Publié le 21 Aug 2019 - 05:00
OUSMANE DIALLO SUR L’AFROBASKET FEMININ 2019

‘’On va encore courir derrière le titre’’

 

L’Afrobasket féminin 2019 a pris fin, ce dimanche, avec le sacre du Nigeria qui a conservé son trophée, en battant en finale le Sénégal. Selon le coach adjoint de l’Asc Ville de Dakar, Ousmane Diallo, c’est une occasion manquée pour les Lionnes, qui risquent de courir encore longtemps pour reconquérir la couronne continentale.

 

Le Sénégal a perdu une seconde fois d’affilée contre le Nigeria en finale de l’Afrobasket féminin 2019. Quels enseignements tirez-vous de ce match ?

C’est dommage pour le Sénégal, parce que cette année, c’était possible. C’est vrai que c’était face à une grande équipe nigériane. Mais quand on organise, c’est pour gagner. C’est regrettable, parce qu’on va encore courir derrière longtemps. C’est plus facile de gagner à Dakar face à ces équipes qu’à l’extérieur et pour les années à venir. L’équipe du Nigeria est très jeune. Ce qui a fait la différence lors de la finale, c’est que le Nigeria a totalement dominé la rencontre sur les rebonds. Elles avaient une défense haute, agressive. Ce qui nous a poussées à concéder beaucoup de pertes de balle. Les Nigérianes ont défendu durement. Avoir autant de pertes de balle dans une finale, c’est difficile de gagner.

L’autre aspect, c’était la présence physique. A un moment donné, on a vu l’équipe sénégalaise rater beaucoup de paniers, car il y avait la fatigue.

Le Sénégal est parvenu à revenir au score (51 partout) et avoir l’opportunité de prendre les devants. Qu’est-ce qui a manqué aux Lionnes pour faire basculer le match, à cet instant ?

Le Sénégal a très bien travaillé pour revenir au score. Quand on y est parvenu, à cet instant, le Nigeria doutait et il y avait la fatigue. Mais il y a eu un temps mort et cela a permis à l’équipe nigériane de souffler et de corriger. C’est après ce temps mort que le Nigeria est reparti avec une avance de quatre points. Courir derrière le score, c’est difficile. Les Lionnes faisaient face à une équipe nigériane très mature, avec des joueuses qui savent jouer au basket.

Ensuite, il y a un manque de lucidité. Après le temps mort, on a concédé beaucoup de pertes de balle et raté des paniers faciles.

Comment appréciez-vous la prestation de l’équipe sénégalaise, dans l’ensemble de la compétition ?

Il faut féliciter l’ensemble de l’équipe ; les joueuses et l’encadrement technique, la fédération, l’Etat et tous ceux qui ont participé à l’organisation de cet Afrobasket. Le Sénégal est un pays de basket et c’est un plaisir d’accueillir cette compétition dans une salle comme celle du Dakar Arena. L’équipe du Sénégal a fait une bonne prestation. Il n’y a pas de surprise, tout le monde s’attendait à une finale entre le Sénégal et le Nigeria. Ce qui est dommage est qu’on l’a perdue. Maintenant, par rapport à l’effectif, ce qui est sûr, c’est qu’il y aura beaucoup de départs, parce qu’il faut refaire l’équipe. Pour cela, il faut du temps. On doit commencer à travailler dès à présent, pour ne pas courir encore longtemps derrière le titre.

Dans ce groupe présent à l’Afrobasket, il y a eu de jeunes joueuses qui ont intégré la Tanière pour la première fois. Quelle analyse faites-vous de leur participation ?

Ces jeunes joueuses, sans expérience, ont fait une prestation correcte, pour leur première fois. Elles ont eu un apport considérable dans le jeu de l’équipe. Ce qui est important, quand on est à sa première sélection, c’est de tenir, suivre et essayer d’apporter un plus à l’équipe. C’est des joueuses d’avenir. Elles ont effectué une bonne participation.

Est-ce que ce second échec du Sénégal ne marque pas la fin pour certaines cadres de l’équipe ?

Je ne parlerais pas d’échec. De toute façon, il y aura des rotations dans cet effectif. Dans ce groupe, il y a des filles qui ont entre 32 et 34 ans. Et le prochain Afrobasket est dans deux ans. Si on veut le préparer, on ne va pas attendre d’être à un mois du tournoi pour s’y mettre. C’est dès maintenant qu’il faut commencer.

Au-delà de l’âge, il y a des joueuses qui pourraient ne pas être compétitives, dans deux ans. C’est dès à présent qu’il faut préparer l’avenir du basket sénégalais. C’est un devoir, il faut que les gens y pensent. On ne peut pas continuer tout le temps avec le même groupe. Ce n’est pas possible.

On en est à la 24e édition avec l’Afrobasket 2019 à Dakar. Pensez-vous que le niveau du basket féminin africain a progressé ou pas ?

Je dirais qu’il y a un bon niveau, parce que les équipes ont progressé par rapport aux années passées. On a vu le Mozambique revenir en force, le Mali a aussi beaucoup progressé, de même que la Côte d’Ivoire. Le Sénégal joue tout le temps les grands rôles, ainsi que le Nigeria. Mais, à mon avis, c’est au niveau du basket mondial qu’il y a problème. Dans le basket africain, il n’y a pas beaucoup de jeu rapide. C’est à ce niveau qu’il faut s’améliorer. Le basket, c’est du jeu rapide, de l’adresse. Le basket africain en a besoin.

On a vu le Nigeria jouer de façon agressive, à la limite même de la faute, comme le disent certains. Comment appréciez-vous ce style de jeu ?

Le basket est un jeu physique, d’agressivité. Maintenant, il y a des défenses agressives, passives, de zone et d’autres formes. Le Nigeria a une équipe jeune, physique. Elles vont mettre de l’agressivité pour gêner les autres. Le haut niveau, c’est l’agressivité, c’est normal.

Donc, aujourd’hui, il faudrait aller vers cette option ?

Il faut qu’on soit prêt partout. Prêt à défendre dur, tactiquement, techniquement et sur le plan de l’adresse, pour jouer dans le haut niveau.

LOUIS GEORGES DIATTA

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