Publié le 15 Aug 2018 - 06:32
PRÉPARATIFS DE LA TABASKI

Les cornes toujours intouchables

 

A Mbour, le marché de moutons n’est pas bien fourni à une semaine de la Tabaski, alors que les bêtes issues de l’élevage intensif sont intouchables.

 

Les points de vente de moutons pour les besoins de la fête de la Tabaski sont très saturés à Mbour. Sur la route nationale comme dans les quartiers, chaque coin est un espace d’approvisionnement. Dans la ville, un ménage sur deux environ s'active dans le commerce de moutons. Des tentes de fortune sont installées le long des artères. De gros béliers sont attachés à des piquets. Des intouchables ! disent certains qui, après des heures de marchandage, n'arrivent pas à se payer un bélier. ''Les prix ne sont pas abordables. Pour ce mouton, on me demande 180 000 francs. Je vais patienter jusqu’à quelques jours avant la fête, en espérant que les prix vont baisser'', déclare Saliou Seck.

En fait, les moutons élevés dans les maisons sont excessivement chers. Les prix avoisinent 150 000 francs et peuvent aller de 200 000 à 500 000 francs. Selon Aly Seydi, éleveur, les moutons ne peuvent pas être cédés à bas prix. De même, il n’y a pas de comparaison possible avec les prix pratiqués dans les foirails. ''Nous mettons beaucoup d'argent dans l'élevage des moutons. Ils sont bien entretenus. On les amène périodiquement chez le vétérinaire. Ils sont vaccinés, déparasités, leur alimentation est variée. Quand vous les mangez, vous sentez la différence, la chair est tendre et moelleuse.

La viande n'est pas la même que celle des moutons de foirail qui ne broutent que de l'herbe sauvage et du foin'', explique Aly Seydi. Les vendeurs installés sous des tentes de fortune passent 24 heures sur les sites. Ils y passent la nuit avec leur bétail. Plusieurs éleveurs partagent le même espace. Des cotisations de 3 000 francs par semaine sont faites par les propriétaires des moutons pour l'achat de thé, de foin, entre autres. ''On aimerait tous pouvoir se les offrir, mais certains restent hors de portée. Ils sont excessivement chers. Le marché est plus approvisionné par les éleveurs de maison. Pourquoi acheter un mouton très cher pour la célébration d'une journée alors que d'autres dépenses attendent ?'' se demande Abdoulaye Niasse.

Le foirail pas encore dans le tempo des préparatifs

Si les points de vente installés dans les quartiers sont bien approvisionnés, il n’en est pas de même au foirail. Là-bas, les bêtes ne sont pas encore au rendez-vous. On se demande d'ailleurs, au vue de l’ambiance, s’il y a bien une fête du mouton qui se profile à l'horizon. Demba Sow indique que les bêtes vont arriver bientôt. ''Certains éleveurs vont acheminer des béliers en début de semaine'', révèle-t-il.

Bien qu'habitant à côté du foirail, El Hadji attend que la fête approche pour se payer un mouton à bon prix. Le père de famille craint de se faire voler l'animal d'ici la Tabaski. Pape Faye lui s'est approvisionné à Missira située à près de 200 kilomètres de Mbour. ''J'ai acheté un bélier à 80 000 francs, ce n'est pas ce que je voulais, mais je vais essayer de bien le nourrir afin qu'il soit dodu d'ici la fête'', explique M. Ndiaye.

KHADY NDOYE (MBOUR)

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