien homme fort du Tchad a été invité à «dresser un inventaire» de ses biens. «Dans cet inventaire, renseigne M. Touré, il y avait l’avion qui l'a emmené et qu’il estime être son bien personnel». Alors, «lorsque le gouvernement tchadien a demandé à ce que l’avion lui soit rendu, Abdou Diouf a préféré que la justice s’en saisisse. La Justice a tranché en estimant que cet avion appartenait effectivement au gouvernement tchadien, et il l'a rendu au Tchad».

 

«Indirectement informé»

 

Selon Moussa Touré, il n’a jamais été question de «réclamer à Habré de l’argent qui aurait été subtilisé, dérobé, ou volé sur le territoire tchadien». D’ailleurs, il révèle que la CBAO n’était pas le seul établissement bancaire à recevoir le «magot» de monsieur Habré. Mais il se garde bien d'en dire plus sur l'identité desdites banques. A la décharge du Premier ministre, l’ancien ministre qui dit avoir été au courant de ce dépôt rejette le vocable «blanchiment», car aucun dispositif légal et réglementaire de la Bceao et du Sénégal n’amenait à penser que c’était un acte illégal. « J’en ai été informé mais pas directement », précise-t-il. « Abdoul Mbaye avait des répondants au ministère qui étaient chargés de cette affaire-là. Et lorsque je l’ai su, cela n’a pas fait l’objet d’une nouvelle extraordinaire.» Bien qu’étant de «l’opposition», Moussa Touré dit être «contre l’injustice». «Si des gens veulent régler des problèmes, qu’ils les règlent par des voies loyales et franches. On avait à juger de la gouvernance du Premier ministre, là j'aurais été plus à l’aise», dit-il.

 

DAOUDA GBAYA

 

 

 

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