Publié le 6 Feb 2023 - 14:46
NOUS REGARDERONS 2024, AVEC CURIOSITÉ, LA RUE ET SON MOUVEMENT POUR VOIR QUE RIEN N’A CHANGÉ

De la fatuité des hommes politiques 

 

« Nous ne nous rendons pas compte que la seule barrière entre nous et la jungle, entre nous et l’état de nature, ce sont les institutions », Pr Souleymane Bachir DIAGNE.

À un moment de notre histoire où l’écart est très grand entre l’état du pays et notre état d’esprit, le rapport des forces si complexe, l’indignation morale si fortement enflée, le désir de pureté des dits « politiques » tendant vers la haine de l’autre, la politique sort des étroits milieux que constituent : le pouvoir, les érudits, les écrivains les intellectuels.

Les partis politiques constituent une réalité risquée, parce que nous invitant dans un monde de compétition et de lutte, et nous gavent d’une monoculture de l’agressivité préventive. Notre pays rencontre le pire de son histoire. 

Dans un tel contexte, il ne faut pas laisser l’autorité publique s’évanouir. Ce serait le chaos social et politique.

Œuvre : Quel futur pour cette fille ?

Il convient de s’arrêter et de réfléchir, pour :

• inviter ceux qui sont censés déterminer les modèles politiques et les institutions politiques à ne pas abolir l’acquis, s’ils veulent réussir,

• essayer de gagner les cœurs,

• et, éviter d’employer l’autorité là où il ne s’agit que de raison.

La situation est difficile, mais je reste persuadé que NOUS REGARDERONS 2024, AVEC CURIOSITÉ, LA RUE ET SON MOUVEMENT POUR VOIR QUE RIEN N’A CHANGÉ.

LA LEÇON PAR LE FOOTBALL 

Ø La foule 

Hommes politiques du Sénégal (pouvoir et opposition réunis), souvenez-vous du 6 février 2022. Vous ne pouvez pas, et vous ne pourrez jamais mobiliser « ASAKA’Y MBÒLOO MOOM U ».

Quand de fortes émotions saisissent le peuple, le sentiment tout puissant de la fierté l’illumine.

Cette foule du 6 février 2022 n’avait pas de passions violentes. Elle n’était pas inaccessible au raisonnement.

« OH ! LES HONTES ET LES CRIMES DES FOULES.

PASSANT SUR LA VILLE COMME DES HOULES ».

Les Sénégalais, sans canonnades à coût de millions de FCFA, avaient bravé la chaleur et la poussière, se moquant d’omicron, sans repas, marchant des kilomètres et des kilomètres, juste pour dire MERCI à ceux de leurs communautés qui avaient honoré leur pays, le Sénégal. 

Ces Sénégalais étaient là pour remercier ceux qui avaient semé toutes ces gouttes de joies dans leurs cœurs, mais aussi pour inviter les politiques à la création d’une société nouvelle et pacifiée.

Ces Sénégalais avaient accompagné leurs joueurs et leur coach, parce qu’ils leur avaient servi un langage symbolique qui les nourrissaient, les enrichissaient et leur donnaient force.

Oui. Ces Sénégalaises et Sénégalais de tous les âges, de toute appartenance politique et religieuse, étaient entrés dans le débat politique de la plus belle des manières. 

Oui. Ces petites communautés avaient répondu par consensus à l’appel d’une nation victorieuse, éliminant sans hésiter le besoin de recourir, dans la plupart des cas, aux moyens et services de l’Etat.

Ce signe était celui de femmes, d’hommes et de jeunes appartenant à un même peuple, regardant dans la même direction. C’était un peuple fort, confiant, uni, et solidaire.

Des Sénégalais convaincus qu’ils peuvent entreprendre et résoudre leurs problèmes, des Sénégalais qui incarnent certaines vertus cardinales de notre peuple : JOM, JUB, KERSA, et qui, pour leur accomplissement, réunissent deux conditions : la LIBERTÉ et la RESPONSABILITÉ.

Des Sénégalais capables d’utiliser au mieux les ressources de leurs intelligences pour travailler beaucoup, et beaucoup mieux.

HOMMES POLITIQUES EN PRÉ-CAMPAGNE, NOUS VOUS ATTENDONS SUR LES NOUVEAUX CHAMPS

Nous vivons de nouveaux temps, et la terre s’emballe pour le meilleur et pour le pire.

En 2020, nous avions connu le premier cycle de l’enfermement ; un passé récent opaque de notre humanité, les individus isolés physiquement, ne pouvant communiquer que par écrans interposés.

C’ÉTAIT UN SIGNE !

Nous n’étions pas préparés à vivre ce nouveau paradigme : UNE HUMANITÉ OÙ LA RÉALITÉ VIRTUELLE CONTIENDRAIT LE RÉEL, UNE HUMANITÉ OÙ LE RÉEL CONTENAIT LE VIRTUEL. CONTRAIREMENT À CE QUE NOUS CONNAISSIONS.

Une autre réalité était entrée dans notre quotidien, le « MONEY BANKING ». Était-ce une des clés d’un nouveau paradigme international qui nous mènerait à la MONNAIE NUMÉRIQUE ? (Je suis tenté de dire oui).

D’Adam SMITH à Fernand BRAUDEL, les hommes n’ont jamais cessé de s’interroger sur les « causes des richesses » des nations et leur « pauvreté » en privilégiant les explications matérielles : capital, travail, ressources naturelles, climat.

Aujourd’hui, le MARCHÉ impose de plus en plus sa dictature au monde, amplifie la concentration des richesses, ainsi qu’il réduit par les robots mimétiques la pénibilité du travail. A contrario, ce MARCHÉ  augmente le nombre de chômeurs, facilite le transhumanisme qui inquiète et fascine en même temps, rend précaire la perspective d’une paix durable du fait d’une grande vague de réarmement, favorise la naissance de nouveaux mouvements sociaux qui sont portés par des « PROVOCATEURS D’ÉMOTIONS COLLECTIVES » spécialistes d’un « monde qui vous offre un faux sentiment de bien-être en vous gavant de contenu qui, selon l’utilisation que vous faites de vos réseaux, vous plaît, vous réconforte dans vos croyances et vous donne l’impression de faire partie d’une meute qui, comme vous, a raison contrairement aux autres qui bien sûr ont tort. 

LE DANGER, IL EST LÀ.

Au lieu de réunir, les réseaux sociaux nous ont éloignés. Au lieu de bâtir des communautés, ils ont créé des sectes. Au lieu de partager la bonne nouvelle, ils sont devenus des apôtres des fausses nouvelles. Au lieu de se « liker », on se déteste.

La dissymétrie entre l’accélération du rythme du changement et la reconfiguration de la société est telle que nous n’avons pas pu à temps inventer les amortisseurs sociaux et les systèmes de régulation nécessaires, permettant aux citoyens de tirer le meilleur des accélérations tout en atténuant ses effets pervers, et bien particulièrement ceux des RÉSEAUX SOCIAUX.

Aujourd’hui, du fait de la loi MOORE, notre humanité a vu émerger un nouveau courant de pensée, « L’ACCÉLÉRATIONNISME ». C’est le paramétrage d’un nouveau modèle économique fixé par la technologie SMART et l’Intelligence artificielle, et un cinquième pouvoir (le pouvoir du citoyen : les réseaux sociaux). 

Nous sommes tous des connectés. Nos vies sont transformées, comme tout est connecté, c’est la vie qui est tout simplement transformée. 

Pas à pas, robots, ordinateurs, et cyborgs ont rattrapé l’homme et le surpassent dans la plupart des tâches. Ils minent ainsi les fondamentaux du libéralisme (droits de l’homme, démocratie et marché).

Nos parcours historiques et politiques sont différents de ceux des peuples du Nord, par la variété des valeurs culturelles auxquelles croient les unes et les autres ainsi que par la richesse des expériences étatiques plurielles et des particularités démocratiques qui s’observent ici et là.

Ainsi, nous devons comprendre que : c’est le droit de chaque peuple, c’est notre droit de repenser librement à chaque époque, et maintenant en particulier, les institutions les mieux adaptées à notre culture et à nos besoins de développement politique, économique et social. 

Devrions-nous continuer à nous inspirer d’un modèle qui a atteint ses limites, un modèle qui fait des populistes des princes, un modèle qui fait de la grève un critère de performance économique (plus de 110 jours de grève par an) ?

Le Sénégal est face à son devenir. Il le colore de ses rêves les plus intimes ou il fait comme si de rien n’était.

Pays de grande démocratie, plus de 3,5 siècles de stabilité, jeune de sa population, mines inépuisables de richesses, longue expérience de résistance et de résilience, le Sénégal doit porter le défi de sa propre réinvention.

Assumons-nous, la société politique dans son ensemble est la seule source menant au développement. 

Qu’il s’agisse d’une monarchie élective, absolue ou mixte, oligarchie ou démocratie, peu importe ! Pourvu seulement que gouvernants et gouvernés aient présents à l’esprit que tout pouvoir politique procède de la communauté au service de laquelle il s’exerce.

Le consentement de celle-ci à lui suffit. 

Faisons appel à notre histoire et relisons l’histoire politique de nos anciens territoires.

L’exemple du Royaume du Gadiaga : Ce royaume (espace, partagé aujourd’hui par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal) entre autres, présente une grande particularité :

   - c’est un pays qui fut dirigé pendant près d’un millénaire (VIIIème siècle - XIXème siècle), un modèle politique (bien de chez nous) qui a permis la stabilité, la permanence du pouvoir pendant plus de 1000 ans.

UN SÉNÉGAL NOUVEAU EST BIEN EN COURS

À nous d’œuvrer pour un Sénégal qui se libèrera de l’individualisme, des crispations identitaires, d’une démocratie de la minorité et d’un nationalisme naissant.

DES NÉCESSITÉS ET PARTICULARITÉS DE NOTRE DÉMOCRATIE.

Ø Des nécessités 

Ensemble, faisons de sorte que la DÉMOCRATIE se réalise, favorise la cohésion sociale et garantisse le développement.

Ceci est possible, à la condition qu’elle s’appuie sur trois socles :

• le SENTIMENT DE SÉCURITÉ : dans un pays, on définit un citoyen par des règles de droit dont les critères d’inclusion peuvent varier suivant les politiques qu’on décide de mettre en place.

En toute chose, il faut créer à l’entame un cadre de sécurité, faire de sorte que chaque personne puisse accepter les règles, les comprendre, et les respecter. 

Le peuple dispose d’une membrane immatérielle qui a quatre fonctions : contenir, protéger, garantir une identité, ainsi que faciliter et filtrer les échanges :

• le SENTIMENT D’ÉGALITÉ et/ou D’ÉQUITÉ : c’est un trait constitutif de notre humanité, l’un des fondements de notre vie en société et de la démocratie.

Lorsque les niveaux d’inégalité sont très élevés, les comportements immoraux et antisociaux des plus nantis apparaissent de manière significative, le fossé entre les hommes devient toxique et cela mine le sentiment de confiance et d’équité.

Les inégalités sociales, l’arrogance et la suffisance sont très corrosives, socialement parlant. Il n’est rien de plus délétère que de montrer au peuple comment vivent les plus riches.

Il est clairement montré (en observant de nombreux indices provenant des chiffres de l’ONU) que la santé d’une population ne s’améliore pas avec la richesse globale du pays (l’augmentation du PIB), mais plutôt avec la réduction des inégalités entre les revenus.

• le SENTIMENT DE CONFIANCE : seize attitudes qui permettent de créer d’authentiques relations de confiance : faire confiance a priori, faire preuve de respect, de bienveillance, d’honnêteté et d’intégrité, de compassion, d’humilité, d’ouverture, de générosité (le don de soi), de patience, de gratitude, d’optimisme, de détermination, d’humour et surtout d’authenticité. Enfin, deux dernières conditions peuvent être importantes : le fait de bien communiquer (parler, se faire comprendre, informer etc.…), et celui de bien définir et faire respecter un cadre de sécurité. La confiance est ce qui construit une légitimité politique, économique et social pour un pays.

Elle est essentielle pour le maintien des relations sociales.

Dans les leçons prononcées au Collège de France en 1994, et publiées sous le titre de : « Le miracle en économie », M. Alain PEYREFFITE, insistant sur le rôle décisif de « l’ethos de confiance compétitive », souligne que : « la seule ressource capable de transformer « UN DÉSERT EN PAYS DE CANARDS, C’EST LA CONFIANCE DES MEMBRES D’UNE SOCIÉTÉ LES UNS DANS LES AUTRES ET DE TOUS DANS LEUR AVENIR COMMUN ». J’ajouterai, qu’en toute chose, il faut avoir confiance en Dieu et confiance en l’homme.

Des particularités 

Des langues.

Notre démocratie restera particulière tant que nos langues nationales seront exclues de la sphère officielle.

Notre développement atteindra le niveau et le rythme adéquats en ce 21ème siècle que si notre pays est gouverné par le mix langues étrangères et langues nationales.

La langue n’étant pas neutre, étant véhicule d’une culture et des valeurs qui l’informent, il est aisé de percevoir le danger d’une partition psychologique, culturelle et éthique qui irait en s’accentuant entre ceux qui pensent en s’exprimant dans la langue de l’École française, ceux qui pensent en s’exprimant dans la langue de l’École arabe et ceux qui pensent en s’exprimant dans la langue maternelle. 

Des Chefs religieux.

Ils ont toujours constitué et constituent encore des contre- pouvoirs qui nous protègent et protègent pouvoir et opposition politiques des dérives qui se sont produites dans d’autres pays de la sous-région, là où les hommes ont été conduits par le tempérament ou par l’effet des circonstances à se muer en dictateurs et/ou en fascistes, seuls en face d’eux-mêmes, se rendant coupables des pires exactions.

Au Sénégal, Dieu merci, l’existence de contre-pouvoir maraboutique nous a préservé de bien de tournants.

Dans son ouvrage bien connu, « L’ESPRIT DES LOIS », Montesquieu écrit : « POUR QU’ON NE PUISSE PAS ABUSER DU POUVOIR, IL FAUT QUE PAR LA DISPOSITION DES CHOSES LE POUVOIR ARRÊTE LE POUVOIR ».

C’est à ce contre-pouvoir maraboutique, que nous devons pour une large part de n’avoir pas connu les pouvoirs despotiques et répressifs qui ont sévi ailleurs.

Cela n’enlève en rien à l’exemplarité des luttes que les militants n’ont cessé de mener pour la démocratie et la justice.

Ceux qui pensent qu’être nés après l’indépendance nationale est une qualité politique en soi, savent-ils ce qu’ils disent ? Mesurent-ils le mépris qu’ils entretiennent par ignorance ? Savent-ils ce que ces chefs religieux, en compagnie de personnalités politiques célèbres, ces anonymes, ces petites mains et d’autres sans visage ont joué dans l’histoire politique du Sénégal du XVIIème siècle à nos jours ?

Savent-ils ce qu’ils leur doivent en termes de droits, de justice et de démocratie, TOUT ?

Chers hommes politiques, vantés par les uns, décriés par les autres : montrez-nous que vous êtes capables de vous ajuster et de braver tout ce qui peut venir à votre encontre, pour ensemble venir boucher les trous de la jarre percée.

Soyez ceux-là qui auraient comme seule préoccupation la recherche et la sauvegarde de l’intérêt général, le respect du principe qui veut que la souveraineté appartienne au peuple sénégalais, à lui seul, le respect du principe constitutionnel d’égalité devant la loi, la reconnaissance et le respect des institutions démocratiquement établis.

NOUS NE VOULONS PAS DE LA SOCIÉTÉ DE DÉFIANCE.

La société de défiance est frileuse, « gagnant /perdant » : une société où la vie commune est un jeu à somme nulle, voire à somme négative (si tu gagnes, je perds) ; société propice au mal vivre national et international, à la jalousie sociale, à l’enfermement et à l’agressivité de la surveillance mutuelle.

Nous avons assez subi la domination économique. NE LAISSONS PAS COULER NOTRE SANG ; notre pays serait dévasté et les grandes puissances en profiteraient.

Nous devons travailler à accomplir notre révolution culturelle, c’est-à-dire arriver à bâtir une société qui nous apportera, dans la diversité de nos incarnations et dans l’unité de nos inspirations, les bienfaits moraux et matériels nécessaires à l’épanouissement des hommes et des femmes. 

Les chefs religieux, les hommes d’Etat, d’hier, d’aujourd’hui ont toujours agi par le cœur et la raison. Le cœur veut que nous ayons entendu, que nous entendions ces cris d’hier et d’aujourd’hui pour progresser, pour apprendre à mieux vivre ensemble, pour réinventer la politesse, repenser la morale et pour promouvoir la disponibilité.

SÉNÉGAL, TERRE DE PAIX ET DE « TERANGA »,

« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront ». À observer ceux qui osent une autre conjecture pour un Sénégal de médiation, les zélateurs du pire à venir ne pourront que s’incliner.

Il s’agirait là du départ attendu d’un futur qui fait référence à une réalité à venir, souhaitée et/ou préméditée mais pas redoutée et/ou subie.

LA RÉPUTATION EST CE QUI SERT, mais l’être humain est oublieux par nature. Ainsi, même lorsqu’il a la foi, il a tendance à oublier le Divin et à ne s’en souvenir que lorsqu’il est dans le besoin ou la détresse. »

Fait, le 6 février 2023

PÉNC 1.9 / atelier LebergerdelîledenGor 

Abdoulaye Diallo / LebergerdelîledenGor

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